Brad Rodu, qui critique très souvent les politiques anti-tabac américaines, revient sur une affaire de conflits d’intérêts qui concerne la puissante FDA, l’agence américaine qui contrôle les produits alimentaires et médicamenteux aux États-Unis. L’organisme qui souhaite classer l’e-cigarette comme un produit du tabac et y appliquer des restrictions similaires, organise aujourd’hui même une audience publique en vue de récolter différents points de vue sur le sujet du vaporisateur.

Dans un billet du 5 mars 2015 Brad Rodu explique qu’une série de conflits d’intérêt indéniables a conduit au remplacement de plusieurs membres du Comité consultatif scientifique des produits du tabac (TPSAC) de la FDA américaine. Voici la traduction de ses propos :

“En juillet dernier, le juge fédéral américain Richard Leon avait statué que « la présence de membres impliqués dans des conflits d’intérêt au sein du TPSAC avait irrévocablement entaché sa composition même et son travail » et que « les résultats du Comité et ses recommandations… étaient pour le moins suspects, voire peu fiables dans le pire des cas. (lien

L’industrie pharmaceutique aux commandes

“Levez la main si vous avez un quelconque conflit d’intérêt financier dans cette décision …”

Aujourd’hui, Mitch Zeller, directeur du Centre de la FDA pour les produits du tabac a annoncé que « suite aux critères élargis (de conflits d’intérêt) évoqués par le juge Leon, chaque membre votant du TPSAC était passé au crible et que quatre d’entre eux, dont le président du Comité Jonathan Samet, Claudia Barone, Joanna Cohen et Suchitra Krishnan-Sarin, avaient soit démissionné, soit leur mandat avait pris fin ». Pebbles Fagan, Gary A. Giovino et Thomas E. Novotny les ont remplacés au sein du Comité alors que le poste de président est toujours vacant.

Le juge Leon a statué que Jonathan Samet était en conflit d’intérêt car « il avait reçu des subventions de GlaxoSmithKline (géant pharmaceutique) à six reprises au moins, y compris en 2010. Il était également à la tête de l’Institut pour la lutte antitabac mondiale, financé par GSK et Pfizer. Le Dr. Samet avait également témoigné contre des fabricants de produits du tabac… il a été désigné pour témoigner dans deux procès sur le tabac toujours en cours ». J’ai noté que Claudia Barone était également en conflit d’intérêt suite à une subvention de Pfizer en 2013 qui avait précédé sa nomination au TPSAC en 2014 (lien).

J’ai signalé que le Dr. Samet et Suchitra Krishnan-Sarin étaient également en conflit d’intérêt car ils avaient reçu d’importantes subventions de la part de l’Institut américain de la santé (NIH) (8 millions de dollars pour le Dr. Samet et 5.8 millions de dollars pour Suchitra Krishnan-Sarin). Les membres actuels du TPSAC qui reçoivent d’importants financements de NIH incluent Kurt Ribisl ($9.2 millions en 2014), Thomas Eissenberg ($3.9 millions), Richard O’Connor ($0.5 million) et Warren Bickel ($0.4 million) (lien).

Les experts peuvent être influencés par le soutien financier considérable qu’offrent des organisations luttant pour une société sans tabac, un euphémisme pour l’éradication de l’industrie du tabac (un objectif qui va à l’encontre des principes de réglementation). En vue d’éviter toute inconvenance, les personnes qui reçoivent des financements de l‘Institut national du cancer, de l’Association américaine du cœur, de l’Association américaine du poumon, de l’Institut national de la santé, des Centres pour le contrôle et la prévention des maladies ou de la Fondation Robert Wood Johnson ne devraient pas être éligibles pour devenir membres du TPSAC.”


D’après l’article Conflicts of Interest Exposed, FDA Reorganizes Tobacco Advisory Panel.

 

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