Le vapotage passif par opposition au tabagisme passif, ne serait pas une réalité selon une étude française récente.

Le vapotage passif par opposition au tabagisme passif, ne serait pas une réalité selon une récente étude française.

C’est la grande nouvelle de la journée d’hier et je dois cet éclairage à Jacques Le Houezec qui a partagé l’info sur sa page facebook.

La vapote passive vient de se faire enterrer pour de bon par des chercheurs français et chose assez surprenante, le nom de l’un d’entre eux vous sera très certainement familier : le professeur Dautzenberg.

On l’avait très mal accueilli avec son enquête auprès des écoliers parisiens et du risque d’initiation au tabagisme qui avait servi dans la presse de conclusion alarmiste (les jeunes pourraient se mettre à fumer en commençant à vapoter). Même si ce principe me parait toujours très discutable, sa participation à cette étude redonne, de mon point de vue, certaines couleurs à son image.

Publiée en ligne le 17 avril 2013 dans la Revue des Maladies Respiratoires, l’étude dont il est question aujourd’hui ravira sans doute les défenseurs des libertés individuelles et de la vapote publique.

La vapeur rejetée dans l’air par un vapoteur aurait une durée de vie de 11 secondes

Le résumé de l’étude est assez indigeste pour un non-scientifique comme moi, on y parle d’impacteur électrostatique à basse pression pour observer la taille des gouttelettes qui composent l’aérosol (la vapeur) et de taille médiane D50 pour apprécier leur diamètre moyen.

Résumé plus simplement, les chercheurs ont mesuré dans cette étude la durée de vie et la manière dont la vapeur d’une ecig se propage dans les poumons et dans l’air ambiant. Les mêmes mesures ont ensuite été appliquées à la fumée d’une cigarette et d’une chicha pour comparaison.

Paradoxalement il m’a fallu lire la version anglaise pour comprendre un peu mieux le résumé de cette étude, la version française étant plus concise et n’expliquant pas tout à fait pas les mêmes choses. J’ai compris que l’épaisseur de la vapeur d’une ecig était divisée par deux entre l’inhalation et l’expiration. La taille des gouttelettes qui composent la vapeur de la cigarette électronique testée (Cigarettec®), oscille entre 0,65 μm et 0,60 μm à l’inhalation contre 0,34 μm et 0,29 μm à l’expiration. Les légères différences se situent dans la teneur (ou non) en nicotine du e-liquide.

La phrase importante de cette étude concerne la durée de “demi-vie” de la vapeur, une fois rejetée dans l’air par le vapoteur. 11 secondes serait le temps observé pour voir nos volutes s’évanouir à jamais. Un chiffre qui vient fortement contraster les 19 à 20 minutes nécessaires à la fumée d’une cigarette Gauloise pour disparaître à son tour.

Les chercheurs concluent que la cigarette électronique ne représente pas de risque réel de “tabagisme passif”.

La conclusion fait un peu sourire car on se demande comment un produit sans tabac pourrait causer un tabagisme, qui plus est passif. Je comprends néanmoins la crainte d’utiliser le néologisme “vapoter” qui ne fait sans doute pas très sérieux.

Quand on lit la suite du résumé on apprend également que 26% de la vapeur totale se déposerait dans les voies respiratoires du vapoteur et 14% dans ses alvéoles. Selon les chercheurs ces données restent proches de celles déjà observées pour la fumée de cigarette.

Au sujet du tabagisme passif, j’ai noté enfin que la version anglaise du résumé parle de risque modeste alors que la version française parle d’absence de risque réel. Je ne sais pas trop quoi en penser.

La question de la vapote passive est-elle à tout jamais réglée ?

Je pense qu’avec une étude comme celle-ci, la vapote passive est définitivement devenue un mythe, un principe inventé par les détracteurs de la cigarette électronique qui ne voient en elle qu’une version moderne et trompeuse de la cigarette au tabac. Si pas de tabagisme passif, alors pourquoi vouloir l’interdire dans les lieux publics ?

En revanche il faut aussi garder en mémoire les autres études qui nous disent le contraire. Je pense notamment à l’étude de Schripp publiée en février dernier : “Does e-cigarette consumption cause passive vaping?” et qui concluait que la cigarette électronique constituait bel et bien une nouvelle source d’exposition chimique pour l’entourage. Reste à savoir quelles sont les différences dans les protocoles expérimentaux …

J’ai du mal à imaginer que quelqu’un en France n’ose contredire le professeur Dautzenberg, et pour le coup c’est une bonne chose. Nous voilà avec une étude positive en provenance d’un scientifique quasi responsable du devenir de la vapote héxagonale. Attendons la suite des évènements avec notamment le rapport que lui et son équipe sont censés rendre mi-mai à la ministre Marisol Touraine, et restons sur nos gardes car à ma connaissance le professeur Dautzenberg reste à priori très favorable à une ecig médicament.

Références

Comparaison de l’aérosol de la cigarette électronique à celui des cigarettes ordinaires et de la chicha
J.-F. Bertholon, M.H. Becquemin, M. Roy, F. Roy, D. Ledur, I. Annesi Maesano, B. Dautzenberg
Revue des Maladies Respiratoires, Date de publication en ligne : 17 April 2013
http://dx.doi.org/10.1016/j.rmr.2013.03.003

Image tirée de la publication

La vapeur d’une ecig ne reste que très peu de temps dans l’air  (comparaison avec la fumée d’une cigarette)

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