Le cigarettier Philip Morris International (PMI) a annoncé en début de mois la création de l’Investigator Initiated Studies Program (IIS), un programme de financement d’études scientifiques consacrées à la réduction des risques.
Un pacte avec le diable ?
Aux vues de leurs antécédents cela peut faire sourire, mais il faudra bien s’y faire les cigarettiers investissent de plus en plus le secteur de la réduction des risques.
Selon PMI, le but de ce programme IIS est de “soutenir et promouvoir les études initiées par les chercheurs qui travaillent indépendamment ou de vérifier les données scientifiques de PMI pour nos produits de réductions des risques.”
L’IIS inclue dans ce programme de subventions des domaines tels la chimie des aérosols, la toxicologie, la biologie des systèmes, la clinique, ainsi que la perception et le comportement et les études de surveillance post-commercialisation des plates-formes développées et commercialisées par PMI.
Refuser cet argent ? “une erreur” pour Sally Satel
De prime abord, se faire financer par un cigarettier devrait rebuter la plupart des chercheurs, mais Sally Satel, psychiatre spécialisée en toxicomanie et conférencière à l’université de médecine de Yale, a réagi d’une autre façon à cette annonce du cigarettier américain.
Sur Forbes.com, elle estime que ce serait “une erreur de ne pas utiliser l’argent de PMI pour effectuer des recherches sur des alternatives plus sûres que la cigarette afin de découvrir de nouvelles façons de sauver la vie des fumeurs”.
Bien que les organismes gouvernementaux proposent déjà des subventions pour enquêter sur des produits plus sûrs, “ces financements visent surtout à découvrir les risques de produits alternatifs plutôt que leurs avantages potentiels”, considère-t-elle.
La publication des recherches de l’industrie du tabac dans les revues scientifiques fait toujours débat
On se souviendra enfin des propos tenus par le professeur Bertrand Dautzenberg lors du dernier GFN de Varsovie, où la question de la recherche scientifique financée par l’industrie du tabac était posée. Alors que Jean-François Etter ou Konstantinos Farsalinos ne se disaient pas foncièrement opposés à la publication d’articles estampillés Big Tobacco dans les revues scientifiques, tout en insistant sur la nécessité d’un contrôle indépendant, Dautzenberg quant à lui dénonçait haut et fort ce type de pratique :
Compte tenu de leur passé houleux, de nombreuses revues scientifiques refusent systématiquement de nos jours les travaux de recherche financés par les cigarettiers.