Une taxe sur la vape serait-elle positive ? Certains y voient une reconnaissance de ce moyen de sevrage du tabac, le plus populaire en France. Une véritable fausse bonne idée, parce qu’en guise de reconnaissance, il y aura une mainmise. Piqûre de rappel.
Reconnaître la vape par la taxe ?
La future taxe sur la vape est très discutée sur les réseaux sociaux. Si, dans l’immense majorité, comme on peut s’en douter, les vapoteurs y sont fermement opposés, certains se demandent si il ne faudrait pas accepter une taxe minime, ce qui reviendrait, selon eux, à donner une reconnaissance officielle à la vape.
C’est une idée, certes, qui peut se discuter et s’examiner. Malheureusement, dans tous les cas de figure, cet examen se finit par la mort du patient.
La première idée reçue, c’est que la vape a besoin d’une reconnaissance officielle. Peut-être, mais c’est déjà fait : à partir du moment où des ministres parlent de vape, que des députés posent des questions à son sujet à l’Assemblée Nationale et des sénateurs au Sénat, la vape est reconnue.
C’est une reconnaissance simple : les dirigeants font savoir qu’ils sont au courant que la vape existe. On pourrait dire qu’il faut une forme de reconnaissance « avancée » : ce qu’on demande, c’est que la vape soit reconnue comme méthode efficace pour arrêter de fumer. Ce qui est déjà fait au niveau du terrain, mais que la plupart des politiques s’escriment à nier.
Il n’y a donc pas besoin de taxe pour l’une ou l’autre de ces formes de reconnaissance : les décideurs sont déjà au courant de son existence, ils ont pris la mesure de son importance, et on serait tenté d’ajouter : hélas.
Une taxe pour quoi faire ?
Comment se sert-on de la taxe en France ? Ces dernières années, la justification d’une taxation s’est toujours faite par la nocivité, réelle ou supposée, de produits populaires.
Quels sont les trois produits les plus taxés en France ? L’essence, l’alcool et le tabac. Un produit dont beaucoup ne peuvent pas se passer pour des raisons pratiques, l’essence, un produit que les gens aiment bien consommer, l’alcool, et un produit dont l’addictivité n’est plus à démontrer, le tabac.
Outre le taux de prélèvement élevé sur ces produits, quel est leur autre point commun ? Tous les trois sont systématiquement présentés comme nocifs. On ne débattra pas ici de la réalité ou non de cette nocivité : simplement, quiconque essaiera de demander une baisse de taxes sur l’un ou l’autre se verra aussitôt accuser d’être un pollueur, un incitateur à la débauche, voire un fervent supporter du cancer. Et, bien entendu, sous la coupe des lobbys des secteurs concernés.
On parle encore de taxes diverses sur des produits comme les sodas, la pâte à tartiner à la noisette et à l’orang-outang mort, pardon, à la noisette et à l’huile de palme, et, dans tous les cas de figure, une idée prédomine : il faut taxer ces produits parce qu’ils sont mauvais. Dès lors, le calcul est simple à faire : si on taxe la vape, c’est parce qu’elle est mauvaise , CQFD.
Nous savons bien, nous les vapoteurs, que non, elle ne l’est sans doute pas, parce que nous le constatons au quotidien, mais, de façon plus scientifique, parce que des études l’ont démontré. Mais, si la taxe passe, il faudra s’attendre à des raisonnements inversés auprès du grand public peu informé :
« Non, la vape n’est pas mauvaise » expliquera le vapoteur
« Ben si elle n’est pas mauvaise, alors pourquoi est-elle taxée ? » répondra le quidam.
Et essayer de le démonter vous fera aussitôt basculer dans un discours qui pourra ressembler à un argumentaire complotiste à base de lobbys proches du pouvoirs et d’intérêts financiers considérables.
Taxe partout, solution nulle part
La taxe ne présente que des avantages… Pour les opposants à la vape : d’une, elle la fera passer pour un produit nocif, puisque le gouvernement a dû sévir. De deux, elle fera rentrer de l’argent dans les caisses, puisque beaucoup de vapoteurs pas encore totalement sevrés du tabac n’auront de choix qu’entre continuer de vaper, et donc s’acquitter de la taxe, ou revenir au tabac, à plus ou moins long terme… Et donc de payer des taxes.
Et de trois, elle faire passer la vape sous le contrôle gouvernemental. Parce qu’il est plus facile d’augmenter une taxe que de la créer. Faites passer l’idée d’une taxe, et vous vous retrouverez face à une forte opposition. Mais une fois la taxe passée dans les mœurs, multipliez là par deux, par dix, par mille si ça vous chante : il y aura une opposition, mais minime et négligeable, pour les rasions évoquées plus haut : le grand public verra la vape comme une chose négative, puisque taxée, et donc, considérera que cette augmentation se fait pour votre bien.
Ajoutons à cela que c’est fabriquer un argument. La vape est nocive, elle contient de la nicotine, elle est taxée, donc il faut en donner le monopole à un réseau spécialisé.
Si la taxation de la vape permettait sa reconnaissance, ce serait donc comme un élément nocif, loin de l’objectif poursuivi par les vapoteurs, qui est de la faire reconnaître comme l’outil de sevrage tabagique idéal pour la majorité des fumeurs. En offrant un argument massue à ses opposants : si la vape est si miraculeuse que cela, pourquoi le gouvernement se serait-il senti obligé de la taxer ?