La Fondation pour un monde sans tabac a annoncé le 25 octobre dernier que Derek Yach quittait la présidence de l’association et la présidence de son conseil d’administration. Deux intérimaires ont été nommés en attendant le choix d’un nouveau président.
Yach prend l’eau
« Après mûre réflexion, le conseil d’administration a déterminé que le moment était venu de nommer un nouveau dirigeant pour guider les efforts essentiels de la fondation, de son équipe et de son travail avec des partenaires du monde entier ». C’est par cette déclaration de Pamela Parizek qu’a été annoncé le départ de Derek Yach de la direction de la Fondation pour un monde sans tabac (Fondation for a smoke free world, FFSFW).
Docteur en médecine, ce dernier n’a pas eu un parcours conventionnel. Cadre à l’OMS, il s’est attiré les foudres de l’institution en défendant la place de la cigarette électronique dans le sevrage tabagique, contre l’avis de ses collègues. Puis il a pris, en septembre 2018, la tête de la fraîchement créée « Fondation for a smoke free world », dotée d’un milliard de dollars par Philip Morris, le fabricant de Marlboro.
Ce qui n’a pas manqué de faire jaser, puisque Derek Yach devenait, par ricochet, l’employé d’une entreprise qu’il avait combattu pendant des années. Pourtant, son CV et son engagement dans la lutte antitabac étaient sans tâches.
Son départ interroge. Heidi Goldstein, avocate générale, et David Janazzo, directeur financier et vice-président exécutif des opérations et des finances, seront les co-présidents par intérim de la Fondation, et Pamela Parizek a pris la présidence du conseil d’administration. Tout cela semble précipité, et aucune justification n’a été donnée sur le départ soudain de Derek Yach.
Tout au plus, la fondation a précisé : « Alors que nous continuons à prendre des mesures urgentes pour accélérer les progrès en vue de mettre fin au tabagisme dans cette génération, nous nous réjouissons de cette opportunité de faire passer la Fondation à un niveau supérieur ».
Derek Yach a, quand a lui, contribué par quelques lignes politiquement très correctes dans le communiqué de presse : « Le travail continu de la Fondation pour mettre fin à la plus grande cause de décès évitable dans le monde ne pourrait être plus nécessaire aujourd’hui. Je quitte la Fondation avec la profonde satisfaction de savoir que nous avons maintenant un cadre émergent de centaines de chercheurs, de défenseurs et de scientifiques de l’industrie qui se consacrent à cet objectif. Mes efforts futurs visent à les compléter ».
Restera donc une grande interrogation sur les circonstances exactes de son départ. Peut-être que l’industrie du tabac s’est soudainement rendu compte que, lorsqu’elle parlait d’un « monde sans tabac », Derek Yach les avait pris au mot ?