Le docteur Siegel de l’université de Boston réagit à un article de la romancière Lionel Shriver paru la semaine dernière dans The Guardian. Shriver, auteur du roman adapté au cinéma “Il faut que l’on parle de Kevin”, s’exprime avec énergie sur la cigarette électronique. Voici l’article de Siegel traduit ici en français.

Il faut parfois un romancier pour exprimer la plus pertinente des observations : l’avis de Lionel Shriver sur les cigarettes électroniques

La romancière Lionel Shriver s'exprime sur la cigarette électronique.

La romancière Lionel Shriver s’exprime sur la cigarette électronique.

Dans une tribune publiée ce samedi dans The Guardian, la romancière Lionel Shriver a exprimé mieux que jamais la stupidité des groupes anti-tabac qui sont opposés aux cigarettes électroniques et articule les vraies raisons idéologiques derrière cette opposition.

Shriver écrit : « Avec les e-cigarettes, c’est comme si vous n’avez pas “vraiment arrêté” de fumer, même si vous avez bien arrêté le tabac, la substance même que les fumeurs déconfis veulent fuir. En désespoir de cause, les non-fumeurs virulents tournent en dérision les cigarettes électroniques qu’ils qualifient de ridicules de part leur apparence et de pathétiques.

Apparemment, nous risquons de “re-normaliser le tabac” après avoir lancé d’innombrables initiatives en présentant la cigarette comme socialement inacceptable pour tous excepté quelques groupes malheureusement plus craintifs ».

N’importe quoi. Si les cigarettes électroniques devenaient une norme socialement acceptable, les cancers du poumon et les taux d’emphysèmes chuteraient.

«Le problème est que les fumeurs ont été diabolisés d’un point de vue médical et moral : ce qui n’est somme toute pas mauvais pour la santé publique mais mauvais tout de même, un point c’est tout. Les cigarettes électroniques séparent distinctement les craintes rationnelles et prouvées par les études sur le tabac et ses effets sur la santé d’un dégout purement culturel lié à une habitude “répugnante” qui vous rend mauvais. »

« Pour les fervents non-fumeurs, les e-cigarettes doivent être irascibles. Ils ne peuvent monter sur leurs grands chevaux car, qu’y a-t-il d’enrageant ? Ces bâtonnets en plastique qui émettent une vapeur n’encrassent les poumons de personne et ne laissent pas d’odeur sur les draps. Et ces tricheurs semblent s’en donner à cœur joie ! Ils s’en tirent impunément ! Ce n’est pas juste ! Ils devraient avoir le cancer ! Imaginez la privation indigne : ce qui est irritant, c’est qu’il n’y a pas de quoi s’énerver. »…

Vous voulez savoir ce qui est réellement diabolique ? Ce qui est réellement diabolique c’est d’essayer de refuser à des personnes accros à une substance profondément néfaste l’opportunité de transférer cette dépendance vers un produit que la plupart des experts médicaux estime à 99% sans danger.

L’opposition européenne aux cigarettes électroniques est le résultat d’un préjudice culturel instinctif, d’une envie de vengeance puritaine, d’une complicité des entreprises, et d’une cupidité inadmissible des autorités fiscales qui ne pourront pas appliquer les mêmes taxes punitives, confiscatoires et opportunistes sur un produit qui ne fait de mal à personne. »

Le reste de l’histoire

Pour une fois, je n’ai que très peu de choses à ajouter car Shriver s’est exprimée de manière si brillante et pertinente. Je n’insisterai que sur trois points :

Shriver a tout a fait raison lorqu’elle dit que parmi les cercles anti-tabac, passer des cigarettes combustibles aux cigarettes électroniques ne signifie pas à arrêter de fumer. Apparemment, ce ne sont pas les effets du tabac sur la santé qui distinguent le comportement, mais les mouvements de la main.

La crainte la plus répandue parmi les groupes anti-tabac est que l’utilisation de cigarettes électroniques normalisera le tabac, ce qui est stupide. Ce que la cigarette électronique normalise en réalité, c’est la désaccoutumance au tabac. Et elle dé-normalise les cancers et les maladies pulmonaires.

Comme je l’ai déjà écrit à maintes reprises, il est en effet « diabolique » (autrement dit, contre la protection de la santé publique) de refuser aux fumeurs la disponibilité d’un produit qui peut contribuer à sauver leur vie. J’ai nommé cela « la négligence sur la santé publique ».

Références

Article original : http://tobaccoanalysis.blogspot.fr/2013/01/sometimes-it-takes-novelist-to.html

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