Ne m’appelez plus jamais carotte, les buralistes m’ont laissé tomber. Non, ce n’est pas le dernier tube de Michel Sardou, mais la proposition de la Confédération des Buralistes : ne plus écrire « tabac » sur la carotte au frontispice de leur échoppe. Une drôle d’idée qui en dit long.
Le moral dans les chaussettes en berne
Les buralistes n’ont pas le moral. Un reportage du Parisien l’affirme : la baisse de 11 % des ventes en bureau de tabac se ressent durement sur le réseau, qui ne semble pas parvenir à compenser par d’autres moyens.
Une baisse des ventes en bureau de tabac, qui ne semble pas s’accompagner dans les même proportions d’une baisse de la consommation globale. Les buralistes dénoncent ainsi les trafics de plus en plus importants en pleine rue, où un paquet de cigarettes venu du Maghreb se vend quatre euros. Un tarif imbattable. Ou encore les achats en duty free, pour les professions qui font fréquemment des déplacements à l’étranger… Et les vacanciers, de retour, qui ont profité de leur passage dans des pays à la fiscalité plus favorable pour faire le plein.
La citation la plus intéressante de l’article est sans conteste « La profession […] réfléchit actuellement à recentrer son activité sur les chargeurs de portable, les boissons, produits de snacking, les cigarettes électroniques ou les systèmes de tabac à chauffer. ».
Parce que, dans les faits, c’est déjà le cas : un buraliste ne vend pas que des cigarettes et du tabac en général, loin de là. Bonbons, barres chocolatées, ce qu’on appelle snacking, offre de la Française des Jeux, parfois du PMU, produits de la vape, mais aussi piles, cartes postales, puces prépayées de téléphone portable, timbres postaux et fiscaux, comptes en banque, journaux locaux, dépôt de pain le dimanche, un café et l’addition, l’offre est vaste, et ce, depuis longtemps.
Force est de constater qu’elle ne parvient manifestement pas à combler les pertes liées à la vente de tabac. et l’offre de vape ne semble pas suffire à combler les pertes.
Carotte, j’oublierai ton nom
La proposition de la Confédération des Buralistes de supprimer l’inscription tabac de la carotte traditionnelle des devantures peut surprendre. Pourtant, elle est dans la logique de la Confédération des Buralistes de diversifier l’activité des points de vente et d’offrir de nouveaux services aux usagers.
Mais cela ne se fera pas sans mal : il va falloir pour ce faire toucher au-delà de la clientèle des fumeurs, et conquérir des clients qui n’ont peut-être, pour certains jamais mis les pieds dans un bureau de tabac de leur vie.
On peut donc penser que la Confédération des Buralistes veut faire basculer l’axe de rotation de sa profession : de « bureau de tabac qui vend aussi d’autres choses », passer à « magasin généraliste qui vend aussi du tabac ».
Implicitement, on pourrait simplifier le message « le tabac, c’est fini, passons à autre chose ». Encore faudra-t-il, si ce plan est suivi, que les buralistes assument leur démarche jusqu’au bout : ce qui leur est demandé, dans l’absolu, c’est de changer de métier, renoncer à ne profession monopolistique et se frotter à une concurrence déjà bien installée.
Bon nombre d’entre eux risquent de se rendre compte que ce n’est pas si facile que cela, de se sevrer du tabac.
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