“Si rien ne change, un milliard d’êtres humains mourront de leur tabagisme au XXIe siècle” martèle l’OMS. A travers la planète, la lutte contre le tabagisme est devenu l’un des axes majeurs de santé publique. Alors que la Corée du Nord pourrait être citée comme un exemple à suivre, la question de la ligne rouge est posée.

La Corée du Nord a interdit la cigarette électronique

Le 19 septembre dernier, l’OMS rappellait aux États membres de la Convention Cadre mondiale de la Lutte Anti-Tabac (CCLAT) leur engagement à envisager “l’interdiction ou la restriction de la fabrication, l’importation, la distribution, la présentation, la vente et l’utilisation des produits du vapotage, en fonction de leur législation nationale et de leurs objectifs de santé publique“. La prochaine étape pourrait bien être de recommander de s’inspirer de l’exemple de la Corée du Nord.

C’est en tous cas l’avis que le Dr Jagdish Kaur, conseillère au bureau de l’OMS dans la région sud est asiatique, a exposé dans un article publié dans la revue de santé publique indienne (Indian Journal of Public Health).

L’interdiction des ENDS (1) dans la région du Sud-Est Asiatique semble être l’approche la plus probable actuellement. Dans la région, le Timor oriental, la République populaire démocratique de Corée et la Thaïlande (ndlr : un autre exemple de démocratie) en ont pris l’initiative. Les autres pays de la région devraient suivre leur exemple“.

Malgré les dégâts du tabac, les initiatives doivent-elles être systématiquement soutenues ?

L’agence de santé des Nations Unies porte l’ambition d’éradiquer la consommation de tabac sous toutes ses formes. Malgré le fléau de santé publique, certaines lignes rouges doivent-elles s’imposer à la lutte contre le tabagisme ?

A cette question, les combattants du tabac au sein de l’OMS semblent répondre non. Félicitations publiques de féroces dictateurs, appel à prioriser la lutte anti-tabac dans des pays ravagés par la guerre en témoignent.

Le 1er juin 2016, à l’occasion de la journée mondiale sans tabac, l’OMS publiait un communiqué d’une “insoutenable légèreté” selon Le Monde. L’organisation insistait sur l’urgence de réduire le tabagisme en Syrie et de mettre en place le paquet neutre “malgré la crise actuelle dans le pays“. 

Quelques mois plus tard, le 10 octobre 2016, Vera daCosta e Silva, chef du secrétariat de la CCLAT, twittait ses félicitations au président philippin, Rodrigo Duterte qui s’apprêtait à signer la convention cadre de lutte contre le tabac.

Le Monde avait à cette date déjà dénoncé “la lutte contre la drogue (qui) vire au carnage“, France24 un président qui “clame haut et fort vouloir tuer “les fils de pute de trafiquants”” et Amnesty international  retraçait déjàLes 100 jours de carnage du président Rodrigo Duterte“.

Les rédacteurs de la convention soulignaient dans le Préambule le rôle de la société civile et rappellaient les droits de l’Homme que la Convention-cadre vise à protéger. Ils définissaient aussi dans l’article 1 de la convention ce qu’est la lutte antitabac : “toute une série de stratégies de réduction de l’offre, de la demande et des effets nocifs visant à améliorer la santé d’une population en éliminant ou en réduisant sa consommation de produits du tabac et l’exposition de celle-ci à la fumée du tabac”.

 

La guerre à l’encontre du vapotage réaffirmée ces derniers jours, l’exclusion de la presse des dernières COP (conférences des parties) sont ils des indices que la convention peu à peu s’éloigne de ses principes fondateurs ?


(1) ENDS acronyme de “Electronic Nicotine Delivery Systems” est la terminologie de l’OMS pour désigner les produits du vapotage contenant de la nicotine.

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