Suite à l’annonce, faite en octobre dernier, par l’A.S.A. (Advertising Standards Authority) l’organisme de régulation de la publicité au Royaume-Uni, qui autorisait la diffusion de publicité pour la cigarette électronique à la télévision, mais aussi de montrer le produit, les premiers spots ont été diffusés ce lundi 10 novembre sur les chaîne britanniques par les marques “KIK” et “VIP”.
Les images de ces écrans publicitaires suscitent déjà la polémique outre-Manche. Il leur est reproché de «normaliser l’image et l’usage de la cigarette électronique, de ne pas préciser que le produit ne s’adresse exclusivement qu’aux fumeurs, et par conséquent d’encourager le tabagisme» dénonce une association de lutte contre le tabac. Cette association rajoute pourtant « être tout-à fait favorable à une publicité responsable » pour la cigarette électronique, mais estime que ces publicités ne le sont pas, et réclame des sanctions si elles sont jugées en contradiction avec la réglementation.
Pour la marque « VIP » particulièrement, c’est le fait de « glamouriser » l’image de la e-cig en montrant une jeune femme exhalant la vapeur de celle-ci qui est critiqué, mais aussi son discours et ses attitudes équivoques dans la version longue du spot.
Le député Geraint Davies, qui a récemment présenté un projet de loi visant à interdire la publicité sur les cigarettes électroniques et d’arrêter leur vente aux moins de 18 ans, a déclaré que ces spots T.V. risquaient “d’encourager le tabagisme en général, en particulier chez les jeunes“. Il a rajouté que «ces annonces sous cette forme, devraient être interdites et l’ASA remplacé par un organisme qui protège réellement les consommateurs au lieu d’être dans la poche des fabricants.» « Tout le monde convient qu’il est beaucoup plus sain d’utiliser la cigarette électronique que la cigarette classique, mais la publicité télévisée sous cette forme « re-normalise » toute forme de « fumée », quelle vienne d’une cigarette électronique ou du tabac », rajoute t-il.
Il est à noter que ce député travailliste, qui a beaucoup œuvré ces dernières années pour des sujets de sécurité sanitaire, alimentaire ou de protection de l’enfance, semble plutôt favorable à la cigarette électronique et se félicite du « transfert massif des consommateurs de tabac vers la cigarette électronique ». Son récent projet de loi sur le sujet viserait surtout à contrecarrer les projets des multi-nationales du tabac, qui pour lui tenteraient actuellement de s’approprier le marché avec pour finalité non avouée, de s’en servir pour re-normaliser le tabac.
D’un autre coté, des associations britanniques de lutte contre le tabagisme ont déclaré que ces annonces pourraient être un “cheval de Troie” pour les grandes compagnies de tabac, et se demandent si la récente autorisation de l’ASA est vraiment adaptée.
On peut en effet se demander si cette autorisation de l’autorité de régulation britannique, qui au passage prend le contre-pied du projet de loi français visant à interdire toute forme de publicité, mais aussi les principes de la TPD, a été assortie des limites nécessaires. Il faut aussi se souvenir que cette autorisation sera ré-examinée après un an d’application, et que les plus hostiles à cette nouvelle règle ne manqueront pas d’en dénoncer les dérives.
Mais on peut aussi et surtout regretter de la part des annonceurs, qui pourtant connaissent les aspects pour le moins sensibles de leur marché et du contexte général, de souvent tomber dans les mêmes travers, d’utiliser les mêmes clichés, et de jouer sur les mêmes ambiguïtés qui immanquablement attireront sur eux les regards des « observateurs » hostiles à la cigarette électronique, et de donner ainsi le bâton pour se faire battre. Si, comme semblent l’évoquer certains, cette autorisation était « un piège tendu aux compagnies de e-cigarette », elles y ont sauté à pieds joints !
Il faut enfin déplorer le manque d’imagination des agences en charge de ces publicités et qui n’ont pas su se saisir de l’occasion qui leur était donnée pour « montrer » le produit d’une manière plus créative et moins sujet à polémiques. Il suffit de revoir ce petit chef-d’œuvre en la matière qu’était le spot « E-Lites », pourtant diffusé à une époque où la publicité, outre-manche, était beaucoup plus restrictive.