A en croire les dernières statistiques officielles suisses, le vapotage stagne. Les professionnels de la vape annoncent quant à eux une forte croissance de leur chiffre d’affaires.
Une consommation stagnante, vraiment ?
Deux taux qui n’auraient pas changé d’un iota depuis 2014 selon ce monitorage sur la vape et «autres produits du tabac de nouvelle génération» en Suisse publié ce 5 septembre. Des chiffres très surprenants alors que la Swiss Vape Trade Association (SVTA) indique un chiffre d’affaire doublé du secteur entre 2014 et 2016. Une augmentation qui semble se confirmer de visu dans les rues des grandes villes romandes.
Pas de données objectives pour confirmer ni infirmer
Une étude de l’Université de Neuchâtel avait mis en lumière que le monitorage du tabagisme sous-estime de près de la moitié le volume réel de cigarettes fumées, établi à partir des ventes et importations. De telles données ne sont pas disponibles concernant le vapotage. Il est donc impossible d’estimer plus précisément la validité des statistiques annoncées. On peut se demander si le statut illégal du vapotage nicotiné, ainsi que les campagnes agressives à son encontre, n’induit pas une sous-déclaration des personnes sondées sur le sujet. La part de 30% à 40% de refus de répondre à l’enquête des personnes appelées au téléphone peut aussi constituer un biais sur la représentativité du panel de 5’000 répondants.
Selon ce monitorage, 1,6% de la population déclare avoir vapoter au cours du mois précédent l’enquête. Ce seraient 10% des ex-fumeurs a avoir vapoté au moins une fois dans leur vie, dont un dixième d’entre eux récemment. 5,1% des non-fumeurs déclarent avoir essayé une fois ou l’autre le vapotage, aucun ne déclare d’usage régulier. Au niveau du statut socio-économique des usagers, les données présentées sont trop lacunaires pour que l’on puisse en tirer des conclusions sérieuses.
Les usagers de vape et de cigarettes chauffées ne sont pas les mêmes
Sur la population globale, 15,3% de la population aurait expérimenté le vapotage et seuls 2% ont essayé un produit de tabac chauffé. Ces nouveaux produits, dont l’OFSP cite deux marques de grands cigarettiers alors qu’aucun produit de vapotage n’a le droit à une telle publicité, seraient utilisé par 0,2% de la population au quotidien et 0,3% au moins hebdomadairement. «Les usagers réguliers de cigarettes électroniques et de produits du tabac chauffés ne sont pas les mêmes. Ces types de produits sont par contre consommés principalement par des fumeurs/ses quotidiens/nes de tabac (consommation duale de cigarettes avec un des produits de nouvelle génération)», indique le rapport dirigé par Hervé Kuendig, de la fondation Addiction Suisse.