Nous continuons notre volet sur les effets de la cigarette électronique sur la santé. Pour les voies respiratoires, la vape se montre bien moins toxique que le tabagisme.
En 2021, une recherche américaine d’importance a indiqué dans ses conclusions que le vapotage n’induit aucun stress oxydatif, facteur clé des maladies cardiovasculaires induites par le tabagisme. En 2022, une autre étude, conduite auprès de 24 000 personnes, a remarqué une diminution de 92,8 % des maladies cardiovasculaires chez le groupe des vapoteurs, face au groupe des fumeurs. Finalement, s’il est impossible de connaître avec certitude les effets de la cigarette électronique sur la santé, et notamment sur les poumons, les données des études actuellement disponibles se montrent rassurantes.
Peu d’effets de la cigarette électronique sur les fonctions pulmonaires
L’utilisation d’une cigarette électronique chez des personnes en bonne santé pendant 5 minutes a noté une réduction de l’oxyde nitrique exhalé (NO) et une augmentation de la résistance des voies respiratoires1 rendant plausible un effet irritant sur les voies respiratoires, ce qui pourrait entraîner un œdème des muqueuses, une contraction des muscles lisses ou une augmentation de la production de sécrétions pulmonaires en réponse à la vapeur.
Une autre étude a rapporté une réduction du NO exhalé après inhalation de vapeur d’une cigarette électronique, avec ou sans nicotine, d’un ordre de grandeur similaire à celui provoqué par la fumée conventionnelle de cigarette2. Cependant, on a constaté que l’utilisation de cigarettes à court terme n’a aucun effet sur les marqueurs spirométriques de la fonction pulmonaire et une autre étude n’a révélé aucune différence dans les événements indésirables signalés pendant 12 semaines d’utilisation d’une cigarette électronique avec ou sans nicotine, ou aide au sevrage pharmaceutique classique3.
Des effets à court terme rassurants
Nous sommes donc loin de savoir si ces effets de la cigarette électronique à court terme sur les voies respiratoires se traduiront par des dommages à long terme des voies aériennes. En outre, comme l’abandon du tabac est associé à une réduction des symptômes respiratoires chez les personnes atteintes de maladies respiratoires4,5, de nombreux fumeurs qui passent à la cigarette électronique sont susceptibles d’améliorer leurs symptômes respiratoires.
Ceci est illustré dans une étude qui a suivi une petite cohorte de patients atteints d’asthme, chez qui des améliorations dans les symptômes et la fonction respiratoire ont été observées après une transition du tabac fumé vers la vape6. Ces observations rassurent donc sur l’utilisation à court terme des e-cigarettes par rapport à des effets respiratoires négatifs.
Pas de monoxyde de carbone, une grande réduction des méfaits
On a signalé que la vapeur de cigarette électronique influe sur la résistance à l’infection et pouvait retarder la récupération d’une infection de grippe, chez un modèle animal7, bien que la validité de ces résultats et la pertinence des effets chez l’homme ne soient pas claires.
Depuis, de nombreuses études se sont penchées sur les effets cardiovasculaires du vapotage. En 2021, une recherche américaine8 a conclu que la cigarette électronique n’induit aucun stress oxydatif, facteur clé des maladies cardiovasculaires induites par le tabagisme. En 2022, une nouvelle analyse9 a indiqué que le groupe des vapoteurs avait déclaré 41 maladies cardiovasculaires, contre 569 pour le groupe des fumeurs, soit une réduction de presque 93 %. Les effets de la cigarette électronique sur la santé seraient donc bien moindres.
Une étude sur la présence de carcinogènes dans l’urine des participants après l’utilisation de cigarettes électroniques ou de cigarettes de tabac a révélé des niveaux nettement inférieurs de NAST, de benzène et d’hydrocarbures polyaromatiques avec des cigarettes électroniques10, ce qui tendrait à démontrer une absorption systémique de ces agents cancérogènes et donc, certains degrés de risque potentiel de cancer, bien que nettement inférieur à celui généralement associé au tabagisme.
Quid des effets à long terme ?
Aujourd’hui encore, aucune étude d’envergure ne permet de connaître les effets de ces liquides et des composants des cigarettes électroniques au-delà de 12 mois11, même si, comme répété précédemment, le risque est estimé largement moindre en comparaison de celui posé par le tabac. Il est donc important de garder à l’esprit que les cigarettes électroniques peuvent tout de même être nocives pour la santé sur la longue durée. On ignore par exemple si des nitrosamines spécifiques du tabac (NAST, autres que ceux présents dans les feuilles de tabac) se forment durant la production de « vapeur »12.
En novembre 2017, le médecin Riccardo Polosa publie la première étude13 de suivi à long terme qui s’intéresse à l’état de santé de nouveaux vapoteurs qui n’ont jamais été fumeurs. Si cette étude a ses limites, elle apporte des réponses très rassurantes pour les utilisateurs de vaporisateurs en concluant à l’absence d’effets négatifs sur le long terme.
Les conclusions des principales études se basent sur ce que nous savons actuellement des composants de l’aérosol pour proposer des hypothèses : l’inhalation répétée de particules, d’oxydants et de substances cancérigènes est susceptible d’augmenter les risques de cancer du poumon, de troubles respiratoires et de maladies cardiovasculaires à court et moyen terme. Il y a donc des raisons de penser que ce soit également le cas à long terme. Il s’agit de proportions très réduites en comparaison des risques induits par la consommation de tabac, mais même à des degrés moindres, ils ne peuvent être ignorés, d’autant plus, car ces effets prendront du temps avant d’être étudiés.
Ce qu’il faut retenir
Que ce soit à court ou à long terme, les études actuellement disponibles se montrent rassurantes. Si la cigarette électronique n’est pas complètement inoffensive, il est désormais scientifiquement confirmé que ses effets sur le corps sont bien moindres que ceux du tabagisme.
1Vardavas CI, Anagnostopoulos N, Kougias M et al. Short-term pulmonary effects of using an electronic cigarette: Impact on respiratory flow resistance, impedance, and exhaled nitric oxide. Chest 2012;141:1400–6. https://doi.org/10.1378/chest.11-2443
2Marini S, Buonanno G, Stabile L, Ficco G. Short-term effects of electronic and tobacco cigarettes on exhaled nitric oxide. Toxicol Appl Pharmacol 2014;278:9–15. https://doi.org/10.1016/j.taap.2014.04.004
3Bullen C, Howe C, Laugesen M et al. Electronic cigarettes for smoking cessation: a randomised controlled trial. Lancet 2013;382:1629–37. https://doi.org/10.1016/S0140-6736(13)61842-5
4Au DH, Bryson CL, Chien JW et al. The effects of smoking cessation on the risk of chronic obstructive pulmonary disease exacerbations. J Gen Intern Med 2009;24:457–63. https://doi.org/10.1007/s11606-009-0907-y
5Godtfredsen NS, Vestbo J, Osler M, Prescott E. Risk of hospital admission for COPD
following smoking cessation and reduction: a Danish population study. Thorax 2002;57:967–72. https://doi.org/10.1136/thorax.57.11.967
6Polosa R, Morjaria J, Caponnetto P et al. Effect of smoking abstinence and reduction in asthmatic smokers switching to electronic cigarettes: evidence for harm reversal. Int J Environ Res Public Health 2014;11:4965–77. https://doi.org/10.3390%2Fijerph110504965
7Sussan TE, Gajghate S, Thimmulappa RK et al. Exposure to electronic cigarettes impairs pulmonary anti-bacterial and anti-viral defenses in a mouse model. PloS One 2015;10:e0116861. https://doi.org/10.1371/journal.pone.0116861
8Association of Cigarette and Electronic Cigarette Use Patterns With Levels of Inflammatory and Oxidative Stress Biomarkers Among US Adults: Population Assessment of Tobacco and Health Study – https://doi.org/10.1161/CIRCULATIONAHA.120.051551
9E-cigarette Use and Risk of Cardiovascular Disease: A Longitudinal Analysis of the PATH Study, 2013-2019, Berlowitz et al, Circulation. 2022;145:00–00 – https://doi.org/10.1161/circulationaha.121.057369
10Hecht SS, Carmella SG, Kotandeniya D et al. Evaluation of toxicant and carcinogen metabolites in the urine of e-cigarette users versus cigarette smokers. Nicotine Tob Res 2015;17:704–9. https://doi.org/10.1093/ntr/ntu218
11Nicotine without smoke: Tobacco harm reduction | RCP London
12Farsalinos, Gillman, Poulas, et al., Tobacco-Specific Nitrosamines in Electronic Cigarettes, Comparison between Liquid and Aerosol Levels, Int. J. Environ. Res. Public Health, 2015, 12, 9050. https://doi.org/10.3390/ijerph120809046
13Riccardo Polosa, Fabio Cibella, Pasquale Caponnetto, Marilena Maglia, Umberto Prosperini, Cristina Russo, Donald Tashkin. – Health impact of E-cigarettes: a prospective 3.5-year study of regular daily users who have never smoked. Scientific Reports | 7: 13825 | https://doi.org/10.1038/s41598-017-14043-2
Cet article ne constitue pas un avis médical. En cas de doute, rapprochez-vous d’un professionnel de santé.