Des chercheurs de la Virginia Commonwealth University aux Etats-Unis ont collecté de nombreuses données concernant la concentration de nicotine, les différents types de matériel ainsi que sur le comportement des vapoteurs. Ils affirment aujourd’hui pouvoir prédire avec précision les taux de nicotine délivrés par les cigarettes électroniques. Leurs travaux ont fait l’objet d’une publication dans la revue scientifique Nicotine and Tobacco Research.

De fortes variations selon le e-liquide, la tension de la batterie et le comportement du vapoteur

Thomas Eissenberg, Ph.D., professor in the VCU Department of Psychology in the College of Humanities and Sciences

Thomas Eissenberg, Ph.D., professor in the VCU Department of Psychology in the College of Humanities and Sciences

Les chercheurs affirment que les cigarettes électroniques utilisées à une tension élevée (voltage), jumelées à des fortes concentration en nicotine, étaient capables de délivrer de la nicotine à des taux beaucoup plus importants que ceux émis lors de la combustion d’une cigarette papier. Tout cela reposerait en grande partie sur la durée de bouffée de chaque vapoteur.

Un des membres de l’équipe, Thomas Eissenberg, a expliqué que les niveaux de nicotine inhalés pouvaient varier de très nombreuses fois (50) au cours d’une séance de vapotage, puisqu’ils sont liés à la manière d’utiliser le matériel, et aux dispositifs et liquides électroniques utilisés.

Par ailleurs, ces chercheurs ont découvert que les vapoteurs expérimentés ont l’habitude de prendre des bouffées beaucoup plus longues et que cette attitude pourrait augmenter le taux de nicotine dans le sang (nicotémie).

Du modèle mathématique aux recommandations politiques

Tout en rappelant que le tabagisme est la première cause de mortalité évitable, les scientifiques mettent en garde sur le risque de dépendance que pourrait alors engendrer ces dispositifs et souhaitent ainsi qu’une réglementation au niveau fédéral soit mise en place aux États-Unis.

Les cigarettes électroniques pourraient être moins dangereuses que les cigarettes traditionnelles, mais compte tenu que les professionnels du secteur ne semblent pas vouloir faire preuve d’auto-discipline, le gouvernement doit agir pour les rendre plus sûres explique Eissenberg.

Le modèle mathématique conçu par les chercheurs devrait permettre de prédire, avant même que le produit ne soit réalisé, quel sera le taux de nicotine délivré selon les caractéristiques techniques de l’appareil et de son e-liquide. Selon l’université ces informations pourraient être communiquées à l’administration en vue d’établir des restrictions dans l’industrie de l’e-cigarette aux États-Unis, ceci afin d’éviter un “désastre de santé publique”.

Contradictions scientifiques

Le thème de la délivrance de nicotine dans la littérature scientifique n’est pas nouveau et le Docteur Farsalinos s’était intéressé très tôt à cette problématique. Il avait notamment observé en 2014 qu’il fallait 7 fois plus de temps pour qu’une vapoteuse ne délivre la même dose de nicotine qu’une cigarette de tabac.

Toujours en opposition aux travaux de Eissenberg une autre étude, elle aussi publiée dans la revue Nicotine and Tobacco Research, concluait en 2014 que l’e-cigarette pouvait permettre aux fumeurs de réduire leur dépendance à la nicotine.

Des conclusions à mettre en perspective avec celle de Jean-François Etter, qui affirmait un an après que la cigarette électronique entraînait autant ou moins de dépendance que les gommes de nicotine.

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