Les activités de 3 géants du tabac auraient rapporté près de 7 milliards d’euros de taxes à l’État russe depuis le début de la guerre.
La communauté internationale réagit
Depuis le début de cette guerre, de nombreuses sanctions économiques ont été prises contre la Russie. Leur but, outre montrer la désapprobation de la communauté internationale envers cette invasion, ralentir l’économie russe, et donc les possibilités de poursuivre le financement de son agression.
En plus de ces sanctions économiques, de nombreuses entreprises, américaines notamment, ont décidé de se retirer de Russie. En mars, soit moins d’un mois après le début des hostilités, plus de 290 sociétés annonçaient leur retrait du pays. Parmi elles, McDonald’s, le groupe Starbucks, Coca-Cola, ou encore PepsiCo. De leur côté, Google et YouTube suspendaient les possibilités de monétisation du contenu posté sur leur plateforme.
Les entreprises françaises suivaient rapidement le mouvement. Deezer, Renault ou encore la Société Générale arrêtaient définitivement leurs activités dans le pays. D’autres, comme Alstom, Air France, BNP Paribas, LVMH, Décathlon, Michelin ou encore EDF et Crédit Agricole, suspendaient quant à elle provisoirement leur travail sur place.
Enfin, de son côté, la Suisse sortait de sa fameuse neutralité, notamment en actant le gel des avoirs présents dans le pays pour de nombreuses entreprises et personnalités russes. La majorité des sociétés helvétiques se retirait également de Russie.
Certaines entreprises continuent d’exercer en Russie
Pour les grandes entreprises, un retrait de Russie n’est pas anodin. Le marché russe, fort de ses 143 millions d’habitants, représente pour certaines une part non négligeable de leurs revenus. Voilà qui peut expliquer pourquoi certains grands groupes, comme Total Énergie, Auchan, La Redoute, LACTALIS, Leroy Merlin ou encore Vinci SA et Veolia, continuent d’exercer leur activité dans le pays.
Problème, depuis la mobilisation des civils réservistes annoncée par Vladimir Poutine le 21 septembre dernier, la loi russe stipule que toutes les entreprises présentes dans le pays, qu’elles soient russes ou étrangères, doivent « adapter la production au travail en temps de guerre » et « aider les commissariats militaires dans leurs activités de mobilisation (…) y compris en veillant à ce que les citoyens qui travaillent dans ces organisations soient alertés et présents en temps opportun (…) aux points de rassemblement ou dans les unités militaires ».
Elles sont également tenues de « fournir les informations nécessaires à l’élaboration et à l’exécution des activités de mobilisation selon les modalités fixées », mais aussi « fournir des bâtiments, des structures, des communications, des terrains, des transports et d’autres moyens matériels conformément aux plans de mobilisation ».
En bref, toutes les entreprises présentes en Russie doivent contribuer à l’effort de guerre.
Big Tobacco, grand pourvoyeur de fonds pour la Russie
Et si toutes les entreprises en activité sur le territoire fournissent ainsi une aide logistique et financière au pays, l’activité de certaines rapporterait plusieurs milliards de dollars au pays. Ce serait notamment le cas de British American Tobacco (BAT), Japan Tobacco International (JTI) et Philip Morris International (PMI), qui auraient payé 480 milliards de roubles, soit 6,8 milliards d’euros, au trésor public russe par le biais de taxes, et ce uniquement depuis le début de la guerre. 3 géants du tabac qui représenteraient 90 % du marché des cigarettes en Russie.
Pour Bob Seely, député du Foreign Affairs Committee, il est « complètement anormal que ces firmes occidentales continuent de payer des montants significatifs de taxes à la Russie, car une grande partie des dépenses de l’État sert maintenant à financer la guerre en Ukraine qui tue des gens en grand nombre ».
« Ces entreprises ont dit qu’elles ne soutiendraient pas l’État russe et qu’elles feraient ce qu’il faut, mais elles ne l’ont manifestement pas fait », ajoute-t-il.
Comble du cynisme, alors que certaines photos partagées avec The Telegraph montreraient des publicités de PMI en Ukraine incitant les consommateurs à faire des dons pour soutenir le pays, les derniers résultats publiés par le cigarettier montrent qu’il aurait vendu 14 milliards de cigarettes au troisième trimestre, contre 10 au premier, dont une partie en Russie.
Pour Deborah Arnott, directrice d’Action on Smoking and Health (ASH), « il n’est guère surprenant que Big Tobacco pense qu’ils peuvent continuer à commercer, peu importe ce que fait la Russie, car il s’agit d’une industrie sans boussole morale, dont les produits ont tué environ 100 millions de personnes au XXe siècle et sont sur le point d’en tuer un milliard au XXIe siècle ».
À l’heure actuelle, seule Imperial Brands a suspendu toutes ses activités en Russie.