Face au développement de la cigarette électronique et à l’érosion de ses ventes dans les pays développés, l’industrie du tabac investit des milliards de dollars dans les produits dits “à risques réduits”. Parmi eux le tabac chauffé, la cigarette électronique, mais aussi les inhalateurs de nicotine dont les techniques évoluent rapidement. Tour d’horizon de ces nouvelles offres aux enjeux stratégiques importants.
Des techniques de vaporisation sans combustion
Au cours des cinq dernières années presque tous les industriels présents sur le marché du tabac ont acheté des entreprises d’e-cigarettes, spécialisées pour la plupart d’entre elles dans les cigalikes. Multipliant les secteurs d’activité ces géants développent également de nouveaux produits utilisant, entre autres, des procédés qui chauffent le tabac.
Formés aux environnements administratifs hostiles et disposant de moyens en Recherche et Développement considérables, ces firmes investissent tour à tour des millions de dollars dans la conception de nouveaux produits. Leur but, démontrer scientifiquement que leur profil toxicologique soit favorable à une réduction des risques face au tabac et les faire accepter tels quels par les autorités de régulation afin de pouvoir les commercialiser dans les meilleures conditions.
En guise d’exemple le numéro 1 du tabac en France, Philip Morris International (PMI), vient d’annoncer pour le mois d’août le lancement commercial en Suisse de l’iQos. Il s’agit d’un dispositif rechargeable qui produit de la fumée sans combustion en chauffant le tabac à 350°C (contre environ 800°C pour une cigarette) et dont les premières images avaient été dévoilées en mars dernier.
Ces “heatstick” estampillés de la marque Marlboro, dont PMI partage les droits d’exploitation avec la firme américaine Altria, seront les premiers produits de ce genre mis sur le marché. Le paquet devrait être commercialisé aux alentours de 8 francs suisses (environ 7,50€) et le dispositif de chauffe aux alentours de 80 francs suisses (75€ environ).
Selon Stop-tabac.ch, un site d’information sur l’arrêt du tabac dirigé par Jean-François Etter, PMI travaillerait par ailleurs à la sortie d’un autre système qui fonctionnerait à l’aide d’un briquet, toujours sans combustion..
L’un de ses plus gros concurrents, Reynolds American Inc, propose quant à lui le Revo, un dispositif qui chauffe du tabac également sans combustion mais qui fonctionne grâce à une pointe de charbon ardent et qui génère un aérosol aromatisé.
De son côté le cigarettier Japan Tobacco International (JTI) continue d’exploiter les brevets du modèle californien Pax avec son modèle Ploom, un petit appareil servant à chauffer du “tabac et succédanés”.
De nouvelles formes de délivrance de nicotine émergent
Par ailleurs, British American Tobacco (BAT) a développé l’inhalateur de nicotine Voke, avec sa filiale Nicoventures. C’est un système qui reprend la technologie des vaporisateurs pour l’asthme et pour lequel son fabricant a déposé une demande d’autorisation de mise sur le marché (AMM) au Royaume-Uni.
PMI est aussi propriétaire d’un brevet d’un système d’inhalateur à poudre. Il s’agirait d’un système où de l’acide pyruvique se mélangerait à la nicotine sous forme gazeuse et produirait un nuage de vapeur ensuite inhalé par le fumeur. L’acide pyvurique est un composé naturellement présent dans l’organisme, ce qui fait dire à son inventeur que ce produit n’aurait pas d’impact sur la santé.
Un article publié sur le site dirigé par Jean-François Etter reconnaît qu’en l’absence de combustion la majorité des composés chimiques toxiques présents dans la fumée d’une cigarette classique devraient être amoindris et réduire par conséquent l’exposition du fumeur aux substances toxiques. Toutefois en l’absence d’étude à long terme, il est impossible de dire qu’ils sont dangers et constituent à cet égard des dispositifs utilisables dans une stratégie de réduction des risques tabagiques.