Santé Publique France a publié sur son site les résultats du Mois Sans Tabac, édition 2019. L’Agence Nationale de Santé Publique semble très satisfaite des résultats de cette édition. Il faut savoir se contenter de peu.

Un flop qui ne dit pas son nom

« Plus de 200 000 personnes ont participé à #Mois sans tabac en 2019 et l’opération comptabilise près de 800 000 inscriptions depuis sa création en 2016 » annonce Santé Publique France en ouverture de son bilan, ce qui ne manque pas immédiatement d’inquiéter. 200 000 tentatives d’arrêt sur 16 millions de fumeurs (chiffre de l’Assurance Maladie), c’est peu, et Santé Publique France semble en avoir conscience. Du moins, cette tentative de gonfler le chiffre en comptabilisant les consultations des quatre années précédentes en donne l’impression.

Il faut dire que le Mois Sans Tabac est une opération importante. 200 maisons de santé, 117 établissements de santé et 18 000 pharmacies ont été mobilisés pour l’opération. 700 000 kits d’aide à l’arrêt ont été distribués par ces dernières.

Si l’on additionne le nombre total de participants fumeurs aux quatre années d’existence du Mois Sans Tabac, on arrive à un chiffre inférieur à celui du nombre d’arrêt revendiqué par la Ministre de la santé en début d’année, soit un million.

Sachant (et personne n’est dupe), que la vape y est pour beaucoup, que le nombre de fumeurs qui sortent des chiffres pour aller des réfugier dans le réseau parallèle est également conséquent, et que le remboursement des substituts nicotiniques y a également pris sa part, on peut affirmer que les boutiques de vape, les pharmacies et les trafiquants ont fait à eux seul aussi bien que l’équivalent de cinq années de Mois Sans Tabac… Et ce, sans presque utiliser d’argent public (sauf pour les pharmacies).

Cherchez l’intrus. Si l’on enlève de l’équation les clients des trafiquants de cigarettes ou les achats transfrontaliers, c’est à dire les fumeurs qui continuent de fumer et vont en subir les conséquences en terme de santé, les chiffres restent quand même très supérieurs à ceux de l’opération.

On peut se prendre à rêver de ce qui pourrait se passer en terme de prévalence tabagique en France si, au lieu de se focaliser sur une opération aussi restreinte en termes de résultats, Santé Publique France organisait une année du vapotage, chaque année. Avec une information honnête et claire. Un peu comme ce qui se passe en Angleterre, où le Stoptober n’est que la cerise sur le gâteau d’une prévalence tabagique en chute libre grâce à une politique intelligente de réduction des risques.

Le Mois Sans tabac a dores et déjà annoncé la reconduite de l’opération en 2020, dans une nouvelle formule. Une formule qui ne mettrait pas la vape sous le tapis et consacrerait de l’argent à une véritable information plutôt qu’à des publicités télévisées ratées et anxiogènes ? On peut rêver.

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