Quel est le lien entre la théorie de la passerelle et Alfred Hitchcock ? Aucun… Pour le moment, puisque c’est vous qui allez le faire. Voici sous vos yeux ébahis le premier article du vendredi interactif.

La vape est une explosion de violence

Il y a une théorie, et je suppose, fidèle lectrice, fidèle lecteur, que vous la connaissez, c’est la « théorie de la passerelle ». Elle consiste à affirmer que la vape attirerait les jeunes, grâce à ses goûts délicieux, son aspect technologique et ses épais nuages de vapeur amusants. Une fois le jeune capté, elle le rendrait dépendant de la nicotine, avant de le jeter dans les filets de la cigarette tabac, avec son goût immonde, son nuage de fumée rikiki et nauséabonde, son allumage à l’ancienne et son côté ringard.

Les tenants de cette théorie ne se basent sur aucune preuve scientifique.

Ceci, pour deux raisons : la première, mais ils n’aiment pas trop en parler, c’est que dès que la science décide d’essayer de vérifier la réalité de cette théorie de la passerelle, elle finit toujours par arriver à la conclusion que c’est un assez incroyable ramassis de foutaises.

La seconde raison, c’est que les gens qui soutiennent cette théorie sont des sachants, du verbe sachoir. Ils n’ont pas besoin de scruter la réalité et de poser des hypothèses ensuite pendant des heures, des jours, des années, avant d’obtenir une théorie qu’ils passeront ensuite des heures, des jours, des années à revérifier, pour la comprendre, ils ont juste besoin de s’asseoir dans leur fauteuil Freud et de réfléchir à ce qu’ils vont décider de ce qu’est la réalité.

Ces sachants ont toujours existé, et dans tous les domaines. Par exemple, si comme moi vous avez fait partie d’une génération qui adorait les films d’horreur, découvrait émerveillée les jeux vidéo et jouait à Donjons et Dragons (si vous étiez un bourrin, ou à l’Appel de Cthulhu, si vous faisiez partie de l’élite, oui, j’assume, et on dit pain au chocolat), alors vous aurez l’impression qu’ils vous en veulent personnellement.

La vape qui incite au tabagisme, quand j’entends ça, ça me fait toujours furieusement penser aux sachants qui vous expliquent que la violence dans la fiction incite au passage à l’acte dans la vie réelle. Et le problème n’est pas neuf. La violence dans la fiction ne rend pas violent dans la réalité, et je le sais, parce que je regarde plein de films d’horreur et ceux qui disent que je suis violent j’ai envie de les buter. Pardon. Reprenons. 

En 1963, Alfred Hitchcock était interrogé par un psychiatre pour enfants, lors d’une rencontre organisée par la presse. Le psy reprochait au cinéaste de banaliser la violence à travers ses films.

Hitchcock lui répondit, avec un air placide : « Un type a assassiné une femme à Los Angeles. Son avocat a dit aux juges qu’il l’avait fait après avoir vu Psychose au cinéma. C’était son troisième meurtre. Ce que je veux savoir, c’est le titre des films qu’il a vu avant de commettre les deux premiers ».

Voilà. Je vous laisse vous amuser en commentaires à adapter cette réplique à la théorie de la passerelle, quelque chose me dit qu’on va s’amuser.

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