Cédric Sire s’est taillé, depuis 1998 et son premier recueil de nouvelles, une solide réputation chez les amateurs de thrillers fantastiques. Il revient avec “Vindicta”, son roman le plus abouti, et, à la veille de sa sortie, il répond aux questions du Vaping Post.
Cédric Sire, merci de répondre aux questions du Vaping Post. Tout d’abord, pour celles et ceux qui commettraient l’erreur impardonnable de ne pas vous connaître (sans doute une légende urbaine, mais au cas où), pouvez-vous vous présenter ?
Cédric Sire (C.S) : C’est gentil. Mais tout le monde ne me connaît pas encore, loin de là ! J’écris des romans de suspense et d’horreur. Vindicta est mon onzième livre. Mon unique but est de divertir le lecteur et de lui donner quelques frissons. Pour réellement me découvrir, je crois que la meilleure manière est d’ouvrir un de mes romans. Il parlera mieux que moi, et je vous garantis qu’une fois la première page ouverte, vous ne pourrez plus le refermer ! (Rires.)
C’est assez drôle, mais si on inverse votre nom et votre prénom, on obtient celui d’un autre auteur de thriller français qui vous ressemble grandement. D’où vous est venue l’envie de changer de nom de plume ?
C.S : Je ne me reconnaissais vraiment plus dans le pseudonyme “Sire Cédric”. Il m’a semblé amusant et logique de devenir Cédric Sire. Peut-être un signe de maturité ? C’est un reflet plus fidèle de ce que j’écris, également. Mes derniers romans sont beaucoup plus ancrés dans le réel. Et puis, désormais, j’espère que les lecteurs comprendront que Cédric est mon prénom ! (Rires.)
Vous publiez chez Metropolis… Mais, attendez : vous avez aussi changé d’éditeur ?
C.S : En effet ! Cette année est celle des grands changements pour moi ! J’ai vraiment envie de liberté, de diversifier mes publications, j’ai des tas de projets de collaborations en tête.
Vous publiez donc chez Metropolis “Vindicta”, un thriller à cent à l’heure. En deux mots, vous pouvez résumer un peu l’intrigue ?
Ce qui frappe dans le livre, c’est qu’il emmène son lecteur loin. Ce petit braquage qui tourne mal conduit ses personnages dans un engrenage qui les dépasse. Comment avez-vous travaillé ? Aviez-vous un plan précis de l’intrigue avant de démarrer, ou vous êtes-vous laissé porter par le récit ?
C.S : J’ai écrit cette histoire en m’immergeant dans la peau de chacun des personnages, sans être certain de la résolution de chaque étape. J’avais un plan initial, plus sage, mais les personnages m’ont tellement happé qu’à plusieurs reprises le roman a changé de direction, à tel point que je ne savais plus moi-même qui allait vivre et qui allait mourir ! L’histoire est devenue de plus en plus viscérale au cours de sa gestation… ce qui se ressent à la lecture, je pense !
Sans spoiler la fin, votre livre aurait pu s’appeler “rédemption”, non ? Il y a, dans la plupart des personnages, l’envie de retrouver une vie passée, souvent coûte que coûte ?
C.S : Tout à fait. Aucun des personnages n’est satisfait de sa vie. Ils se laissent donc tous guider par leurs émotions, au lieu d’utiliser leur cervelle. Et, forcément, ils prennent tous, toujours, les mauvaises décisions qui aggravent sans cesse la situation. N’est-ce pas ainsi que les choses se passent dans la vie ?
Vous n’avez pas peur d’aborder des thèmes qui peuvent choquer. Valentine, d’abord. Les scènes de vengeance, ensuite. Comment les abordez-vous ? Vous faites confiance au lecteur, ou vous vous freinez parfois ?
C.S : Je n’écris pas pour choquer, simplement pour apporter le maximum de plaisir au lecteur et qu’il en redemande ! Il n’y a aucune règle pour y parvenir, seulement l’instinct. Parfois, la suggestion et les ellipses seront le moyen le plus satisfaisant. Mais parfois, comme c’est le cas dans Vindicta, les personnages ont besoin de ramper dans le sang et les tripes pour devenir qui ils sont. Je les laisse donc faire, sans filtre, choqué moi-même par leur parcours mais conscient que c’est la seule manière de raconter cette histoire-là. La violence n’y est pas présente pour en mettre plein la vue, au contraire. Elle est tout aussi désagréable qu’irrémédiable. C’est le reflet physique du parcours mental des personnages. Ce n’est pas une solution de facilité non plus. Écrire ce genre de chose m’épuise physiquement et nerveusement !
Je vous suis depuis très longtemps, depuis L’enfant des cimetières, plus précisément, et si votre sens du timing et de l’efficacité n’a pas varié, votre style d’écriture, lui, a évolué vers une forme plus fluide et naturelle, plus introspective là ou avant vous privilégiez l’efficacité. Vous avez travaillé sur cet aspect ?
C.S : Pas sur cet aspect en particulier, mais sur ma prose dans son ensemble, oui. Un auteur apprend et évolue sans cesse, c’est ce qui est fascinant dans l’écriture ! Chaque nouveau livre est une manière pour moi de pousser mes propres limites, de mettre ma barre personnelle un peu plus haut dans le travail du style. Le but est qu’on ne voit pas le style, mais qu’il envoie une surcharge d’émotions au visage.
D’ailleurs, vous avez œuvré dans le style thriller fantastique, et avec Vindicta, vous restez dans le thriller, mais plus le fantastique. Même si il y a quelques éléments dans la personnalité du tueur… Bref, no spoils. C’est une parenthèse, ou une envie de vous frotter à un autre genre ?
C.S : Simplement mon évolution personnelle en tant qu’individu, de mes centres d’intérêts aussi. J’ai toujours suivi mes envies sans me poser de questions, en évitant autant que possible de me répéter. En tant que lecteur, un auteur (comme un musicien d’ailleurs) qui tourne en rond me fait fuir, c’est radical ! Cela étant dit, je ne pense pas avoir changé de voie. Tout ce que j’écris est issu de mon ADN.
Entre le moment où un livre est fini et le moment où il est publié, il s’écoule un certain délai… Qui vous laisse le temps d’en commencer un autre. C’est une remarque comme ça, en l’air, sans véritable question au bout, comme par exemple le genre que vous allez aborder, des indices sur l’histoire, ce genre de choses…
C.S : J’ai des tas d’idées qui attendent dans un coin de ma tête le bon moment pour éclore et devenir des livres. Le moment où je finis un roman est donc, en effet, celui où ces idées commencent à tourner avec plus d’insistance ! Alors que sors Vindicta, je travaille déjà sur plusieurs projets très distincts et variés, dont je ne peux pas encore parler bien sûr !
Vous avez été vocaliste dans un groupe de death metal, et la culture metal, si elle n’en est pas un élément essentiel, imprègne votre travail. Est-ce qu’il y a des éléments en commun entre le thriller et le metal ? Une façon de capter l’oreille, une envie de pousser les émotions à fond ?
C.S : Justement, un de mes projets sur lesquels je travaille à l’heure actuelle concerne la musique et un festival très connu ! Le metal et la littérature dite “noire” ont cela en commun qu’ils sont deux formes d’art profondément immersifs. Au-delà de leurs thèmes communs et évidents, comme celui des tueurs en série, de la guerre ou des sociétés secrètes par exemple, le metal et le thriller sont là pour faire vivre un moment intense, jouissif et unique à leur public. Et pour arriver à cela, bien sûr, tous deux reposent sur une grande maîtrise du style et de la composition…
Vous vivez et travaillez à Toulouse. Deux questions là dessus : l’endroit ou vous vivez a-t-il une influence sur votre travail ? Et au petit déjeuner, vous préférez des pains au chocolat ou des chocolatines ?
C.S : Alors, un scoop, tout d’abord : je viens de quitter la ville rose ! Il est vrai qu’on travaille de manière plus lente, plus décontractée dans le sud qu’à Paris. Le bon côté d’avoir vécu à Toulouse pendant presque trente ans, c’est que je garde cette décontraction, pour ne pas dire ce côté “tête en l’air”, même plongé dans l’hystérie parisienne (ce qui peut décontenancer certains…). Vivre en milieu semi rural donne également des idées différentes : mes flics ont toujours été des types du terroir, un peu rugueux, le soleil du sud a toujours donné une couleur à mes histoires. Et bien sûr “chocolatines” est le seul nom acceptable !
Le Vaping Post traite de vape et de réduction des risques tabagiques. Le vapotage et la e-cigarette, c’est un sujet qui a attiré votre curiosité ? Quelle est votre opinion là dessus ?
C.S : Mon opinion est assez simple. Je ne fume pas car j’aimerais trop cela ! Cela ne serait pas bon pour ma santé, je le ferais avec excès si j’avais des cigarettes à la maison. Le vapotage est une excellente alternative, et la richesse des goûts proposés est enthousiasmante. Je précise que je ne vapote pas non plus, mais je passe mes soirées à tirer sur les vapoteuses de mes amis (que ça énerve parfois passablement, je dois le reconnaître…) !
La dernière question est libre, qu’aimeriez-vous dire aux lecteurs du Vaping post ?
C.S : Leur rappeler que lire en vapotant est délicieux, bien sûr ! Si, à l’occasion, il leur arrive d’ouvrir un de mes livres, j’espère qu’ils passeront un bon moment, je l’ai déjà dit mais cela reste mon unique but. Et surtout, qu’il n’hésitent pas à venir me voir lors des salons littéraires ! C’est toujours un plaisir pour moi de rencontrer les lecteurs !
“Vindicta”, de Cédric Sire, éditions Métropolis, 577 pages, 21 euros, sortie le 21 mars 2019