Le centre britannique sur la tabac et l’alcool, UKCTAS, publie ses commentaires sur le rapport de l’OMS produit à l’occasion de la COP7 qui se tiendra en Inde en novembre. Le document consacré à la cigarette électronique essuie une critique virulente des experts britanniques.

 Mise à jour du 10 novembre à 12h00

Le rapport UKCTAS a été traduit en plusieurs langues et notamment en français (pdf). Les autres traductions sont accessibles depuis le site de l’organisation britannique. 

“Une politique qui réduirait la réduction des risques et des dommages”

ukctas-relecture-whoC’est une critique au vitriol que vient de publier le Centre britannique d’études du tabac et de l’alcool, UKCTAS. Opacité, incompétence, méconnaissance, sélection des données, exagération des risques le rapport produit par l’OMS (pdf) ne ressort pas indemne de la relecture des experts outre-Manche. Il affirment que mettre en oeuvre de manière généralisée la politique proposée par l’OMS  en matière de vapotage “réduirait la réduction des dommages” et “augmenterait les méfaits“.

Evaluée comme une menace, la cigarette électronique n’est jamais envisagée pour ce qu’elle est : une alternative au tabac à moindre risque. Les quatre auteurs britanniques reprochent au rapport de l’OMS d’exagérer les risques et de méconnaitre le principe de base en toxicologie qui veut que la présence d’une substance dangereuse ne crée pas nécessairement de risque important, “la dose fait le poison“.

L’absence de comparaisons pertinentes avec les risques du tabagisme est vivement critiquée alors que les données du monde entier montrent que presque tous les  utilisateurs sont fumeurs ou ex-fumeurs. Quant au vapotage passif, aucun élément n’étaye de risque important pour l’entourage, et les affirmations contenues dans le rapport ne reflètent pas l’état de la science.

Le marketing des produits de la vape : “une publicité contre le tabac”

Dans la très grande majorité des cas, selon les critiques, la communication en faveur des produits du vapotage promeut une alternative plus saine au tabac et encourage un changement de comportement. Elle atteint ceux qui ne sont pas encore dans une démarche active de l’arrêt du tabac. Sur cette question, les commentateurs jugent que le rapport produit pour la COP7  est orienté et ne rend pas compte de la réalité.

Alors que l’OMS remet en cause les saveurs, les chercheurs britanniques rappellent qu’elles sont essentielles dans l’attrait de la vape vis à vis des adultes. Ils reprochent aux rédacteurs du document officiel d’avoir sélectionné des citations, opinions ou spéculations. Des études importantes négligées ne montrent pas d’incidence des saveurs sur l’utilisation régulière de la cigarette électronique chez les adolescents.

“La cigarette électronique, une rupture technologique qui pourrait affaiblir l’industrie du tabac”

A en croire les commentateurs du rapport, ses auteurs ne comprennent pas la façon dont fonctionnent les marchés concurrentiels, et pas davantage la menace que représente cette rupture technologique pour l’industrie du tabac. Au point que les mesures proposées vont non seulement ralentir la perturbation générée par ces produits sur le marché des cigarettes traditionnelles mais en plus le façonner en faveur des cigarettiers.

Le rapport approuve une interdiction implicite du vapotage, mais, rétorquent les quatre chercheurs “les mérites de la prohibition sont extrêmement pauvres étant donné la disponibilité généralisée des cigarettes“. Il est “contraire à l’éthique de refuser aux fumeurs des options comportant des risques beaucoup moins élevés que les cigarettes, et “cette politique devrait en fait être inversée“.

Des mesures qui favorisent le tabagisme par rapport au vapotage

Presque toutes les préconisations de ce rapport sont de nature à protéger le commerce de la cigarette, promouvoir le tabagisme plutôt que le vapotage, et entraîner une augmentation des maladies non transmissibles. Il est très probable que la généralisation des mesures proposées par l’OMS «réduirait la réduction des méfaits» et donc augmenterait le mal.

Pour terminer, le rapport de l’OMS a été rendu public alors que les quatre documents de référence sur lesquels il s’appuie sont toujours dans le processus de relecture par les pairs. Les quatre spécialistes de santé publique dénoncent une pratique scientifique pauvre,  qui ne fournit pas de base solide pour des conseils stratégiques.

Au début du mois d’octobre, une association regroupant des associations d’usagers de cigarettes électroniques demandait à Margaret Chan, directrice générale de l’Organisation, de la rencontrer pour lui exposer les inquiétudes des consommateurs.

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