Le CBD est devenu un sujet de premier plan dans la vape. Mais comment est-il fabriqué, comment l’utiliser, quelle réglementation ? Nous avons posé toutes ces questions au laboratoire Tecalcor. 

Vaping Post : Olivia Doppelt-Azeroual, bonjour, merci de répondre aux questions du Vaping Post. Tout d’abord, pouvez-vous vous présenter et présenter votre entreprise ?

Olivia Doppelt-Azeroual : Je suis directrice du laboratoire TECALCOR depuis plusieurs mois. J’ai rejoint récemment la société TECALCOR dans le but d’y apporter un peu de mon expérience en entreprise, à la fois en PME mais aussi d’ingénieur de recherche dans un grand groupe.

Tecalcor a été créé en 2013, c’est une entreprise familiale, spécialisée dans la création de saveurs pour des marques renommées du monde la vape. Tecalcor bénéficie depuis 2016 du statut de Jeune Entreprise Innovante (JEI), du Crédit Impôt Recherche, et a obtenu l’Agrément Recherche en 2017.

3 docteurs ès sciences, de 5 ingénieurs et plusieurs techniciens chimistes travaillent sur le CBD depuis au moins 2 ans

Tecalcor, c’est aussi un département de R&D, composé aujourd’hui de 3 docteurs ès sciences, de 5 ingénieurs et de plusieurs techniciens chimistes. Ce département travaille sur plusieurs sujets en parallèle et le CBD y est étudié depuis au moins 2 ans. Nous voulions tout d’abord l’extraire nous même mais la législation française et notre protocole un peu jeune nous ont fait opter pour l’achat de cristaux de CBD. L’idée étant de coupler notre expérience scientifique afin de sélectionner les meilleurs cristaux (pureté, solubilité, … ) du marché, avec notre grande expérience de confection de saveurs pour e-liquide afin de créer des gammes de e-liquides au CBD de très grande qualité.

Vaping Post : Qu’est-ce que le CBD ? Est-ce ce qu’on appelle le « cannabis médical » ?

Il n’y a pas d’addiction possible au CBD.

Olivia Doppelt-Azeroual : Le cannabidiol (CBD) est un cannabinoïde présent dans la plante Cannabis Sativa. Sa structure moléculaire est proche de celle du Tétrahydrocannabinol (THC), mais contrairement à ce dernier, le CBD n’a pas d’effet psychotrope. Ce qui signifie entre autre, qu’il n’y a pas d’addiction possible. De nombreuses études attestent les effets vertueux du CBD. Le ressenti des effets du CBD sont propres à chacun mais les consommateurs évoquent de plus en plus cet effet apaisant et relaxant. II est consommé sous plusieurs formes, en gélule ou sous forme d’huile mais aussi en application cutanée sous forme de pommade. Certaines études montrent que la vaporisation est un mode d’administration plus rapide car directement assimilé par les poumons. Pour le moment, le CBD n’est pas considéré comme un médicament; il est cependant possible que cela change dans les prochaines années et nous œuvrons en ce sens.

Le cannabis médical existe sous plusieurs formes, de la plante à fumer aux médicaments.

Le cannabis médical, existe sous plusieurs formes; La plante qui peut être fumée et des médicaments qui contiennent le plus souvent du THC et du CBD. Les médicaments sont utilisés par certaines personnes en cas de pathologies comme l’épilepsie, la sclérose en plaque, la spondylarthrite ankylosante, mais aussi les migraines et beaucoup d’autres pathologies douloureuses. Il est autorisé dans certains pays comme au Pays-Bas, Israël, le Canada et dans certains états américains. En France, une AMM (autorisation de mise sur le marché) du SATIVEX est en cours depuis l’année 2014. A ce jour, ce médicament à base de CBD et de THC qui doit être inhalé par le patient n’est toujours pas disponible dans les pharmacies.

Une étude de 2016 montre que dans les pays où le Cannabis médical est autorisé, les patients consomment nettement moins de médicaments.

Vaping Post : Pourquoi trois docteurs en pharmacie décident-ils de se lancer sur le marché du e-liquide au CBD ? Pourquoi, spécifiquement, le e-liquide, d’ailleurs, et pas du CBD sous d’autres formes ?

Olivia Doppelt-Azeroual : Tout d’abord, aucun des trois docteurs de la société TECALCOR n’est pharmacien. Deux sont chimistes, et la troisième est diplômé en bio-informatique. C’est avant tout l’expérience dans le monde de la R&D que ces trois docteurs apportent à la société. Par contre, nous collaborons avec des docteurs en médecine et des pharmaciens qui nous conseillent.

Tecalcor s’est lancée dans le e-liquide au CBD du fait de sa présence dans ce secteur. Depuis 2013, le laboratoire a acquis une véritable expertise dans le e-liquide, nous avons participé à l’élaboration des normes AFNOR et nous avons mis en place un système de production et de contrôle qualité très fiable. Nous avions donc toutes les cartes en main pour mettre sur le marché ces e-liquides.

Vaping Post : J’imagine que vous scrutez le marché du CBD, qui est en pleine explosion, quelle vision en avez-vous aujourd’hui ?

Olivia Doppelt-Azeroual : Le marché du CBD est effectivement en pleine expansion mais les marques les plus renommées sont celles qui étaient présentes avant 2016. Avec notre approche scientifique et notre savoir faire en création de saveurs, nous espérons nous y faire une place significative dans les prochains mois.

Le marché manque de sérieux et de transparence.

De plus, le marché manque de sérieux et de transparence dans la mesure où très peu d’informations sur les origines et la pureté du CBD utilisé sont fournis aux consommateurs. L’incorporation de cristaux dans une formulation d’e-liquide nécessite une grande pureté pour favoriser la solubilité du produit. Il est impératif de vérifier l’absence de résine de type paraffinique au sein des cristaux, ce produit ne pouvant pas être éliminé facilement par les poumons, cela pourrait créer à terme des bronchites lipidiques.

Vaping Post : La législation française est encore peu définie sur le CBD, j’imagine que vous avez soigneusement étudié la question, pouvez-vous nous faire un point sur ce qui est permis ou pas aujourd’hui ?

Olivia Doppelt-Azeroual : Ce qui est permis est de commercialiser des produits contenant du CBD tout en ayant un taux de THC inférieur à 0,2%. Le chanvre dont est extrait la molécule sont des plants présentant ces caractéristiques. La promotion des effets relaxants et apaisants de cette molécule est permise, mais promouvoir ses effets thérapeutiques ne l’est pas et est répréhensible par la loi.

Pour aller plus loin sur la législation
Olivia Doppelt-Azeroual précise « Il est, aujourd’hui, autorisé de cultiver la plante Cannabis Sativa sur le territoire français, bien que seules les espèces spécifiés par la legislation française sont possibles. Cette plante est notamment utilisée dans l'industrie textile. Il est autorisé d'y extraire le CBD mais seulement sur les tiges et les graines, l'extraction sur les fleurs est interdite.  Pour extraire les cristaux en France et les vendre, des lourdes contraintes existent et les autorisations sont difficiles à obtenir. En effet, il faudrait pouvoir disposer d'une solution contenant du THC, afin de pouvoir doser et vérifier que sa concentration dans les cristaux extraits soit bien inférieure à 0,2%.

Vaping Post : Une chose m’intrigue sur votre plaquette, vous précisez que le cannabidiol ne peut pas se prévaloir d’allégations thérapeutiques, mais vous précisez aussi que le CBD peut avoir un effet favorable en cas de nausées, troubles du sommeil. Ou est la limite de ce qui est une allégation thérapeutique et de ce qui n’en est pas ?

Nous ne pouvons pas promouvoir les effets thérapeutiques, mais le bien-être que cela procure.

Olivia Doppelt-Azeroual : En tant que laboratoire non pharmaceutique, nous n’avons pas le droit de prôner quelconques effets thérapeutiques, il faut faire très attention aux termes utilisés car nous risquons d’être mis en garde par les autorités compétentes qui surveillent scrupuleusement les producteurs d’e-liquides. En revanche, la seule chose que nous pouvons promouvoir c’est le bien être qui pourrait être induit par les e-liquides au CBD. Nous avons aussi choisi de mettre en évidence sur notre site, des études scientifiques, articles à l’appui mettant en avant les vertus du CBD pour certaines pathologies.

Vaping Post : Avez-vous des craintes pour ce marché ? Lesquelles ?

Olivia Doppelt-Azeroual : Il suffirait que le gouvernement, incité par certains lobbys qui voient d’un oeil défavorable le développement d’e-liquides au CBD, veuille peut être un peu trop légiférer pour que le marché de la vape pour le CBD s’arrête instantanément.

Nos connaissances acquises à ce jour nous ont convaincu d’investir dans la production d’e-liquides au CBD.

Nous avons donc quelques craintes mais nos connaissances acquises à ce jour nous ont convaincu d’investir dans la production d’e-liquides au CBD. Les vertus récréatives, les effets relaxant et apaisant de certains de nos consommateurs confirment notre choix.

De plus nos craintes sont aussi apaisées par le développement important du CBD sur le marché européen. Si les lobbys qui oeuvrent pour l’interdiction de ces produits parvenaient à leur fin. Nous nous repositionnerons donc pour être actif sur ces marchés européens.

Vaping Post : Le CBD est une molécule étudiée dans la vape, mais aussi de plus en plus par les laboratoires pharmaceutiques. D’après vous, que peut-on en espérer dans le futur ?

Olivia Doppelt-Azeroual : Des études pharmaceutiques sont en cours, notamment aux Etats-Unis ou au Canada concernant surtout les personnes atteintes d’épilepsie. Nous avons eu un retour de quelques consommateurs que nous avons rencontrés au Vapexpo de Lille atteints de polyarthrite rhumatoïde. Ils utilisent nos produits et se disent soulagés de certaines de leurs douleurs. En France, le chemin est encore long mais nous savons que des études sont aussi en cours.

Nous n’excluons également pas de nous intéresser aux propriétés pharmaceutiques du CBD pour une pathologie ciblée.

Vaping Post : Les liquides à base de CBD sont encore onéreux. Les prix vont ils baisser dans les prochaines années ?

Olivia Doppelt-Azeroual : Pour garantir la qualité des produits, il est impératif d’utiliser du CBD de grande qualité et cette matière première est encore onéreuse. Le jeu de l’offre et la demande devrait nécessairement faire baisser les prix à terme. Pour l’instant, une stagnation de prix est envisageable pour permettre de rentabiliser les investissements, en R&D notamment.

Vaping Post : Que conseilleriez-vous à quelqu’un désireux d’essayer le CBD pour bien choisir son produit ?

Olivia Doppelt-Azeroual : Il y a plusieurs critères de sélection:

  • Le goût, choisir un e-liquide aux arômes fruités, classics ou encore mentholés. Nous avons donc décidé de proposer une large palette de goûts pour satisfaire cela.
  • Le dosage; nous préconisons de commencer par un petit dosage, 50 ou 100 pour une vape récréative et un dosage plus élevé pour obtenir un effet plus prononcé.

Notre marque Laboratoire Hemptech offre trois gammes de e-liquides aromatisés au CBD, toutes déclinées en 4 dosages en CBD : 50mg/ml, 100mg/ml, 250mg/ml et 400mg/ml.

→La gamme MAGIC qui se répartit en 4 saveurs: Magic Mint, Agrumes, Leaf et Cactus et des boosters au CBD permettant aux consommateurs de “booster” en CBD leur e-liquide préféré non-nicotiné.

→La gamme OCBD se répartit en 5 saveurs, 4 fruités et 1 classic

→La gamme KALEAF allie la saveur des terpènes, arômes extraits de chanvre naturel avec des arômes naturels. Les trois saveurs de KALEAF sont 2 fruités avec terpènes et une mentholé avec terpènes.

Vaping Post : Il est probable que le gouvernement finisse par légiférer de façon plus précise sur le CBD. Idéalement, quelles dispositions législatives vous sembleraient les plus adéquates ?

Olivia Doppelt-Azeroual : En l’état, nous savons que le gouvernement devrait légiférer autour des e-liquides sans nicotine. Ces e-liquides permettent aux professionnels du marché de ne pas attendre les 6 mois obligatoires après la déclaration d’un e-liquide nicotiné pour qu’il soit mis en vente. De ce fait, les e-liquides au CBD devraient être impactés par cette future législation et ces dispositions devraient viser à un contrôle plus important pour permettre une meilleur transparence pour le consommateur.

Vaping Post : Qu’en est il du vapotage passif concernant les e-liquides au CBD?

Olivia Doppelt-Azeroual : Pour le moment, aucune étude n’a été publiée pour quantifier le CBD expiré par les consommateurs et donc les quantités de CBD exposées aux personnes environnant le vapoteur (vapotage passif). Nous menons actuellement une étude qui permettra de répondre à cette interrogation et qui fera l’objet d’une publication scientifique.

Vaping Post : Merci beaucoup pour le temps que vous nous avez consacré !

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