Le CDC, accompagné de plusieurs médecins, a récemment donné une longue conférence sur les problèmes de santé que connaissent plusieurs centaines de vapoteurs américains. L’organisme préconise aux vapoteurs d’arrêter de vapoter jusqu’à ce que l’enquête sur ces problèmes soit terminée.
Ne pas utiliser de vape « est le meilleur moyen de prévenir la maladie »
Au cours d’une conférence qui s’est tenue vendredi dernier, Dana Meaney Delman, gestionnaire de l’intervention du CDC en cas d’épidémie, a pris la parole afin de demander à tous les vapoteurs « d’envisager de ne pas utiliser de cigarettes électroniques, parce que, pour l’instant, c’est le principal moyen de prévenir ce type de maladie pulmonaire grave ».
Selon la responsable, plusieurs rapports seront publiés prochainement par l’organisme, traitant des cas de plus de 60 patients dans plusieurs Etats, ayant tous présenté des symptômes similaires, et ayant tous déclarés avoir vapoté dans les 90 jours précédents l’apparition de leurs problèmes de santé. Si D.M. Delman note que « bon nombre de ces patients ont déclaré avoir récemment utilisé des produits contenant du THC, et certains ont déclaré utiliser des produits contenant à la fois du THC et de la nicotine », elle note tout de même qu’un « plus petit groupe » de patients aurait expliqué n’avoir consommé que des produits à la nicotine. Toutefois, comme le précise la docteure Jennifer Layden, médecin-chef et épidémiologiste au Illinois Department of Public Health, ces informations sont « autodéclarées et parfois limitées par les souvenirs du patient ou sa capacité et sa volonté de partager l’information ».
Selon les derniers chiffres, le CDC parle de 215 cas « déjà signalés » et de plus de 250 patients supplémentaires « possibles ».
L’organisation indique qu’elle a récemment mis en place une « définition de cas » afin que les personnes atteintes de problèmes pulmonaires similaires soient classées de manière « cohérente », de façon à ce que d’autres causes pour ces symptômes ne soient pas confondues avec les problèmes « causés par le vapotage ».
Si la chercheuse explique que les Centers for Disease Control and Prevention sont au fait des suspicions de plusieurs laboratoires concernant l’acétate de vitamine E, elle note tout de même que « aucun dispositif, produit ou substance n’a été associé à tous les cas ».
La scientifique met d’ailleurs en garde les vapoteurs et indique que « pendant que cette enquête est en cours, les gens devraient envisager de ne pas utiliser de produits pour e-cigarette ». Elle ajoute qu’indépendamment de l’enquête en cours, les utilisateurs d’un vaporisateur personnel « ne devraient pas acheter ces produits dans la rue et ne devraient pas modifier les produits pour e-cigarette ou ajouter des substances qui ne sont pas prévues par le fabricant ».
Le cas de la Caroline du Nord
Durant cette intervention du CDC, le docteur Daniel Fox, exerçant au Pulmonary & Critical Care Medicine, ainsi qu’aux WakeMed Health & Hospitals, en Caroline du Nord, s’est exprimé et a indiqué avoir personnellement traité 5 cas.
Le premier point que note Mr. Fox est que tous les patients étaient jeunes, âgés de 18 à 35 ans, et que « tous avaient utilisé ou consommé du THC par l’intermédiaire de leurs appareils à vaper ».
Tous étaient atteints d’une pneumonie lipidique (N.D.L.R. : également connue sous le nom de pneumonie huileuse), qui aurait « peut-être » pu être déclenchée par l’entrée « d’huiles ou de substances contenant des lipides » dans les poumons.
Pour lui, « le message à faire passer au public » est que les cartouches de vape, « spécialement celles qui sont achetées dans la rue », peuvent représenter un risque pour la santé de leur utilisateur.
Les symptômes :
- Problèmes respiratoires, essoufflement,
- Fièvre et fatigue,
- Problèmes gastro-intestinaux (nausées et vomissements),
- Anomalies visibles à l’imagerie pulmonaire,
Date d’entrée à l’hôpital :
- 6 jours (en moyenne) après déclaration des premiers symptômes.
De nombreuses questions sans réponse
En effet, lors de cette longue conférence, tous les médecins présents ont répété, à plusieurs reprises, que toutes ces informations ne constituent qu’un « rapport préliminaire » et « qu’aucun produit n’a pour l’instant été relié à tous les cas ».
De plus, plusieurs journalistes, qui assistaient à la conférence au téléphone, ont eu l’occasion de poser des questions lorsque celle-ci s’est terminée. Des questions dont certaines n’ont jamais obtenu de réponse.
C’est par exemple le cas de celle de Mike Stobbe, de l’Associated Press, qui a demandé si des tests avaient été réalisés sur les patients qui indiquaient ne pas avoir consommé de produits contenant du THC, et s’il était possible qu’ils aient menti à ce sujet ? (N.D.L.R. : la grande majorité des vapoteurs malades ayant admis que oui, ils avaient consommé des produits contenant du THC).
Une question laissée sans réponse à deux reprises, puisque après l’avoir tout simplement éludée une première fois, une journaliste du Washington Post interrogée juste après, a relancé les médecins sur cette question. Une relance qui n’aura, elle non plus, obtenu aucune réponse.
Autre question intéressante, celle posée par Helen Branswell, travaillant pour STAT News.
Après avoir indiqué qu’elle a contacté le CDC d’Europe,et que sur notre continent, aucun cas n’a encore été déclaré, elle demande comment les médecins « comprennent ce phénomène qui ne semble qu’américain ».
Là encore, la question sera tout simplement ignorée, comme si elle n’avait jamais été posée.
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