A en croire 4 éminences grises réunies sur le plateau de France Culture pour l’émission Science publique la réponse est OUI, sur le plan sanitaire, la cigarette électronique ne présente que des avantages.

Quand des experts parlent de la cigarette électronique

France Culture a dédié une émission sur la cigarette électronique

France Culture a dédié son émission “Science publique” du 3 janvier 2014 sur la cigarette électronique

Alors qu’à New York, l’interdiction de vapoter dans les lieux publics est tombée, France Culture invitait ce 20 décembre 2013 dans son émission Science Publique, 4 éminences grises, spécialistes de la question du tabac et des addictions, à débattre autour de ce phénomène qui passionne de plus en plus de politiques, sociologues, professionnels de la santé… : la cigarette électronique.

En préambule, rappelons quelques chiffres

  • 2012 : 4 millions d’Européens vapotent dont 500 000 en France avec une progression de 15% par mois.
  • 2013 : 1,5 millions d’utilisateurs de cigarettes électronique en France. Le tabac chute de 9% au 1er trimestre 2013 par rapport au 1er trimestre 2012. Une nouvelle qui devrait réjouir puisque la cigarette tue aujourd’hui en France 73 000 personnes par an soit 200 par jour.

Les invités :

  • Anne Borgne, chef du service d’addictologie du groupe hospitalier des hôpitaux universitaires de la Seine Saint Denis, Présidente du Respadd ( Réseau des établissements de santé pour la prévention des addictions).
  • Jean-Yves Nau, journaliste et docteur en médecine. Ancien instituteur, Jean-Yves Nau a été en charge de la rubrique médecine du Monde de 1980 à 2009. Il tient le blog Journalisme et santé publique sur le site de l’Ecole des hautes études en santé publique (EHESP).
  • Philippe Presles, auteur de “La cigarette électronique : Enfin la méthode pour arrêter de fumer facilement” chez Versilio.
  • Jean-François Etter, politologue et professeur de santé publique à la faculté de médecine de Genève. Spécialiste de la dépendance et de la prévention du tabagisme. Auteur de “La Vérité sur la cigarette électronique” chez Fayard.

Qu’est-ce que la cigarette électronique ? Une nouvelle technologie révolutionnaire.

Jean-François Etter : la cigarette électronique est une nouvelle technologie qui peut renvoyer la cigarette traditionnelle au musée, tout comme le numérique a renvoyé la pellicule photo au placard. La cigarette électronique est un nouveau produit comme les inhalateurs et les “heat-not-burnt” (qui chauffe mais qui ne brûle pas) sans combustion.

Doit-on interdire la cigarette électronique dans les lieux publics ? NON.

Anne Borgne : La mesure d’interdiction de vapotage à New York dans les lieux publics est obsolète car si l’argument est le vapotage passif, c’est une mauvaise raison. Il n’y a pas de vapotage passif. La vapeur dégagée par la cigarette électronique reste de la vapeur faite de particules liquides dont le rayonnement est au maximum d’un mètre alors que celui de la fumée de cigarette est beaucoup plus important (particules solides qui se déposent sur les vêtements ou sur le corps).
Une loi qui interdit le vapotage dans tous les lieux publics contraint les vapoteurs à rejoindre les fumeurs dont ils ne font plus partie. Ça n’a donc aucun sens !

Philippe Presles : Quand vous êtes fumeur et que quelqu’un vapote à vos côtés, ça peut vous inciter à vapoter mais pas l’inverse ! Pour moi cette mesure va inciter à vapoter ! Mais interdire le vapotage dans les lieux publics, c’est encourager le tabagisme. Il faut être clair sur les messages : l’ecig est infiniment moins dangereuse que le tabac. Il ne faut donc pas l’interdire.

Jean-Yves Nau : Tant au niveau français qu’au niveau européen, le phénomène le plus paradoxal, c’est l’incapacité des autorités publiques à prendre en compte le développement extraordinaire d’un contournement de l’addiction du tabac. Cette puissance publique semble désarmée face à ce phénomène. Elle ne réussit pas à réglementer de manière simple car elle est liée à l’industrie du tabac et/ou pharmaceutique. La preuve, ces puissances hésitent encore à faire basculer la cigarette électronique dans le monde des médicaments, ou à regarder ce nouveau produit comme un dérivé du tabac. Ne dit-on pas « directive tabac » plutôt que directive anti-tabac ? Les cigarettiers veulent s’emparer du produit alors que les vapoteurs veulent garder leur autonomie. Et en cela, le mouvement est révolutionnaire !

La limitation des taux de nicotine à 20 mg/ml, bien ou pas bien ? BOF.

Ça c’est un scoop !
Selon Jean-François Etter, il n’est pas pertinent de réglementer et de limiter le dosage en nicotine car premièrement il n’y a pas de corrélation entre le dosage de nicotine contenu dans le flacon et la quantité inhalée par le vapoteur. Deuxio, c’est le cerveau du fumeur qui détermine la dose de nicotine reçue. Les vapoteurs déterminent seuls, par satiété, la dose qu’ils inhalent, il n’y a donc aucun risque de surdosage. Par contre si le liquide est trop peu dosé, le vapoteur va inhaler plus de vapeur que de nicotine. Son niveau de satisfaction sera réduit, il retournera plus rapidement à la cigarette traditionnelle ou pire comme le souligne Anne Borgne, le vapoteur va tirer encore plus fort sur sa cigarette électronique et la sur- utiliser en absorbant surtout les autres produits contenus dans l’e-liquide. il est donc impératif de laisser les vapoteurs libres de choisir leur dosage et leur parfum.

Cette limitation a selon eux un effet contre productif : L’UE prend des décisions derrière des portes closes sans respecter les règles de base quant à l’élaboration d’une telle réglementation. Le trilogue devait statuer sur la décision du Parlement mais en fin de compte, il a proposé une nouvelle réglementation, sans consulter les principaux intéressés : vapoteurs et scientifiques.

Faut-il limiter les parfums ? NON.

Quel dommage de limiter la variété de parfums. Selon Anne Borgne c’est encore une idiotie de vouloir limiter les parfums à ceux des substituts nicotiniques. Selon Jean-Yves Nau ce n’est pas une idiotie mais une manœuvre habile de la part des industries du tabac qui visent à garder leurs consommateurs dans des niches de parfums qu’ils contrôlent avec le tabac. C’est l’affrontement des plaques tectoniques prêtes à tout pour conserver leur statut et soutenus par les Etats…En réduisant les parfums, l’industrie du tabac gagne du terrain ou du moins n’en perd pas.

Doit-elle être considérée comme un médicament : NON.

Selon Jean-François Etter, en aucun cas puisque il n’y a pas d’intention thérapeutique. D’autre part le Parlement a renoncé à classer ce produit en médicament. Ce qui est rassurant car si tel avait été le cas on aurait éloigné les consommateurs et donc augmenter le nombre de mort dus au tabac.

Anne Borgne semble parfaitement d’accord avec M. Etter. Selon elle il s’agit d’un bien d’utilisation courante et non un produit pour aider les gens à arrêter de fumer. Il faut qu’il reste ainsi. Le fait est qu’en vapotant, les vapoteurs s’éloignent de la cigarette traditionnelle et tant mieux. Mais ces vapoteurs n’ont nul besoin d’aide médicale, ni médecin, ni infirmière. L’ecig doit rester en vente libre. Si elle était vendue en pharmacie, il faudrait financer des études cliniques très couteuses et réduire la variété des produits et parfums proposés. Or on le sait il y a autant de variétés que de vapoteurs. Il faut donc garder cette variété.

Même si Philippe Presles s’accorde sur ces deux points de vue, il relève plusieurs paradoxes autour de la cigarette électronique. Si l’ecig était vendue en pharmacie, ce serait un médicament. Or on se soigne partout, on pourrait donc vapoter partout ! Ensuite sur la question de sécurité, lorsque l’on est sous traitement médicamenteux, rien ne nous empêche de sur-doser nos médicaments. Chaque patient assure sa propre sécurité. On pourrait vendre l’ecig à la fois en pharmacie et en magasin, un peu comme le dentifrice, en gardant les dosages supérieurs à 20 mg/ml pour les pharmacies.

Selon le journaliste Jean-yves Nau, on pourrait trouver l’ecig en parapharmacie car contrairement aux pharmacies, aux buralistes et aux grandes surfaces, ils prennent le temps, parfois jusqu’à une demie heure pour conseiller et guider leurs clients.

La nicotine en cause ? NON.

Philippe Presles déclare que ce qui est dangereux c’est la combustion, le goudron et le monoxyde de carbone en somme ce que contient la cigarette traditionnelle … Ce sont eux les grands poisons du tabac, poisons éliminés par l’usage de l’ecig. La nicotine contenue dans les e-liquides ne déclenchent pas d’infarctus ni de cancer. Elle peut entrainer une certaine dépendance dont il ne faut pas avoir peur. Et puis il n’y a pas de plaisir sans addiction.

Anne Borgne rajoute par ailleurs que ce qui est formidable dans l’ecig, c’est non seulement l’apport de nicotine mais aussi le plaisir de fumer, le fait de ne plus souffrir de l’arrêt du tabac, ce qui n’est pas le cas avec les substituts du tabac. Dans l’ecig, la nicotine est utilisée à des doses non toxiques qu’il convient de respecter.

Histoire de « rire » Philippe Presles rappelle que depuis la sortie de la cigarette électronique, on n’a jamais recensé de morts dus à un surdosage en nicotine dans un e-liquide alors qu’on continue à dénombrer quantité de morts liés au tabagisme, 200 en France chaque jour !

Sécurité des produits ? OUI.

Les produits continuent à évoluer car les fabricants sont à l’écoute des clients et des consommateurs. Pour preuve les mauvais produits, ceux du début, ont été retirés du marché. Il est par ailleurs dommage que l’étude de 60 millions de consommateurs ait porté sur ces produits-là. Les fabricants sont attentifs et une communauté d’utilisateurs veille à la sécurité.

Jean-Yves Nau relève que l’on se passionne pour l’origine des produits qui composent la cigarette électronique mais fait-on la même chose sur les aliments, les médicaments ? Les consommateurs savent-t-ils que la plupart des molécules proviennent de laboratoires chinois ? L’ecig est un phénomène de société qui passionne, un mouvement de masse avec des vapoteurs qui se rendent compte que ce produit va leur sauver la vie. On est bien en face d’une révolution.

Philippe Presles rappelle que la nicotine est fabriquée principalement dans 3 usines dont une en Chine et que l’ecig est fabriqué avec des produits bien connus de tous, utilisés aujourd’hui sans danger. Le risque n’est pas dans la composition des e-liquides, il est ailleurs : le petit marché de l’ecig risque de disparaître ou de fondre, face aux mastodontes des industries du tabac et pharmaceutique, et de réduire le choix offert aujourd’hui aux vapoteurs. Jean-Yves Nau suggère même que, face à la puissance de l’industrie du tabac c’est à la puissance publique de réagir en aidant ce marché débutant : pourquoi ne pas imaginer une production française ou européenne ?

L’ecig et l’ado, quelle attitude adoptée ? Relax.

35% des jeunes de 17 ans fument. Quelle attitude adopter face à un ado qui veut vapoter ? S’il fume, mieux vaut l’inciter à vapoter pour qu’il arrête de fumer. S’il veut se mettre à vapoter alors qu’il ne fume pas, c’est toujours mieux que de fumer car vapoter éloigne du tabac. Selon Anne Borgne, vapoter chez le jeune peut reculer l’âge d’entrée en tabagisme, et même ça c’est précieux !

Et pour conclure sur une petite note d’humour

Parce que cette émission est passionnante mais que vous n’avez pas le temps de la réécouter nous l’avons fait pour vous. Vous pouvez toutefois écouter les 5 dernières minutes, lorsqu’Anne Borgne raconte la petite histoire « du commerçant toulousain qui a porté plainte contre un vendeur d’ecig voisin qui lui faisait une concurrence déloyale »… A mourir de rire !


Écoutez l’émission dans son intégralité à l’adresse suivante : http://www.franceculture.fr/player/reecouter?play=4769104

Annonce