Dans une vidéo sur YouTube, un spécialiste de l’électronique vient expliquer, en toute objectivité, pourquoi les puffs sont une aberration. Une contribution de poids au débat, dont nous avons interrogé l’auteur.
Les puffs rhabillées pour l’hiver
Pour ou contre les e-cigarettes jetables surnommées puffs ? Poser la question, c’est l’assurance de déchaîner les passions chez les professionnels de la vape : éthique et intérêt se confrontent et se confondent parfois.
Ce qu’il fallait, c’était un peu de hauteur, et, dans une vidéo YouTube, l’auteur de la chaîne Deus Ex Silicium en donne incontestablement au sujet. Ni vapoteur, ni fumeur, ni professionnel de la vape, mais véritable spécialiste de l’électronique, ingénieur de formation, il se penche de très près sur le sujet, décorticage complet à la clef.
Et une rapide enquête pose l’interlocuteur : malgré le sujet pointu, sa chaîne rassemble pas loin de 250 000 abonnés, et, sur les forums, est souvent recommandée. Bref, Stéphane Marty, c’est son nom, ne connaît peut être rien, de son propre aveu, à la nicotine, mais sur l’électronique, sa compétence ne fait aucun doute.
La première partie de la vidéo est consacrée au fonctionnement électronique d’une box classique, rien de révolutionnaire pour le vapoteur expérimenté, mais toujours intéressant, surtout lorsque Stéphane se penche sur les composants. Puis vient l’analyse de la puff. Et le moins qu’on puisse dire, c’est que la vape jetable est fusillée à l’aube avec un petit verre de rhum, dans les règles de l’art, en moins de 9 minutes.
Vous pouvez directement commencer la partie puff à 8 minutes 28 secondes, mais l’introduction est très intéressante, il serait dommage de s’en priver :
Un vidéaste impliqué
Stéphane, l’auteur de la vidéo, a accepté de répondre à quelques questions pour le Vaping Post.
Vaping Post : Stéphane, merci de répondre aux questions du Vaping Post.
Tout d’abord, pouvez-vous présenter votre chaîne YouTube ?
Stéphane Marty – Deus Ex Silicium : C’est une chaine dans laquelle j’essaye de démocratiser la micro-électronique et les semiconducteurs car c’est un domaine qui apparait très obscur et technique pour beaucoup de gens. Aujourd’hui, on est entouré d’électronique à chaque instant et partout où on se trouve, alors j’explique le fonctionnement d’appareils et de systèmes divers et variés que l’on peut trouver dans beaucoup d’applications (médical, automobile, domestique, grand public, tech, etc.) et aussi des objets électroniques qui sont de véritables arnaques pour le consommateur ou avec des concepts totalement aberrants.
Vaping Post : Qu’est-ce qui vous a amené à traiter le sujet de l’électronique ? Avez-vous une formation en la matière, est-ce votre métier ?
Stéphane Marty – Deus Ex Silicium : Oui, je suis ingénieur en micro-électronique. J’ai eu envie de créer ce projet de chaine YouTube à partir de 2014 car je me suis aperçu que ça n’existait pas en Français. L’idée était de me servir de mon expérience professionnelle pour faire découvrir ce domaine à de plus en plus de gens intéressés ou curieux. Et au fil des vidéos, la chaine est devenue de plus en plus populaire. Aujourd’hui, elle compte plus de 247k abonnés. Mais je ne publie qu’une ou deux vidéos par mois maximum car je n’y travaille que sur mon temps libre, ça n’est qu’un passe temps.
Vaping Post : Vous avez récemment publié une vidéo sur votre chaîne YouTube où vous dressez un portrait peu amène des « Puffs », les cigarettes électroniques jetables. Qu’est-ce qui vous a amené à traiter ce sujet précis et quelles conclusions en tirez-vous ?
Stéphane Marty – Deus Ex Silicium : J’ai reçu beaucoup de messages de ma communauté pour m’informer de l’existence de ces produits là tout en me suggérant d’en faire un sujet. J’avoue que le monde de la vape m’était inconnu jusqu’à maintenant, et je n’ai pas non plus un passé de fumeur. En creusant le sujet, je me suis rapidement rendu compte qu’on avait à faire à un produit conçu en dépit du bon sens et dont les producteurs font fi des conséquences écologiques. Utiliser une batterie au lithium conçue pour être rechargée des centaines de fois et durer des années, alors qu’elle ne sera exploitée ici qu’une seule fois puis sera jetée, est juste catastrophique et inacceptable. Sans compter qu’on ignore la qualité et la composition réelle du e-liquide qu’elles contiennent, et je ne parle pas non plus du coût puisque leur coût de revient est inférieur à 1€ alors qu’elles sont vendues 5 à 10 fois plus cher. Bref, rien ne va dans ce produit.
Vaping Post : D’ailleurs, sur la vape traditionnelle, quelle est votre opinion globale ?
Stéphane Marty – Deus Ex Silicium : Je pense qu’elle a permis à beaucoup de gens de sortir progressivement de la routine de la cigarette, et rien que cet aspect là est positif. Je sais aussi que beaucoup d’anciens fumeurs qui sont devenus des vapoteurs modérés prennent plus de plaisir qu’auparavant. Son côté DIY semble aussi avoir de plus en plus de succès car les gens ont la sensation d’avoir plus de contrôle sur ce qu’ils consomment. Cela étant dit, il est de bon ton de rester vigilent car j’ai vu passer quelques études sérieuses qui commencent aussi à mettre en garde les vapoteurs grands consommateurs. Mais c’est comme tout, tout est une question de dosage (sans jeu de mot)…
Vaping Post : Vos conclusions sont sans appel. Certains professionnels pensent néanmoins que les « Puffs » peuvent amener des fumeurs à la vape plus traditionnelle, est-ce que, selon vous, le jeu en vaut la chandelle ?
Stéphane Marty – Deus Ex Silicium : Sur quelles données se basent-ils pour penser ça ? Je pense surtout que si on expliquait clairement à ces fumeurs ce que sont vraiment ces puffs en terme de qualité de produit et du rapport qualité/prix, ils y réfléchiraient à 2 fois avant d’en consommer.
Vaping Post : Vous appelez de vos vœux, dans la vidéo, à l’interdiction des « Puffs ». Quels critères techniques le législateur pourrait-ils spécifier pour ce faire sans nuire à la vape traditionnelle ?
Stéphane Marty – Deus Ex Silicium : Je ne suis pas un spécialiste, mais je pense que ce genre de produit rentre dans le cadre de l’obsolescence programmée qui est définie comme étant « l’ensemble des techniques, y compris logicielles, par lesquelles le responsable de la mise sur le marché d’un produit vise à en réduire délibérément la durée de vie ». Pour moi, on est en plein dedans.