James Duke, un fumeur de cigare qui a inventé la cigarette

James Duke, un fumeur de cigare qui a inventé la cigarette

La culture du tabac a véritablement pris son essor aux alentours du 15eme siècle avec la rencontre entre Christophe Colomb et les populations amérindiennes. En effet ceux que l’on appellera à tort “les Indiens” fumaient déja cette plante soit au moyen d’un calumet, soit en inhalant la fumée qui sortait d’un long tuyau appelé «tabagos».

Si les Européens ont vite adopté ce qui deviendra une mauvaise habitude, ce n’est véritablement qu’à partir du 19eme siècle que la cigarette dite “pré-roulée” va envahir les foyers américains, avant de s’imposer dans le reste du monde, sous l’impulsion d’un industriel : James Duke.

Au 19eme siècle la cigarette “pré-roulée” n’était qu’un marché de niche

En 1880 James Duke a 24 ans et reprend avec son frère la petite manufacture de cigarettes pré-roulées qui appartenait à leur père. A lépoque les cigarettes roulées à la main ne représentaient qu’un marché de niche (marché avec une faible demande). En effet à l’époque le tabac est surtout consommé en étant chiqué (mâché), dans une pipe ou sous forme de cigares.

La rencontre avec James Bonsack

Deux ans plus tard, James Duke rencontre un mécanicien du nom de James Bonsack qui lui confie qu’il est tout à fait en mesure de mécaniser la fabrication de cigarettes. Duke convaincu que les gens seront séduits par des cigarettes proprement roulées, s’associe avec James Bonsack et l’aide à concevoir sa machine, en échange il obtiendra un contrat d’exploitation avantageux.

L’ajout des premiers produits chimiques dans le tabac

Avant de lancer la production de la nouvelle machine les deux associés ont dû répondre à un défi de taille : empêcher que le tabac ne se désseche. En effet à l’époque on roulait les cigarettes en tordant leurs extremités pour préserver la fraicheur du tabac, la machine de bonsack elle ne pouvait produire que des tubes ouverts de bout en bout, cette problématique entraînera l’introduction des premiers additifs dans le tabac : Mélasse, glycérine, sucre et bien d’autres produits chimiques.

Le début des grandes manoeuvres

La machine à fabriquer des cigarettes de James Bonsack

Si tôt la machine terminée la petite manufacture de tabac de Durham (Caroline du nord) s’est vue métamorphosée. Alors que l’équipe d’ouvrières parevenait à produire 200 cigarettes à la journée, la machine de bonsack elle, en produira 120 000 dès le premier jour, soit ⅕ ème de la consommation des Etats-unis de l’époque. James Duke s’est donc retrouvé avec infiniment plus de cigarettes qu’il ne pouvait en vendre.

Pour écouler son stock et imposer son produit celui que l’on surnommait “Buck” va immédiatement multiplier les actions marketing : il va sponsoriser des courses hippiques, introduire des cartes à collectionner dans les paquets, offrir ses cigarettes en lots dans les concours de beauté et même faire de la publicité dans les tout premiers magazines.

La cigarette jugée comme meilleure pour la santé

L’ironie de l’histoire veut que James Duke parviendra à imposer les cigarettes pré-roulées en vantant les mérites hygiéniques de son produit, attaquant de front le produit qui dominait le marché à l’époque. Roulé à la main et scellé à l’aide de la salive le cigare est jugé dans les campagnes de publicité de Duke comme un produit moins sûr. C’est aspect plus “doux” permettra également au “Buck” d’introduire ses cigarettes dans les salons et restaurants où cigares et pipes étaient interdits.

James Duke : visionnaire ou meurtrier ?

Si aujourd’hui il est perçu comme un marchand de mort, il faut garder à l’esprit qu’à l’époque le cancer du poumon était extrêmement rare (quelques cas par décennie) et qu’on ne savait rien de la nocivité du tabac. Même si la manière dont il a révolutionné le marché, va entrainer la création d’une industrie qui causera des millions de morts, James Duke était avant tout un formidable entrepreneur : en 1890 soit dix ans après avoir repris la petite société de son père il controlaît déjà 40% du marché américain, plus tard il fondera également la compagnie Duke Energy qui existe encore de nos jours.

Les chiffres qui font mal

Robert N. Proctor : l’historien du tabac

En conclusion, nous citerons Mr Robert N. Proctor, l’auteur du fameux livre ‘Golden Holocaust’ que nous vous recommandons d’acheter, car il aide à détester encore plus la cigarette et sans doute à faire le bon choix.

Proctor nous rappelle que statistiquement les cigarettes causent à peu près un mort par million fumées. Sachant que les cigarettiers encaissent environ un centime de dollar (penny) par cigarette vendue, cela signifie que la valeur d’une vie pour un fabricant de cigarettes est d’environ 10’000 dollars.

Références :

James Buchanan Duke: Father of the modern cigarette : http://www.bbc.co.uk/news/magazine-20042217

The history of the discovery of the cigarette–lung cancer link: evidentiary traditions, corporate denial, global toll (R.N. Proctor) : http://tobaccocontrol.bmj.com/content/21/2/87.full?sid=26b4719a-7d5f-48f4-9327-263fabfbd8ac

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