Le trophée de la Fondation de l’Avenir a été décerné, ce 11 décembre, à « Je Ne Fume Plus », groupe de soutien sur facebook à l’arrêt du tabac. L’occasion d’interviewer Françoise Jeanne Gaudel, initiatrice du projet et âme du groupe.

Un prix pour “Je ne fume plus”

Et le prix Harmonie Mutuelle de la Santé Numérique, en partenariat avec le Fonds Action Addiction, est décerné à… Je ne fume plus ! Le groupe Facebook d’aide et d’entraide à l’arrêt du tabac JNFP a été récompensé, ce 11 décembre, par cette distinction, remis dans le cadre des trophées de la Fondation de l’Avenir.

C’est l’Association qui a été récompensée, pour le groupe Facebook. Une fierté immense pour François Jeanne Gaudel, qui est à l’initiative et à la barre de ce groupe de soutien, le plus ancien et le plus important sur Facebook.

“Nous sommes d’autant plus fiers” explique-t-elle, “qu’étaient nominés avec nous dans cette catégorie des groupes de chercheurs, des scientifiques de pointe, pour des projets donc, parfois, je ne comprenais même pas l’intitulé. Ce qui fait que cette récompense est double : elle souligne le travail et l’engagement de tous les membres du groupe, mais aussi, elle reconnaît qu’en terme de santé publique, les petits maillons ont toute leur importance.”

Un petit maillon ? C’est être trop modeste, tant Je Ne Fume Plus est devenu aujourd’hui un groupe incontournable sur Facebook, tout au long de l’année.

François Jeanne Gaudel (2ème en partant de la droite) reçoit le Trophée de la Fondation Avenir “santé numérique” pour le groupe “Je ne fume plus!”

Le Mois sans tabac 2018

Nous en avons profité pour demander à Françoise Jeanne Gaudel son bilan du Mois sans Tabac qui vient de s’achever “Nous sommes plutôt satisfaits. Ce Mois sans Tabac a vu l’arrivée de 1800 nouveaux membres dans le groupe, ce qui nous mène à 15 000 membres qu s’entraident pour se libérer du tabac.”

Un résultat stable par rapport à l’an dernier, qui avait vu l’arrivée, pour cet événement, d’à peu près autant d’adhérents au groupe. Pas mal pour une page indépendante “Nous avons adhéré au Mois sans Tabac, bien entendu. Mais nous ne sommes pas partie intégrante du dispositif institutionnel. Et surtout, nous n’avons ni sollicité, ni obtenu, ce qui est logique, quelque subvention que ce soit”.

Cette année, la vape semble presque avoir été cachée. Certes, un groupe a été subventionné, mais pas intégré au dispositif officiel, comme s’il fallait pousser la vapotage sous le tapis. Un avis partagé ? “Oui, je partage en partie ce sentiment” explique Françoise Jeanne “cela est sans doute dû en partie au fait que les groupes thématiques ont disparu, cette année, remplacés par des groupes régionaux. Mais clairement, les autorités et responsables de santé publique sont très frileux vis à vis du vapotage. Ils ne peuvent pas faire autrement que de reconnaître son succès et son efficacité, tout en attendant ‘’l’étude’’ qui prouvera que c’est nocif. Et quand je dis étude, c’est entre guillemets.”

François Jeanne Gaudel poursuit “Pourtant, la vape est un outil formidable, pour l’arrêt du tabac. Et même pour les très très gros fumeurs, associée à un patch, c’est d’une efficacité redoutable.”

Nous avions fait un article, aussi, pour mettre en garde contre les faux fumeurs et vrais escrocs qui essayaient de s’infiltrer sur les groupes. Je Ne Fume Plus a-t-il été victime du phénomène ? “Oui” confirme François Jeanne “cette année plus encore que les précédentes. Nous faisons une sélection à l’entrée, justement pour éviter que les membres soient importunés. Mais certains nous demandent de l’aide pour arrêter de fumer, et une fois dans le groupe, ils s’avèrent avoir des choses à vendre. Nous somme vigilants, et ils sont exclus rapidement.”

Bienveillance et écoute

Depuis 2012, date de création du groupe, combien de membres ont fait partie de JNFP ? “Nous sommes actuellement à 15 000 membres, et il y en a 10 000 qui sont partis depuis, parce qu’ils ont arrêté de fumer, souvent. Certains ont arrêté et sont restés, ils constituent l’équipe de bénévoles”.

Justement, combien y a-t-il de bénévoles dans le groupe ? “Une soixantaine. Ce sont des personnes qui travaillent, qui ont une activité à côté, et qui prennent le temps de donner un peu de leur temps, justement, un quart d’heure, trois heures… Ce qui permet de faire en sorte qu’il y ait toujours quelqu’un sur le groupe, quelle que soit l’heure”.

Parce qu’il y a des gens la nuit ? “Oui, bien sûr, nous avons un bus de nuit pour soutenir ceux qui n’arrivent pas à dormir. Et puis il y a la collecte des dates d’arrêt : chaque jour, pendant un certain temps, les personnes qui arrêtent sont taguées pour leur souhaiter leur anniversaire de défume. C’est une façon de leur rappeler l’exploit qu’ils réalisent et les encourager.”

Justement, c’est emportant, ces encouragements ? Parce qu’on voit sur le groupe de sacrées histoires personnelles, des gens qui ont un parcours de vie difficile ? “Oui, c’est vrai. C’est pour ça que la force du groupe, c’est la capacité à écouter. Mais il faut savoir qu’arrêter de fumer, c’est couper les liens avec une addiction. Le tabac est très lié à un parcours émotionnel. On ne va pas bien, on s’allume une clope. On est énervé, on s’allume une clope. JNFP est basé sur la bienveillance, et surtout, montrer à nos membres une autre image d’eux-même, ce dont ils sont capables.”

Certains quittent le groupe, parce qu’ils échouent ? “Ça arrive” reconnaît Françoise Jeanne Gaudel, avec un mais néanmoins “certains pensent quitter le groupe parce qu’ils ont craqué. Mais craquer, ça arrive à tout le monde, ce n’est pas pour ça que l’on va échouer au final. C’est pour cela qu’on ne fera jamais de reproches, nous savons tous par expérience que c’est difficile d’éviter les accidents de parcours. Certains quittent quand même le groupe… Mais reviennent quelques temps plus tard.”

Je Ne Fume Plus et demain

JNFP a une activité constante tout au long de l’année, mais est-ce qu’il y a des projets particuliers en cours ou en projet pour 2019 ? “Oui, nous allons travailler à former les bénévoles. Et nous voulons aussi mettre en place une certification patient expert. Les bénévoles sur le groupe sont tous d’anciens fumeurs, qui ont vaincu leur addiction, et qui ont appris beaucoup, sur eux-même, sur l’addiction, sur la nicotine, sur l’écoute… Leur savoir-faire vient de leur expérience, et nous pensons que cette expérience doit être reconnue” souligne Françoise Jeanne Gaudel.

C’est le secret, finalement, de l’efficacité de JNFP : être écouté, encouragé, et reconnu, par des personnes qui ont vécu la même chose. C’est pour cela que le prix nous rend fiers » explique François Jeanne Gaudel “c’est la récompense du travail de tous les bénévoles, et la reconnaissance de ce qu’ils ont appris pour eux-même et qu’ils redonnent à ceux qui en ont besoin. Chaque maillon a son importance.”

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