Au cours des dernières années, les recherches scientifiques se sont multipliées afin de mieux connaître le cannabis et ses effets sur l’être humain. Dernièrement, une nouvelle recherche s’est penchée sur l’impact environnemental de sa culture.

Homme masqué dans une serre où pousse du cannabis

La culture du cannabis aurait un fort impact environnemental.

Cette analyse a été conduite par Zhonghua Zheng, Kelsey Fiddes et Liangcheng Yang, tous chercheurs au Department of Health Sciences Environmental Health and Sustainability Program de l’université d’État de l’Illinois.

Comme le rappellent les scientifiques, les méthodes de culture ont une influence inévitable sur l’environnement à différents degrés. Si la culture en plein air est la méthode traditionnelle et originale pour le cannabis, celle-ci est directement soumise à différentes problématiques comme les conditions météo ou les parasites. De plus, une mauvaise gestion du sol ou de l’eau peut avoir des résultats désastreux sur la récolte.

Afin de pallier certains de ces problèmes, la culture en intérieur ou en serre se présente comme une alternative séduisante. Cependant, celle-ci est beaucoup plus coûteuse, notamment en termes d’énergie.

Dans le sillage de la légalisation et de la nouvelle acceptation du cannabis dans le monde, l’équipe de chercheurs a souhaité analyser toute la littérature actuellement disponible concernant la culture du cannabis, dans le but de mieux comprendre ses potentiels impacts environnementaux. Une étude qui aborde les effets de cette culture sur l’air, l’eau, le sol, mais qui se penche également sur la consommation d’énergie et l’empreinte carbone qu’elle représente.

Le cannabis, une plante gourmande en eau

Avec d’énormes besoins en eaux, le cannabis a-t-il un avenir ?

Concernant la demande en eau du cannabis lors de sa culture, les scientifiques notent que celle-ci est presque 2 fois supérieure à celle du maïs, du soja, du blé, ou encore du raisin. Rappelant qu’en Californie, l’agriculture est considérée comme le plus grand consommateur d’eau et que la demande ne cesse de croître pour cette ressource dans un contexte de croissance démographique et de changement climatique, l’avenir pourrait se présenter comme sombre pour le cannabis, plante dont les besoins en eau excèdent ceux d’autres végétaux.

L’autre problème soulevé par la science concernant l’utilisation de l’eau pour la culture du cannabis concerne une pratique courante dans l’agriculture, appelée détournement. Cette pratique consiste à retirer ou transférer l’eau d’un bassin-versant à un autre afin de répondre aux besoins d’irrigation.

Si cette pratique permet d’atténuer le problème de pénurie d’eau pour la culture du chanvre, elle en créerait de nouveaux. Par exemple, au cours d’une étude menée en 2015 s’étant penchée sur l’impact de la culture du cannabis sur 4 bassins-versants du nord-ouest de la Californie, il avait été révélé que la quantité d’eau nécessaire à cette culture dépassait le débit des cours d’eau pendant leur période d’étiage (la période de baisse du cours d’eau). Un fait qui conduisait à la réduction du débit de ces cours d’eau ainsi qu’à leur assèchement.

Les chercheurs recommandent de normaliser la culture du cannabis.

Des problèmes de pollution des eaux seraient également à souligner, notamment en raison des besoins en nutrition de la plante de cannabis (azote, phosphore ou encore potassium).

Des pollutions encore accentuées par l’utilisation des pesticides appliqués dans les champs, dont les résidus peuvent se frayer un chemin dans une eau qui se retrouve par la suite en milieu aquatique, représentant alors un danger pour son environnement.

L’eau ainsi polluée pourrait également, en raison de fortes précipitations ou d’une irrigation excessive, se retrouver dans les eaux de ruissellement ou les eaux souterraines, représentant alors un danger pour d’autres cultures, mais également pour les humains à travers la chaîne alimentaire.

Pour les scientifiques, il est aujourd’hui “vital de mettre tous les cultivateurs sur la même longueur d’onde” concernant l’utilisation des ressources en eau pour la culture du cannabis.

L’air ne serait pas non plus épargné

En grandissant, les plants de cannabis produisent de nombreux composés organiques volatiles.

En plus d’une pollution des eaux, les scientifiques américains attirent l’attention sur le fait que lors de leur croissance, les plants de cannabis émettent de nombreux composés organiques volatils (COV), qui possèdent un rôle crucial dans la formation de l’ozone et des particules.

Parmi les COV les plus intéressants, se trouveraient les composés organiques volatils biogènes (COVb), principalement émis par la végétation, et qui représentent environ 89 % du total des COV atmosphériques.

Concernant le cannabis, les principaux COVb émis seraient les monoterpènes (C6H16), les composés terpénoïdes (par exemple, l’eucalyptol ; C10H18O), les sesquiterpènes (C15H24), l’acétone et le méthanol.

La fertilisation du cannabis pose problème.

En 2019, une étude a tenté, pour la première fois, de réaliser un inventaire des émissions spécifiques au cannabis et de leur impact environnemental. Ses conclusions indiquent que pour le Comté de Denver, dans lequel a été réalisée la recherche, la culture du chanvre, selon les scénarios, pouvait entraîner une augmentation des concentrations horaires d’ozone le matin d’environ 0,34 ppb, et jusqu’à 0,67 ppb la nuit.

La fertilisation du cannabis était également pointée du doigt comme cause d’une détérioration de la qualité de l’air, notamment en raison de la forte utilisation d’engrais azotés chimiques, contenant de l’ammoniac. Ammoniac qui, suite à diverses réactions avec des composés acides présents dans l’atmosphère, pouvait par la suite former des résidus dont les dépôts humides et secs “détériorent continuellement l’environnement écologique”. Les scientifiques parlent alors de risques d’acidification du sol et d’eutrophisation de l’eau.

La culture indoor, véritable gouffre énergétique

Le coût en énergie de la culture intérieure du cannabis serait énorme.

En plus des importants problèmes déjà soulevés ci-dessus, la culture du chanvre en entraîne un autre, notamment dans le cas de la culture en intérieur, qui concerne cette fois sa demande en énergie. Selon les chercheurs relatant les résultats d’une étude datant de 2015, l’industrie du cannabis serait “l’une des industries les plus énergivores des États-Unis”, entraînant jusqu’à 6 milliards de dollars de coûts énergétiques par an, soit plus de 1 % de l’électricité de tout le pays.

Des coûts dont l’éclairage nécessaire à la culture serait responsable à plus de 89 %, notamment à cause de l’utilisation de lampes de culture particulières, dont l’intensité se rapproche de celles utilisées en salles d’opération, soit une intensité 500 fois supérieure à celle d’éclairages traditionnels.

La production de 1 kg de cannabis conduirait à 4 600 kg d’émissions de CO2 dans l’atmosphère.

Et puisque toute cette énergie doit bien être produite quelque part, les chercheurs rappellent qu’aux États-Unis, la production d’énergie dépend à plus de 75 % de l’utilisation de charbon et de gaz, dont les impacts environnementaux sont, eux aussi, dramatiques puisqu’ils auraient des effets néfastes sur les humains, les animaux, les produits agricoles, les plantes et les forêts, mais également les écosystèmes aquatiques ou encore les bâtiments et autres structures.

Les scientifiques concluent en indiquant qu’une étude datée de 2018 arrivait à la conclusion que la production de 1 kg de cannabis conduirait à 4 600 kg d’émissions de CO2 dans l’atmosphère, soit la production d’un véhicule de tourisme conduit pendant un an, ou à plus de 18 000 km parcourus par un véhicule de tourisme moyen.

Rémy Beausoleil de Hemp’Solution

“Les pesticides et autres produits toxiques sont le résultat des cultures illégales.”

Rémy Beausoleil, fondateur de Hemp’Solution

En Californie, les cannabiculteurs sont en effet obligés de faire des réserves d’eau dans d’énormes tanks pour pouvoir irriguer tout l’été. Mais il faut savoir que la culture de cannabis médical est autorisée uniquement en organique. Encore une fois, les pesticides et autres produits toxiques sont le résultat des cultures illégales.

Nous cultivons dans le nord de la Californie à Mendocino et nous sommes au cœur de ce grand débat sur l’eau. Chaque année, des restrictions sont mises en place dès le début du printemps pour limiter l’accès à l’eau. Nous sommes autorisés à pomper et stocker l’eau durant l’hiver.

La problématique de l’eau vient essentiellement du fait qu’il y a beaucoup de cultures non autorisées qui pompent sur les réserves. Les shérifs de chacun des comtés luttent avec acharnement contre ces cultures.

Comme mentionné plus haut, en effet, plusieurs études démontrent le désastre écologique que peut être l’industrie pharmaceutique. Je pense que si l’on regardait les laboratoires de production de plantes médicinales, nous trouverions le même problème.

En France, nous attirons la vigilance de l’ANSM concernant ce sujet. Lors de l’écriture du cahier des charges, nous rappelons sans cesse l’impact que peut avoir ce genre de superstructure.

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