L'émission de France Inter "Le téléphone sonne" au sujet de la cigarette électronique est malheureusement tombé sur le répondeur.

L’émission de France Inter “Le téléphone sonne” au sujet de la cigarette électronique est malheureusement tombé sur le répondeur.

Est-ce la torpeur du mois de juillet qui s’était abattue avant-hier soir sur le studio de la Maison de Radio France dont « Le Téléphone sonne » avait pour thème : Cigarette électronique : Substitut ou porte d’entrée au tabac ? ».

De ce débat plutôt mou qui ressemblait pour grande partie à une énumération de données déjà ressassées mille fois, j’avoue ne rien avoir appris de bien neuf. Je n’en ai retenu en fait qu’une espèce « d’accord de principe » de la part des deux médecins invités, Yves Martinet, Professeur et chef du service de pneumologie au CHU de Nancy, président du CNCT (Comité National Contre le Tabagisme) et Marion Adler, Médecin et tabacologue à l’hôpital Antoine Béclère de Clamart – accord de principe qu’on pourrait résumer comme suit : « dans le doute, ne nous abstenons pas ». Les deux médecins sont donc d’accord pour ne pas tirer à boulet rouge sur la cigarette électronique, « mais » ! : La prudence doit rester de mise.

Certes, mais je relève pas mal de contradictions dans le discours des médecins.

La toxicité

Yves Martinet estime qu’on ne doit pas élargir à la population entière un produit qui pour l’instant n’a pas démontré scientifiquement son efficacité et pourtant, il clame : « on ne va pas dire à quelqu’un qui a arrêté de fumer grâce à la cigarette électronique de refumer du tabac ! »

Marion Adler insiste sur l’absence de preuves de sa non-toxicité qui doit inciter les gens à ne pas « vapoter à vie », mais ne critique pas en consultation des patients qui, outre les substituts nicotiniques classiques, lui disent se servir de l’e-cig. « Tous les moyens sont bons », dit-elle : « le fumeur devant être appréhendé comme un malade qu’il faut aider, le but premier est quand-même l’arrêt du tabac, par tous les moyens possibles » (sic).

Le sevrage

Les deux médecins s’accordent sur ce point : Rien ne permet d’affirmer qu’elle soit un outil efficace de sevrage (M.Adler). On ne dispose d’aucune preuve que la cigarette électronique permette d’arrêter de fumer (Y.Martinet).

Là interviennent la majorité des témoignages des auditeurs (dont notre ami Vulgus Pecus Vapotus que j’ai reconnu au passage, avec son slogan de « légitime-défense de sa santé »), dont certains ex-fumeurs de plus de 40 ans et qui du jour au lendemain ont arrêté le tabac quand ils se sont mis à l’e-cig.

Certes, ce ne sont que des témoignages, mais quand on en arrive à presque 1 million de témoins en France, on est en droit de se poser des questions sur cette efficacité que nos médecins prennent avec tant de pincettes.

Le circuit de distribution

Notons tout de même l’étonnante contradiction dans le discours de Mme Adler, qui affirme que l’e-cig n’est en aucun cas un produit pharmaceutique mais rejoint Yves Martinet qui s’oppose à la vente libre et préconise une vente uniquement réservée aux pharmacies, ce qui en quelque sorte labelliserait un produit, lui donnerait une garantie (psychologique, à mon sens) supplémentaire de « non-dangerosité ». Madame Adler par ailleurs est contre la vente sur Internet, qui distribuerait des produits dont on ignore ce qu’ils contiennent. « Les vendeurs de cigarettes électroniques ne doivent pas se prendre pour des soignants ».Tout juste admet-elle des boutiques qui ont « pignon sur rue ».

Substitut ou nouvelle addiction ?

De même, elle se positionne très clairement sur le fait que la cigarette électronique n’est en aucun cas un substitut nicotinique. Pourtant, à la fin du débat, tout en admettant qu’il ne s’agit pas d’une nouvelle addiction, elle affirme qu’il s’agit d’une « nouvelle forme de prise de nicotine » (mais que sont d’autre les gommes, patchs et autres substituts ?)

Et notre représentant ?

On comprend que notre ami Brice Lepoutre, Président de l’Aiduce et troisième invité de l’émission, se soit retrouvé quelque peu coincé entre ces deux blouses blanches qui ne lui ont pas beaucoup laissé la parole…Fort heureusement, il a pu rappeler qu’Internet justement (avec tous les sites et forums en permanente activité) était justement le meilleur endroit pour s’assurer des contrôles de qualité, notamment des liquides qui se renforçaient toujours d’avantage (indication précise sur les flacons etc.). Il a pu aussi expliquer pourquoi l’e-cig était avant tout une « cigarette plaisir » (l’apport de la nicotine se faisant de façon beaucoup plus régulée et n’induisant pas ces brusques effets de manque). Très justement, il a précisé que pour certains ex-fumeurs, un dosage à 20mg/ml de nicotine risquait d’être insuffisant, ce à quoi Madame Adler a répondu que l’on pouvait alors se coller des patchs en plus !

Notre cigarette électronique n’a pas fini d’être cet Objet Vapotant Non Identifié que le milieu médical, sans oser le réfuter, n’ose pas promouvoir comme pourtant il devrait le faire face aux millions de décès dus au tabac : il délivre de la nicotine mais ce n’est pas un substitut nicotinique, ce n’est pas un produit pharmaceutique mais il faut en confier la vente aux pharmaciens, on est bien obligé d’admettre son efficacité mais sans le clamer : « elle n’est pas prouvée » (plusieurs centaines de milliers de fumeurs ont définitivement abandonné le tabac grâce à elle mais tant que la science n’aura pas entériné la chose, on ne prendra pas ces arrêts en considération).

Si je comprends la mollesse voire la réticence des médecins à prendre position puisqu’aucune ligne directrice claire ne leur est donnée, j’avoue avoir du mal avec les contradictions permanentes de leurs discours.

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