Le nouveau rapport de l’Observatoire Français des Drogues et Toxicomanies (OFDT) sur le tabagisme révèle que la baisse des ventes sur le territoire se poursuit. Une bonne nouvelle, à modérer cependant, cela ne signifiant pas une baisse proportionnelle du nombre de fumeurs.

Sous une barre symbolique

Cette année a vu les ventes de tabac passer sous la barre des 50 000 tonnes en France, un seuil symbolique. On exprime en effet les ventes de tabac en tonnes et non en unité, parce que cela implique aussi bien le tabac préformaté (cigarettes, cigares) qu’en vrac (tabac à rouler, à pipe…). Il s’agit de la vente finale, c’est à dire en tant que matière qui sera consommée sans transformation par un particulier.

Le chiffre était attendu, après l’augmentation de mars 2018, prévue par le dispositif “paquet à dix euros”. Le résultat a été une baisse de 10 % des ventes de tabac sur le territoire. Ce qui ne veut absolument pas dire une baisse de recettes, ni une baisse proportionnelle du nombre de fumeurs.

Les revenus stables

Le prix du tabac a donc augmenté, augmentation comprise entre 94 centimes en moyenne pour un paquet de cigarettes et jusqu’à deux euros pour un paquet de tabac à rouler de 30 grammes. Augmentation substantielle, donc, destinée à décourager les fumeurs. Objectif atteint, donc, avec cette baisse.

En revanche, les revenus de l’état n’ont pas varié : la baisse du volume de ventes a été compensée par la hausse des taxes perçues. Si leur commission a augmenté, les buralistes en revanche ont plus souffert, particulièrement les bureaux situés près des frontières et ceux des grandes villes.

Baisse moindre du nombre de fumeurs

En effet, si l’augmentation du prix du tabac a été une motivation certaine pur bon nombre de français d’arrêter d’acheter en bureau de tabac, tous n’ont pas choisi pour autant la voie du sevrage.

Selon les douanes (rapport non publié cité par l’OFDT), les baisses sont beaucoup plus marquées (de 13 à 15%) près des frontières, ce qui laisse supposer une augmentation des achats transfrontaliers. Néanmoins, ce phénomène est difficilement mesurable.

Autre point d’achoppement, le trafic qui se développe en ville, de tabac importé principalement de pays du Maghreb (source policière). Très marqué dans les grandes zones urbaines, faciles à approvisionner et difficiles à contrôler, ce sont des ventes qui, également, échappent au réseau officiel.

Les pharmaciens se frottent les mains

Augmentation du prix du tabac et remboursement des substituts nicotiniques, les pharmaciens se frottent les mains. Les produits de sevrage des officines voient leurs ventes augmenter avec 25 % en plus en 2018, soit 3 413 896 consommateurs, contre 2 726 417 en 2017.

Les patchs nicotinés sont les stars incontestables chez les 22 094 pharmaciens de France.

Plus 49.8 % de fumeurs en plus s’en sont collé un sur la peau. Les substituts oraux remontent de 4,3 % après une baisse importante en 2017, et ce sont 45,7 % des clients désireux d’arrêter qui font “pschit” dans leur bouche. Le Champix explose avec 88.4 % de plus en 2018, ce qui lui donne… 4,7 % du marché. Le Zyban se contente d’un modeste 0,2 % de patients traités.

Le site tabac Info Service et ses tabacologues ont d’ailleurs eux aussi vu augmenter la fréquentation du site internet et du nombre d’appels reçus.

La Vape, parent pauvre chez l’OFDT

Si la vape a droit à son encadré dans le rapport, en revanche, les chiffres ne sont pas aussi précis que pour les ventes en bureaux de tabac et en clients des pharmacies. Le rapport mentionne l’étude XERFI (que nous avons relayée) pour la valeur en volume du marché du vapotage, et nos confrères de PGVG pour le nombre de boutiques.

Selon le rapport, le nombre de vapoteurs serait stable depuis 2016, avec 3,4 % de la population vapotant régulièrement dont 2,7 % quotidiennement. L’OFDT reconnaît que ce chiffre est “peut être” à corréler avec la baisse du nombre de fumeurs.

Certes. Néanmoins, il est assez curieux de citer l’étude Xerfi qui montre une hausse du marché du vapotage entre ce rapport et celui qui l’avait précédé, et une montée en puissance qui devrait le faire dépasser le milliard d’euros. Du moins, dans un paragraphe qui affirme que le nombre de vapoteurs reste stable.

Nulle mauvaise intention de la part de l’OFDT. Il est plus question, là, du recensement des vapoteurs avec des outils fiables, et l’étude sérieuse de la part qu’a pris la vape dans la diminution du nombre de fumeurs.

En bref, on le voit, si des batailles contre le tabac ont été gagnées, la guerre risque de se changer en guérilla. Il est de plus en plus nécessaires pour les vapoteurs de compter leurs forces pour fzaire valoir leur mérite.

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