Le premier appel à projets du “Fonds de lutte contre les addictions” a été lancé en France il y a quelques jours. De l’argent public pour lutter contre le tabagisme, surtout chez les jeunes et les démunis, c’est bien. Quand la vape se fait purement et simplement escamoter, c’est moins bien.

De l’argent public contre le tabac, mais sans la vape

Le Fonds de lutte contre les addictions est une entité chargée de financer des programmes qui, comme son nom l’indiquent, vise à s’attaquer aux produits addictifs. Un conseil d’orientation stratégique en assure l’arbitrage, et le fond est doté de 100 millions d’euros pour 2019, financés par diverses sources.

L’idée est simple, en apparence : recevoir des projets qui visent à entreprendre des actions conter le tabagisme des jeunes, pour ce qui concerne notre volet, mais aussi réduire les inégalités sociales sur le sujet. Par exemple, faciliter l’accès aux personnes qui ont peu de moyens aux substituts divers.

Les projets soumis doivent avoir une facture globale de plus de 200 000 euros, ce qui est conséquent. Ce n’est pas une petite association locale qui se propose de faire de l’information dans les lycées et collèges qui est concernée, à cette échelle.

Tout ceci pourrait paraître une bonne idée, mais deux éléments tendent à introduire un doute quand à la place de la vape, moyen de sevrage le plus efficace et populaire en France, dans ce dispositif.

Des doutes très prononcés

D’abord, la composition du conseil d’orientation : des représentants d’associations du champ de la lutte contre les addictions, parmi lesquels Alliance contre le Tabac, l’Association nationale de Prévention en alcoologie et addictologie, des représentants de la Fédération Addiction, de la Fédération française d’Addictologie et de l’Union nationale des associations agréées d’usagers du système de santé, des représentants de l’assurance maladie, des représentants d’agences et d’organismes publics du champ de la santé (ARS, INCa, OFDT) et des représentants d’administrations relevant des champs de la santé, de la recherche, de l’éducation et de la justice, sans plus de précision.

Parmi toutes ces personnes, il y a peu de défenseurs acharnés de la vape, voire pas du tout. Mais ses détracteurs, en revanche, y sont assez bien représentés.

Ensuite, les axes proposés : “protéger les jeunes et éviter l’entrée dans le tabagisme ainsi qu’éviter ou retarder l’entrée dans la consommation d’autres substances psychoactives, aider les fumeurs à s’arrêter et réduire les risques et les dommages liés aux consommations de substances psychoactives, amplifier certaines actions auprès du public prioritaire, dans une volonté de réduire les inégalités sociales de santé”.

Quand on souhaite se tromper

Ce sont, dans le cas présent, ces “autres substances psychoactives” qui posent question.

Lesquelles ? C’est assez flou, et l’on se dit, dès lors, que ceci pourrait ne pas concerner la vape… Ou au contraire l’exclure d’emblée. Éviter ou retarder l’entrée dans d’autres substances psychoactive, cela veut dire, clairement qu’il suffit qu’un membre du conseil brandisse la théorie de la passerelle pour aussitôt exclure le vapotage.

Peut être que tout cela n’est que fortuit et que des projets liés au vapotage se verront dérouler le tapis rouge, auquel cas, l’auteur de cet article se fera une joie de publier le mea culpa le plus heureux de l’histoire. Mais les termes sont trop soigneusement pesés, l’ambiguïté trop soigneusement entretenue pour laisser beaucoup de place au doute. Cent millions d’euros d’argent public vont être dépensés en oubliant, voire même contre, le dispositif de sevrage le plus efficace à ce jour.

C’est dommage. Surtout quand on se prend à imaginer ce qu’une association comme La Vape du Coeur pourrait faire si on les aidait à monter un projet à 200 000 euros.

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