Le comité d’organisation des Jeux Olympiques de Tokyo a récemment annoncé que tous les produits du tabac et de la vape seront interdits sur les lieux de l’événement. Il vise ainsi à faire de la rencontre sportive, un « héritage d’amélioration de la santé pour l’ensemble du pays ».
Une politique anti-tabac minimaliste
Depuis toujours, l’histoire du Japon est étroitement liée à celle de l’industrie du tabac. Avec 30,1 % des hommes qui y fumaient en 2017 selon les données de l’OMS (au format PDF), le gouvernement du pays est également détenteur d’un tiers des actions de la grande compagnie de tabac Japan Tobacco Inc. Jusqu’en 1985, l’industrie était même un monopole d’État permettant au territoire d’engranger d’énormes recettes fiscales.
Bien que le pays semble commencer à lutter contre le tabagisme depuis l’année dernière, notamment avec la promulgation d’une loi interdisant de fumer dans les lieux publics, sa politique reste timide puisque de nombreux bars et restaurants continuent d’autoriser la consommation de tabac au sein de leur établissement, la publicité pour les cigarettes reste autorisée à la télévision, et les paquets de bâtonnets de tabac, en plus d’être peu chers (environ 5 $), ne présentent que peu d’avertissements sanitaires.
Concrètement, le Japon mise avant tout sur le bon vouloir de ses concitoyens afin de se prémunir des dangers du tabac. L’article 71 de la loi sur la sécurité et la santé au travail oblige ainsi les employeurs à « s’efforcer de créer un environnement de travail confortable » à travers deux mesures distinctes. La première consistant à « désigner des zones fumeurs sur le lieu de travail » et la seconde à « encourager les environnements non-fumeurs ». La loi ne prévoyant aucune sanction dans le cas où ces mesures ne seraient pas respectées.
Vers un changement de cap ?
Mais cette situation pourrait bien être sur le point de changer. En effet, il y a quelques jours, le comité d’organisation des Jeux Olympiques a annoncé que tous les produits du tabac et du vapotage seraient strictement interdits sur tous les sites olympiques et paralympiques, à l’extérieur comme à l’intérieur, mais également dans toutes les zones voisines de l’événement. De plus, contrairement aux éditions précédentes, aucune zone fumeur ne sera installée sur les lieux de la compétition.
Le CIO justifie ces mesures au Vaping Post par sa volonté d’« adopter une politique antitabac pour protéger la santé et la sécurité de tous les athlètes, spectateurs et officiels, dans le but de laisser en héritage une meilleure santé publique » pour le pays.
Il note également qu’à partir du 1er avril 2020, « un amendement à la loi japonaise sur la promotion de la santé et à la nouvelle réglementation de Tokyo visant à réduire l’incidence du tabagisme passif sera pleinement adopté », sans pour autant communiquer plus de détails à ce sujet.
S’il convient de saluer le fait que le CIO souhaite protéger la santé publique du pays organisant les Jeux Olympiques, cette absence de distinction entre produits du tabac et produits de la vape pose question.
Toutefois, Keiko Nakayama, l’un des responsables de la santé de la ville de Tokyo, à récemment déclaré au sein d’un communiqué de presse que « la lutte contre le tabagisme passif est depuis longtemps une préoccupation » et qu’il souhaitait « faire pression pour l’approbation de plus de mesures antitabac pour que les gens restent en bonne santé plus longtemps ».
Le pays du soleil levant serait-il enfin sur les rails d’une réelle politique destinée à combattre le tabagime ?
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