Un groupe de toxicologues britanniques mandaté par le gouvernement vient de rendre son rapport sur les risques toxicologiques du vapotage, après plus d’un an d’examen de toutes les études scientifiques disponibles à ce sujet. Effets du PG (propylène glycol) et de la VG (glycérine végétale) sur les vapoteurs, risques liés aux composés étrangers contenus dans certains e-liquides, méconnaissance des effets de la chauffe des arômes de qualité alimentaire, ce nouveau rapport devrait être la base de nombreuses nouvelles recherches à venir.
Rapport du COT sur le vapotage
Un groupe de toxicologues anglais a récemment rendu ses conclusions sur le vapotage. L’exposition au PG & à la VG est jugée préoccupante. Si quelques incertitudes subsistent concernant l’inhalation des arômes, la vape reste susceptible d’être associée à une réduction du risque global des effets néfastes du tabagisme sur l’organisme. Pour tout savoir sur ce rapport & sur l’actualité de la vape en générale, direction le VapingPost ! https://fr.vapingpost.com/effets-de-la-vape-sur-la-sante-le-royaume-uni-publie-un-nouveau-rapport-toxicologique/
Publiée par Vaping Post sur Mardi 15 septembre 2020
- L’exposition des vapoteurs au propylène glycol et à la glycérine végétale est jugée « peu préoccupante ».
- Les arômes doivent faire l’objet d’une évaluation appropriée en vue de connaître leur potentielle toxicité dans le cadre d’une inhalation.
- Les e-liquides peuvent contenir des substances (contaminants, impuretés) nécessitant une biosurveillance.
- La vape est susceptible d’être associée à une réduction du risque global des effets néfastes du tabagisme sur l’organisme.
- A ce jour les effets à long terme de la vaporisation sont impossibles à définir avec précision.
60 pages de recherches sur la vape
Sur demande du Department of Health and Social Care (DHSC) ainsi que de Public Health England (PHE), le Committee on Toxicity (COT) a récemment rendu son rapport sur les « risques toxicologiques potentiels » des electronic nicotine delivery systems (ENDS), autrement dit cigarettes électroniques.
Préconisées comme outil de sevrage tabagique dans le cadre d’une politique de réduction des risques liés au tabagisme au Royaume-Uni, l’organisme avait pour but d’évaluer le risque toxicologique « absolu » du vapotage, mais également son risque « relatif » par rapport à la consommation de cigarettes de tabac.
Pour ce faire, le comité a examiné de nombreux sujets tels que les constituants qui peuvent être présents dans les e-liquides, mais également les aérosols émis par les vaporisateurs personnels, par le biais d’un examen approfondi des études toxicologiques et épidémiologiques sur les principaux éléments constitutifs ou communément identifiés dans les cigarettes électroniques.
Il a également étudié divers travaux scientifiques concernant le risque potentiel pour les vapoteurs et leur entourage, tout en précisant que les études menées in vitro ont été examinées de manière « moins détaillée » en raison de « la très grande quantité de littérature disponible ».
Il précise également que ce rapport se base sur la littérature scientifique publiée jusqu’à la moitié de l’année 2019. Le comité n’ayant pas eu la capacité d’étudier toutes les nouvelles recherches parues entre le début de la rédaction de son rapport et sa publication, période durant laquelle plus de 900 nouveaux travaux ont été publiés.
Enfin, le COT indique que le marché de la vape étant très dynamique, la science a pris un retard certain concernant les dernières nouveautés. Il note ainsi que les études portant sur le vapotage qu’il a examiné avaient bien souvent été réalisées avec du matériel de vape qui n’est plus d’actualité. Il explique donc que les conclusions de son travail doivent être « interprétées en conséquence ».
Une sélection des études rigoureuse
Concernant le contenu des aérosols, le comité note qu’il est « difficile de comparer ou d’intégrer les résultats des différentes études ». En effet, de nombreuses divergences existent entre toutes les études réalisées jusqu’à présent.
Par exemple, alors que certains travaux expriment leurs résultats sous forme de masse par bouffée, d’autres utilisent une mesure de concentration dans l’intégralité de l’aérosol. De plus, le COT note « une grande variation entre les études » concernant la composition des e-liquides utilisés par les scientifiques, mais également le modèle de cigarette électronique.
Des différences qui influent sur les résultats des recherches scientifiques. En effet, l’aérosol d’un e-liquide contenant 1 % ou 10 % d’arômes sera bien différent, tout comme la température à laquelle il est chauffé suivant la résistance et le modèle de vaporisateur utilisé.
Le comité note également des différences de protocole pour « la production, la collecte et l’analyse » des aérosols. Il a ainsi choisi de retenir les seules études considérées comme ayant reproduit un schéma de vapotage « standard ».
Une sélection qu’il a également appliqué aux recherches concernant les niveaux d’émissions dans l’air ambiant ainsi que l’exposition à ces émissions, pour des raisons similaires à celles citées ci-dessus.
L’opinion du comité
Le comité note que des niveaux élevés de particules sont présents dans les aérosols de cigarette électronique. Parmi eux, des particules de métaux peuvent être observées, « susceptibles d’être dérivées de la structure du dispositif ».
Cependant, étant donné la « grande variation des niveaux mesurés », il explique qu’il est « difficile de tirer des conclusions générales ».
Concernant les risques pour les utilisateurs, il existe une « grande incertitude », notamment car il explique manquer de « bonnes données épidémiologiques » à ce sujet.
Le propylène glycol
Le rapport note que la toxicité associée à l’exposition au propylène glycol (PG) est « extrêmement faible ». Il note seulement que, dans « de rares cas » et lors de fortes doses administrées par intraveineuse chez l’homme, des études ont montré qu’il pouvait provoquer de l’hyperosmolalité, de l’acidose métabolique et un dysfonctionnement rénal.
Le COT rappelle que le PG n’est pas considéré comme génotoxique ou cancérigène. Une exposition prolongée chez l’homme peut cependant provoquer une irritation des yeux et de la gorge, une toux, une brûlure nasale et des picotements.
Pour approfondir ses recherches, il s’est basé sur l’étude la plus pertinente à ce sujet, celle de Suber et al datant de 1989, qui avait consisté à faire inhaler du propylène glycol à des rats, six heures/jour, 5 jours/semaine, pendant 13 semaines.
Les rats de laboratoire avaient alors été victimes d’hémorragies nasales et oculaires, causées selon les chercheurs, par une déshydratation locale. Pour le comité, bien que cette conclusion soit plausible, il indique que ces symptômes ont également pu être causés par un effet irritant du PG.
Les rats n’avaient cependant aucune modification histologique de la trachée, des poumons ou du larynx. Cependant, une limite de 160 mg/m3 avait été définie comme ne causant aucun effet nocif.
Suite à l’étude d’autres recherches scientifiques, le comité a estimé qu’un vapoteur moyen prenant 300 bouffées/jour s’expose à une quantité de PG de l’ordre de 11 mg/m3.
L’opinion du comité
Pour lui, l’exposition des vapoteurs au propylène glycol est « peu préoccupante ». Il note toutefois que l’effet d’une exposition répétée et à long terme n’est pour le moment pas connu.
Une conclusion à laquelle il est également parvenu concernant l’entourage du vapoteur. Pour lui, cette exposition « n’est pas susceptible de représenter une préoccupation pour la santé ».
La glycérine végétale
Tout comme pour le propylène glycol, le comité rappelle que la glycérine végétale (VG) n’est « généralement pas associée à des effets néfastes », n’étant pas considérée comme étant génotoxique ou cancérigène.
Il indique qu’elle peut toutefois être légèrement irritante pour les yeux.
Pour approfondir ses recherches, le COT s’est basé sur une étude réalisée par Renne en 1992. Là encore, des rats ont été exposés à une inhalation de glycérine végétale durant six heures/jour, 5 jours/semaine, pendant 13 semaines, soit un rythme similaire à l’étude citée ci-dessus concernant le PG.
Ses conclusions étaient que les rats exposés n’ont montré « aucun effet systémique lié à la dose ».
Un calcul similaire à celui utilisé pour le PG a été réalisé afin de calculer la dose quotidienne à laquelle un vapoteur moyen est exposé à raison de 300 bouffées par jour.
L’opinion du comité
Là encore, le comité note que les effets de la VG sont « peu préoccupants », tout en rappelant une fois encore qu’il n’existe aucune étude concernant les effets à long terme d’une exposition répétée.
Même son de cloche concernant l’entourage du vapoteur, chez qui il est considéré comme « peu probable » qu’une exposition à la glycérine végétale dans l’air ambiant pose un quelconque problème.
Les arômes
Des milliers d’arômes existant sur le marché de la vape, le Committee on Toxicity a focalisé ses recherches sur 4 d’entre eux : le menthol (1), la vanilline (2), le cinnamaldéhyde (3) et le menthone (4).
1 – Concernant le menthol, de nombreuses études ont d’ores et déjà été réalisées sans jamais montrer un quelconque effet néfaste. Le comité note ainsi qu’il s’agisse du menthol ou de sa présence dans la fumée de cigarettes combustibles, « aucun effet néfaste n’a été constaté qui pouvait lui être attribué ».
La molécule est cependant connue pour être un irritant respiratoire après inhalation. Elle n’est pas considérée comme mutagène ni cancérigène.
2 – La vanilline présente quant à elle un potentiel préoccupant concernant la formation d’acétals en contact avec le PG ou la VG au sein de l’aérosol d’un vaporisateur personnel, à température ambiante.
Elle est également, selon les recherches du COT, un irritant sensoriel pour les vapoteurs. Il note aussi que bien qu’il existe des résultats mitigés concernant la mutagénicité de la vanilline, elle n’est généralement pas considérée comme tel.
Il n’existe à l’heure actuelle, aucune étude à dose répétée, de reproduction ou de cancérogénicité réalisée avec la vanilline par voies d’inhalation.
3 – Diverses données indiquent que le cinnamaldéhyde peut agir comme un irritant pour les voies respiratoires chez les vapoteurs. Il est également capable de provoquer une irritation de la peau, tant chez les animaux que chez les Êtres humains.
Il existe peu de données concernant sa mutagénicité. Le comité note que si certains résultats positifs ont été obtenus à ce sujet in vitro, ces derniers n’ont pas été répétés in vivo.
Aucune étude de dose répétée, de reproduction ou de cancérogénicité réalisée avec le cinnamaldéhyde par inhalation n’a été identifiée.
4 – Enfin, concernant la toxicité du menthone, le COT indique que les données étaient également limitées.
Aucune donnée n’était disponible concernant la toxicité aiguë ou la toxicité pour la reproduction et le développement. Il n’y avait aucune information sur la décomposition thermique du menthone.
Le comité indique ainsi qu’il existe un grand manque de données concernant ce produit.
L’avis du comité
Pour le comité, les arômes doivent faire l’objet d’une évaluation appropriée en vue de connaître leur potentiel toxicité en cas d’inhalation. Pour lui, leur potentielle innocuité ne peut seulement être basée sur des recherches menées lors de leur utilisation dans un cadre alimentaire.
Il note ainsi un « certain nombre de lacunes » dans les données concernant la toxicité potentielle des arômes par inhalation, et notamment sur la possibilité qu’ils forment de nouveaux composés préoccupants sur le plan toxicologique, en cas de chauffage ou de dégradation.
Contaminants ou impuretés dans les e-liquides
Lors d’analyses sur des e-liquides, certains contaminants ou impuretés ont parfois été détectés. Ils sont décrits comme « souvent à des niveaux faibles ou à l’état de trace ».
Parmi eux : les contaminants liés à la nicotine (alcaloïdes et nitrosamines spécifiques du tabac (TSNA)), métaux et silicates, l’éthylène glycol, le phtalate de diéthyle et le diéthylhexyle phtalate, éthanol, et des traces de toxines microbiennes.
Certaines études ont également détecté d’autres molécules, tels que des composés organiques volatils (COV), comme le benzène ou le toluène, et les hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP).
De plus, le comité note que divers travaux scientifiques ont révélé que le processus de vaporisation lui-même pouvait engendré la création d’espèces chimiques qui ne sont, à la base, pas présentes dans les e-liquides.
Parmi eux, les composés carbonylés, le formaldéhyde, l’acétaldéhyde et l’acroléine.
Le COT note que les diverses études traitant de ces sujets démontrent que les niveaux d’émission de ces composés varient selon la manière dont l’e-liquide est transmis à la résistance ou encore la température de chauffe.
Cependant, il indique également que les résultats de certaines études posent question, notamment à cause de l’utilisation de machine à fumer qui ne reproduisent pas forcément des conditions de vapotage considérée comme normales.
L’avis du comité
Pour le comité, les e-liquides peuvent contenir des substances autres que celles qu’ils devraient normalement contenir. Il note qu’il peut s’agir de contaminants ou d’impuretés provenant de la composition même du e-liquide, ou de substances ajoutées. Il explique que ces dernières peuvent « dans une certaine mesure » être transférées en aérosol puis inhalées par l’utilisateur.
Il explique également que les données des études de biosurveillance appuient la conclusion selon laquelle l’exposition à des substances toxiques liées au tabagisme est plus faible dans le cadre du vapotage, que dans le cadre d’une consommation de cigarettes de tabac.
Conclusion
Dans ses conclusions, le comité note plusieurs points :
- L’utilisation de produits de la vape, fabriqués selon des méthodes appropriées et utilisés selon les recommandations des fabricants, en remplacement du tabagisme, est susceptible d’être associée à une réduction du risque global d’effets néfastes sur la santé.
- L’utilisation d’une large gamme d’arômes pour lesquels des données sur la toxicité par inhalation manquent, est une zone d’incertitude. Le comité note que bien qu’il n’existe aucune preuve à l’heure actuelle, qu’elle entraîne des effets néfastes pour la santé, ce manque de données reste une lacune importante.
- Les risques concernant le vapotage passif sont considérés comme faibles.
- Il n’est pas possible de prévoir actuellement, les possibles effets néfastes à long terme du vapotage.
Plusieurs experts réagissent à ce rapport
Suite à la publication de ce rapport, de nombreux experts se sont exprimés pour le Science Media Centre.
Jacob George, professeur de médecine et de thérapeutique cardiovasculaires à l’University of Dundee
Les deux points clés que ce rapport aurait dû mettre en évidence sont que le taux d’événements cardiovasculaires chez les vapoteurs peut être plus élevé que chez les non-fumeurs, mais qu’il a été démontré à plusieurs reprises qu’il est inférieur à celui des fumeurs de cigarettes, et que les effets observés chez les utilisateurs de e-cigarettes peuvent également être dus à un usage antérieur du tabac.
Le rapport souligne à juste titre que, en tant que risque comparatif, l’inhalation est moins nocive que la consommation de cigarettes de tabac ».
Nicholas Hopkinson, lecteur en médecine respiratoire à l’Imperial College de Londres
La plupart des personnes qui vapotent sont soit des fumeurs qui essaient d’arrêter, soit d’anciens fumeurs. Les fumeurs qui passent complètement à l’inhalation de vapeurs auront un bénéfice substantiel pour leur santé. Cependant, aucune autorité sérieuse ne suggère que les vapeurs sont complètement inoffensives, donc les gens devraient essayer d’arrêter de fumer aussi s’ils le peuvent à long terme, mais pas au détriment d’un retour au tabac.
Il est important de continuer à réglementer la fabrication, le contenu et la commercialisation des cigarettes électroniques, notamment par le biais des dispositions de la TPD, ainsi que de s’efforcer d’identifier et de réduire ou d’éliminer tout composant toxique dans la vapeur des cigarettes électroniques afin de minimiser autant que possible le risque restant.
L’aide de première ligne aux fumeurs qui veulent arrêter de fumer est une combinaison de conseils et de pharmacothérapie (double TRN ou varénicline) et les systèmes de santé doivent veiller à ce que cette aide soit universellement disponible.
Le gouvernement doit également prendre les mesures nécessaires pour obliger l’industrie du tabac à rendre des comptes et à réduire les niveaux de tabagisme – il s’agit notamment de prélever une taxe sur les bénéfices de l’industrie du tabac, de financer de vastes campagnes médiatiques pour encourager les fumeurs à arrêter et de porter l’âge de vente à 21 ans afin d’atteindre son objectif “sans tabac 2030” ».
Jamie Hartmann-Boyce, chercheur principal en comportements de santé et rédacteur en chef du Cochrane Tobacco Addiction Group, à l’University of Oxford
Cette preuve est conforme aux conseils actuels de santé publique qui suggèrent que les fumeurs envisagent de passer aux cigarettes électroniques, mais que les personnes qui ne fument pas de cigarettes ne devraient pas se mettre à fumer.
La cigarette tue un fumeur régulier sur deux, mais une grande partie de ce risque peut être réduite en arrêtant de fumer, même à un âge plus avancé. Il est donc extrêmement important que les fumeurs aient accès à un soutien et à des traitements pour arrêter de fumer, qui soient fondés sur des preuves.
Il n’y a pas que les fumeurs qui sont menacés par le tabagisme : l’Organisation mondiale de la santé estime que le tabagisme passif est à l’origine de 600 000 décès par an. Les données de ce nouveau rapport ne suggèrent pas que les vapeurs soient très nocives pour l’entourage du vapoteur ».
Peter Hajek, directeur de l’unité de recherche sur la dépendance au tabac de la Queen Mary University of London
Debbie Robson, du groupe de recherche sur la nicotine du National Addiction Centre, King’s College London
John Britton, ancien directeur du UK Centre for Tobacco & Alcohol Studies et consultant en médecine respiratoire à l’University of Nottingham
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