L’organisme a étudié la composition de plus de 33 000 e-liquides vendus sur le sol français. Selon lui, les déclarations de certains fabricants seraient imprécises, parfois incohérentes, lorsque de « rares cas » de notifications d’additifs interdits auraient aussi été détectés.
Une analyse inédite
Ces déclarations se doivent de fournir une liste d’informations exhaustives sur les ingrédients et les émissions des produits vendus, afin de permettre l’évaluation de leur « attractivité, l’effet de dépendance » et de leur « toxicité ».
Aujourd’hui, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES), équivalent de la FDA américaine, chargée de recueillir ces déclarations pour le marché français, a publié son analyse (format XLS) de 33 813 déclarations concernant les produits du vapotage.
40,2 % des analyses étudiées provenaient de fabricants français, 21,3 % du Royaume-Uni, 19,6 % d’ailleurs en Europe, et 15,9 % de fabricants nord-américains.
De nombreux problèmes relevés
Le document le plus intéressant fourni par l’ANSES est probablement celui qui a été baptisé « liste des déclarations présentant des écarts ».
Comportant plus de 58 000 lignes, il reprend la liste complète de tous les produits qui présentent des incohérences ou des non-conformités réglementaires.
Comme le précise l’organisme, la très grande majorité (75 %) des produits présentant des non-conformités concerne le fait que les fabricants n’ont pas communiqué leurs données de vente en unité depuis au moins un an.
D’autres problèmes ont parfois été relevés, tels qu’un taux de nicotine supérieur à la limite maximale de 20 mg/ml, dans 1 % des cas.
Dans son rapport, l’ANSES ne précise pas l’interprétation que le consommateur doit en faire. D’après notre analyse, rien ne permet de justifier une crainte directe sur la santé des vapoteurs français.
Cependant, d’autres problèmes ont été détectés. En effet, l’agence a relevé la présence d’ingrédients non identifiés dans certains e-liquides (20 %), ou encore la présence d’ingrédients interdits.
Parmi les 33 813 produits actuellement présents sur le marché français, 962 contiennent par exemple un ingrédient CMR (Cancérogène, Mutagène, Reprotoxique), et 17 un ingrédient interdit (vitamine, caféine, taurine), dont la nature et la quantité n’ont pas été précisées.
Notre analyse du document a cependant permis de révéler que la plupart des e-liquides contenant un ingrédient CMR ne provient pas de fabricants français. En effet, la majorité des marques incriminées est originaire des Philippines, de Belgique, des USA, du Royaume-Uni ou encore… de l’industrie du tabac.
L’ANSES a indiqué avoir d’ores et déjà informé l’ensemble des déclarants concernés par ces problèmes, afin que ceux-ci puissent agir afin de procéder à la régularisation de leur situation.
Les médias nationaux, habituellement friands de sujets alarmistes sur le vapotage, n’ont pas attendu pour relater l’information. Le contexte de la réduction des risques tabagiques semblant toujours faire défaut dans leur traitement journalistique.
L’ANSES publie de nombreux rapports chaque année
Si les consommateurs sont en droit de se questionner quant à ce rapport de l’agence, il est important de noter qu’elle réalise, chaque année, plusieurs dizaines d’études similaires, dans de très nombreux domaines. Des études qui, la plupart du temps, mettent en lumière différents problèmes.
Il n’est donc pas surprenant que le vapotage, lui non plus, n’y échappe pas. Les industries exemptes de tout problème n’existant pas.
Le reste de l’actualité en France