Ah, les clients. Lorsqu’on travaille dans le commerce, on est bien obligé de les aimer. Mais, que pense-t-on de ceux qui arrivent juste avant la fermeture ?

Jour pluvieux, jour plus tôt

C’est une règle empirique, lorsqu’il pleut, l’activité s’arrête plus tôt. Les gens se dépêchent de faire ce qu’ils ont à faire puis de rentrer chez eux. Et ce soir, ça se vérifie : ça fait bientôt une heure qu’on n’a pas vu un client. La caisse est comptée, les affaires rangées, et c’est à cet instant que le couple rentre. Monsieur et Madame, la cinquantaine. Ils se dirigent vers le vendeur le plus proche, votre serviteur.

– Bonjour, nous venons pour une vape pour monsieur.
– Oui, bien sûr. Vous en avez déjà eu une ?
– Non, on n’y connaît rien.

D’accord, il va falloir faire une découverte complète du profil du fumeur, lui trouver un matériel, lui expliquer comment ça marche, lui trouver un liquide, on est parti pour minimum une demi-heure, s’il comprend tout du premier coup.

Je baisse les yeux sur la pendule. 18h57. À trois minutes du week-end. Que faire ?
Première pensée, évidemment, j’imagine le regard triste de mon chien qui m’attend à la maison. Il doit déjà couver la porte d’un regard plein d’espoir. Pour le coup, je serai vraiment en retard. Un coup d’œil discret en direction de mon collègue, il me fait signe que je décide.

Chroniques du doute

J’ai pas envie. Il peut revenir lundi. Mais il pourrait mal le prendre et aller chez un concurrent. Ça arrive. Mais il pourrait choisir l’idiot qui dit aux primos qu’ils peuvent continuer à fumer des clopes, jusqu’à cinq par jour, que ce n’est pas grave. Ou l’autre, là, qui lui vendra une vape à 100 W et du liquide full VG en 3 mg.

Ou il pourrait décider tout simplement de lâcher l’affaire. Se dire, le dimanche en fin d’après-midi, que bon, la vape, ce n’est pas pour lui, après seconde réflexion, continuer à fumer et être mort dans cinq ans. Tant pis. Je cours le risque. Mon chien attend à la maison, sur le canapé accueillant, c’est samedi, on a la semaine dans les jambes et…

– Oui, bien entendu. Mais d’abord, je dois vous poser quelques questions. Vous fumez combien ?

Ma bouche a parlé sans attendre la décision de mon cerveau. Comme souvent. Bon, ben on dirait que mon chien va m’en vouloir. Je lui expliquerai que c’est pour la bonne cause.

Vendeur dans un vape shop, que d’aventures !

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