La France franchit un nouveau cap dans sa politique anti-nicotine : à compter du 1er mars 2026, tous les produits oraux contenant de la nicotine seront interdits. Une décision rapide, annoncée moins de dix jours après la fin du statu quo européen.
Mise à jour 08.09.25 : ajout de la réaction de l’association DNF
Mise à jour 13.09.25 : ajout de la réaction de la FIVAPE
Un décret qui dépasse les seuls sachets de nicotine
« La production, la fabrication, le transport, l’importation, l’exportation, la détention, l’offre, la cession, l’acquisition et l’emploi de produits à usage oral contenant de la nicotine sont interdits sur le territoire national. », et précise que « sont considérés comme produits à usage oral contenant de la nicotine tous les produits manufacturés, constitués totalement ou partiellement de nicotine synthétique ou naturelle, conditionnés pour la vente, quelle que soit leur présentation, et destinés à la consommation humaine par ingestion ou absorption. »
Comme l’indique le document, « le présent décret entre en vigueur le premier jour du septième mois suivant celui de sa publication. », c’est-à-dire le 1er mars 2026. Il reste donc six mois aux différents fabricants et vendeurs français pour écouler leurs éventuels stocks.
Répétons que cette interdiction ne s’appliquera pas uniquement aux sachets de nicotine, mais bien à tous les produits à usage oral qui contiennent de la nicotine. Le décret donne pour exemple, en plus des sachets portions ou poreux, les pâtes, billes, gommes à mâcher, pastilles, bandelettes, liquides (comme des gouttes à se mettre sur la langue, par exemple), ou toute combinaison de ces formes. L’objectif est clair : interdire les sachets de nicotine, certes, mais aussi les potentiels nouveaux produits qui auraient pu apparaître pour contourner cette nouvelle interdiction.
Ce décret n’interdit que les produits à usage oral qui ne sont pas déjà réglementés. Les e-liquides ne sont pas concernés.
Des réactions contrastées
ACT-Alliance contre le tabac, association française de lutte contre le tabagisme, s’est félicitée de cette interdiction, parlant d’une « mesure cruciale pour protéger les jeunes et contrer les stratégies pernicieuses d’une industrie qui prospère sur le marché de l’addiction, au détriment de la santé publique. »
L’association Droit des Non-Fumeurs (DNF) a quant à elle parlé d’une « victoire de premier plan pour les associations engagées dans la prévention du tabagisme ».
« Il ne s’agit pas seulement de retirer du marché un produit dangereux. C’est un signal clair envoyé aux fabricants : la France refuse la stratégie de séduction qui vise à piéger de nouveaux consommateurs dès l’adolescence. C’est aussi un rappel à la société tout entière que la santé des plus jeunes ne peut être sacrifiée au profit d’intérêts mercantiles. », abonde-t-elle dans son communiqué de presse.
De son côté, la Confédération des Buralistes a indiqué prendre acte de la parution du décret, et « regrette profondément qu’aucun débat n’ait été ouvert sur l’idée d’une réglementation responsable, notamment au sein du parlement ce qui interroge sur son rôle et sa fonction dans la prise de décision. » Pour elle, faisant le parallèle avec l’interdiction des puffs, cette décision ne fera que : « alimenter les marchés parallèles et transfrontaliers, priver les fumeurs adultes d’une alternative via un cadre légal et contrôlé », et « fragiliser le réseau des buralistes, pourtant garant d’un monopole pour le compte de l’État. »
Enfin, la FIVAPE déplore la justification mise en avant pour cette interdiction. Dans sa newsletter, elle indique que ce nouveau décret « se fonde sur la présence de nicotine […] largement utilisée et commercialisée dans des produits déjà régulés : tabac, vapotage et… produits de santé remboursés. » Puis souligne qu’il n’interdit pas « le monoxyde de carbone, le goudron et les multiples cancérigènes contenus dans la fumée, avérés pourtant seuls responsables – et non la nicotine – de 75 000 morts évitables par an, et de 20 % de tous les cancers. »
Le reste de l’actualité française