Certains fabricants utilisent désormais de nouveaux dérivés de la nicotine pour échapper à la réglementation. Personne ne connaît leurs effets sur la santé.

Échapper à la loi, coûte que coûte

Il y a quelques années, dans une tentative de contourner la réglementation stricte de la Food and Drug Administration (FDA), certains fabricants de cigarettes électroniques ont commencé à s’intéresser à l’utilisation de nicotine synthétique. Fabriquée en laboratoire, celle-ci diffèrerait légèrement de sa version naturelle, lui permettant alors de ne pas être soumise à la législation de la FDA. Pour certaines marques, ce tour de passe-passe permettait de continuer à vendre des produits aux États-Unis alors que la réglementation sur le vapotage se durcissait.

Au début de l’année 2022, après des années de débats, la FDA a finalement obtenu le pouvoir de réguler la nicotine synthétique, mettant fin à la vente des produits contenant cette substance qui échappait jusqu’alors à tout contrôle.

Dans ce contexte de renforcement de la législation, le fabricant de puffs, Spree Bar, a trouvé un nouveau subterfuge pour contourner la loi : la Métanine. Présentée comme « structurellement similaire mais chimiquement différente des autres alcaloïdes de vapotage », la Métanine ne serait pas dérivée de la nicotine et n’en contiendrait pas. De plus, son coût de production serait moindre, permettant au fabricant de proposer ses produits à bas prix.

Un autre fabricant, Nix Liquid, s’est quant à lui tourné vers la Nixamide (également connue sous les noms de Nixodine, Nixotine, ou Nic-Safe). Ce produit, qui offrirait des effets similaires à la nicotine, mais sans en contenir, est déjà disponible dans des e-liquides vendus en ligne, et même en bidons de 200 litres pouvant être utilisés à des fins industrielles.

Des molécules inconnues de la science

Dans une lettre de recherche publiée dans la revue médicale Journal of the American Medical Association (JAMA), des chercheurs du Duke University Medical Center ont alerté sur la méconnaissance scientifique autour de ces molécules. Outre le fait que leurs effets sur la santé sont pour l’heure inconnus, les auteurs de la lettre ont également souligné des « inexactitudes importantes et préoccupantes » dans les ingrédients que ces produits prétendent contenir et ce qu’ils contiennent réellement. 

En examinant les puffs Spree Bar, les chercheurs ont découvert que la (S)-6-Methylnicotine, principal composant de la Métanine, était beaucoup plus puissante que la nicotine traditionnelle pour cibler les récepteurs nicotiniques du cerveau, et potentiellement « plus toxique que la nicotine ». Pour Nix Liquid, ils ont constaté que la nicotinamide, utilisée pour la Nixamide, ne ciblait pas les mêmes récepteurs cérébraux que la nicotine, malgré les affirmations du fabricant. De plus, les quantités de (S)-6-Methylnicotine indiquées sur les étiquettes des produits de vapotage seraient très largement exagérées, atteignant jusqu’à 88 % de plus que ce qu’ils contiennent réellement.

« Nous ne savons pas ce que font ces produits chimiques lorsqu’ils sont chauffés et inhalés. Ce sont des questions qui devraient être résolues avant que nous n’autorisions leur mise sur le marché », concluent les chercheurs. 

Des produits qui sont pourtant d’ores et déjà disponibles et vendus librement.

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