On savait que Philip Morris International aimait à diversifier ses investissements. Mais il est bien de conserver un peu de cohérence. Là, par exemple, c’est réussi : ils créent une assurance-vie avec tarif préférentiel pour les vapoteurs. Enfin, ça dépend de ce que vous vapotez.

Philip Morris Insurances, very limited ?

Souhaitons la bienvenue à Reviti : cette compagnie d’assurance britannique est la nouvelle filiale en pleine propriété de Philip Morris International. Oui, oui, PMI, le cigarettier. Ce n’est pas la première fois que la multinationale du tabac se laisse tenter par la diversification, mais il faut reconnaître qu’entre Marlboro et l’assurance, il y a un monde.

Peut-être est-ce dû au stress du métier d’assureur et à la propension qu’ont ces derniers à fumer clope sur clope ? Vous n’y êtes pas.

Reviti est une société qui propose une assurance-vie. Plus précisément, une assurance-décès, “assurance-vie” étant juste un terme générique qui désigne le cadre fiscal et juridique de ces contrats. Le principe en est simple, l’assuré paie une cotisation, et, s’il décède, il touche un capital. Pour des raisons aisées à comprendre, ce sont plutôt ses proches qui en profiteront.

L’originalité, c’est que ce contrat propose des rabais sur la cotisation aux vapoteurs et utilisateurs de “dispositifs à risques réduits”, et aux fumeurs qui arrêtent. Pour faire simple, si vous vapotez pendant trois mois après avoir suscrit le contrat, vous aurez une ristourne de 2,5 % sur la cotisation pour un capital égal, et si vous arrêtez pendant un an, c’est carrément 50 % de moins.

PMI explique dans son communiqué avoir basé ces rabais sur des “données scientifiques”. Sauf que quand on lit la grille tarifaire, on relève un gros problème.

C’est scientifique, je vous l’assure

Parce que le rabais consenti à ceux qui arrêtent la cigarette, 50 %, semble parfaitement justifié. La ristourne sur ceux qui vapotent, soit 2,5 %, semble un peu pingre. Mais le rabais pour qui utilise l’iQOS, dispositif de tabac chauffé, est de 25 %, ce qui est stupéfiant.

En termes clairs, le propriétaire de Chesterfield affirme le plus tranquillement du monde que le tabac chauffé est dix fois moins dangereux que la vape. Ceci, selon eux, basé sur des données scientifiques. Il serait intéressant de savoir lesquelles, parce que la majorité des études disponibles affirme exactement le contraire.

Plus encore, le vapotage et son rabais minuscule. Si l’on considère que la vape est 95 % moins dangereuse que le tabac et qu’on reporte cela sur l’échelle des rabais de PMI, alors elle devrait bénéficier d’un abattement de 47,5 %. On est bien d’accord, 95 sur 100, ça fait bien 47,5 sur 50 ? Or, ces 2,5 % correspondent exactement à la dangerosité (supposée) de la vape, sur laquelle le cigarettier insiste bien.

Pour résumer, selon PMI, entre vaper et fumer, c’est blanc bonnet et bonnet blanc. Alors que, l’iQOS, bon… On pourrait se demander jusqu’à quel point Reviti, plus qu’une tentative de diversification de la multinationale du tabac, ne serait pas en réalité une campagne de communication particulièrement sournoise. Inutile de répondre, c’est une question purement rhétorique.

Le contrat d’assurance vie sera disponible dans les prochaines semaines en Grande Bretagne, puis ensuite dans d’autres pays, avec d’autres produits.

Mais il faut quand même souligner l’effort : se diversifier, c’est bien, surtout dans son domaine d’expertise. Après tout, qui mieux que l’industrie du tabac peut parler de décès prématurés ?  

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