Les Mods, les atomiseurs reconstructibles, les drippers ou de manière plus générale l’ensemble des modifications apportées au matériel de vape, pourraient soulever de sérieuses interrogations scientifiques selon le New York Times.
Température de chauffe et formaldéhyde au cœur des prochains débats scientifiques
Le célèbre quotidien américain fait écho de deux études, dont la première concerne celle de Maciej L. Goniewicz qui sera prochainement publiée dans le Journal Nicotine and Tobacco Research [1]. L’éternel débat de la température de chauffe, débat qui n’a même pas encore commencé selon Farsalinos tant les données scientifiques manquent, pourrait avancer d’un pas de plus dans les prochaines semaines.
Une seconde étude, cette fois-ci du Dr. Alan Shihadeh est également mentionnée dans l’article du New York Times. Ce directeur du projet au centre d’études sur les produits du tabac de la “Virginia Commonwealth University” se serait quant à lui penché sur les techniques de vape plus avancées, tel que le dripping qui consiste à placer du e-liquide directement sur la mèche. Comme celle de Goniewicz, l’étude mettrait l’accent sur les températures de chauffe.
Le composé principal dont il pourrait être question est le formaldéhyde. “Récemment mis en cause dans la survenue de cancers nasopharyngés” selon l’INRS, le formaldéhyde avait été déjà à plusieurs reprises détecté dans la vapeur émise par certaines cigarettes électroniques, mais à des niveaux bien inférieurs que ceux compris dans la fumée des cigarettes conventionnelles. Naturellement présent dans l’environnement et même issu de la respiration humaine, ce composé, avec l’acroléine, pourrait être au cœur des prochaines discussions scientifiques.
L’alarmisme que les médias vont néanmoins contribuer à créer une fois les études révisées par les pairs et publiées, devra avant tout être relativisé par le vapoteur qui s’est tout de même débarrassé des centaines de composés toxiques issus de la combustion du tabac (dont une soixantaine est cancérigène). La réduction des risques se doit néanmoins d’être optimisée ou tout du moins comprise dans son ensemble si l’on veut tirer le meilleur parti du vaporisateur personnel et toute nouvelle donnée scientifique est précieuse.
A la lumière de ces prochaines conclusions il se pourrait que la sensibilisation des consommateurs sur le power vaping, cette technique de vape qui consiste à produire le plus de vapeur possible, pourrait représentée un futur axe d’information important.
En l’absence de publications officielles, il est encore aujourd’hui difficile de trouver des informations précises sur ces deux nouvelles études. Nous reviendrons donc sur ce sujet très prochainement, sans doute avec l’éclairage de Jacques Le Houezec.
La réaction de Konstantinos Farsalinos
Nous savons que la dégradation thermique peut conduire à la libération de substances chimiques toxiques. Et nous savons que le formaldéhyde, l’acétaldéhyde et l’acroléine ont été trouvés dans la vapeur. Il n’y a rien de nouveau à cela. Cependant, cette étude a révélé que les niveaux peuvent se rapprocher de ceux présents dans les cigarettes de tabac.
Les chercheurs ont utilisé une batterie Ego Twist (tension variable) et un clearomiseur dont la résistance se situe en haut (marque inconnue, valeur inconnue). À 3,2 et 4,0 volts , les niveaux de formaldéhyde étaient 13 à 807 fois plus faibles que ceux contenus dans la fumée des cigarettes de tabac ! À 4,8 volts , les concentrations de formaldéhyde ont été augmentées jusqu’à 200 fois, et ont atteint des niveaux similaires à ceux d’une cigarette de tabac.
La principale critique de cette étude est que, à mon avis, il est très peu probable qu’un atomiseur avec une résistance vers le haut comme celui utilisé dans cette étude puisse être utilisé à 4,8 volts. Une résistance de 2,2 ohms représenterait une puissance de 10,4 watts délivrée à l’atomiseur. J’ai personnellement fait l’essai à 10 watts sur un Mod Joyetech Evic équipé d’un Vivi Nova avec résistance vers le haut, et de nombreux vapoteurs étaient incapables de l’utiliser en raison du dry hit très important (bouffée âcre ou sèche en raison du manque d’alimentation en e-liquide). Il me semble important de commencer à utiliser du matériel de dernière génération dans les études, comme les reconstructibles ou atomiseurs avec résistances situées vers le bas. Je suis certain que, grâce à une meilleure réalimentation en liquide entre la résistance et la mèche, les résultats seront bien différents.
Un autre point important est que, bien que les niveaux de formaldéhyde peuvent être similaires à ceux du tabac fumé, plusieurs autres produits chimiques toxiques sont totalement absents de la vapeur e-cigarette. Par exemple, l’acroléine était complètement absente en utilisant des liquides avec du glycérol à titre d’ingrédient principal. En fait les liquides à base de glycérine végétale avaient des niveaux de formaldéhyde moins importants que ceux contenants du PG ou un mélange PG / VG, ce qui suggère qu’ils sont plus sûrs à utiliser. Ceci étant et d’une manière générale, trouver quelques produits chimiques à de tels niveaux ne signifie pas pour autant que le risque est équivalent aux cigarettes de tabac .
Concernant les remarques faites sur le dripping, nous devons admettre que cette technique de vape ne permet pas à l’utilisateur de voir la quantité de liquide présent dans l’atomiseur. La même chose arrive avec les cartomiseurs. Les clearomiseurs semblent être par conséquent l’avenir de l’e-cigarette, en donnant aux consommateurs la possibilité de savoir quand ils ont besoin de recharger l’atomiseur en e-liquide.
[Traduit de l’anglais d’après l’article original]
[1] Carbonyl Compounds in Electronic Cigarette Vapors—Effects of Nicotine Solvent and Battery Output Voltage (Leon Kosmider, Andrzej Sobczak, Maciej Fik, Jakub Knysak, Marzena Zaciera, Jolanta Kurek and Maciej Lukasz Goniewicz) – Nicotine Tob Res (2014)
doi: 10.1093/ntr/ntu078