Le responsable de la Chaine de la Vape, Dominique Aubert, s’est rendu ce mercredi 4 février 2015 à la conférence de presse très intimiste organisée par Fontem Ventures, filiale d’Imperial Tobacco, pour le lancement de la cigarette électronique JAI. Ce rendez-vous souligné fermement par l’association de professionnels FIVAPE s’est tenu à l’hôtel Intercontinental de la rue Scribe à Paris.
Parmi les quelques personnes venues assister à cette conférence (essentiellement des journalistes du Parisien, Les Echos, Europe 1, RTL et 20 minutes), quelques vapoteurs engagés se sont rendus sur place mais aucun n’a pu pénétrer dans la salle. C’est dans les couloirs de l’hôtel que La Chaine de la Vape a pu réaliser un interview de madame Heidi Theys, directrice développement et innovation chez Fontem Ventures, publié aujourd’hui.
Nous sommes les experts
Alors que la porte parole de la marque cousine des cigarettes Gauloises, Royal ou encore Fortuna, ne semble pas réfuter le fait que l’industrie du tabac élabore des recettes pernicieuses visant à augmenter le caractère addictif de la fumée du tabac, madame Theys se montre rassurante sur la qualité de ses produits et confiante dans la capacité de Fontem Ventures à jouer un rôle important dans le secteur de l’e-cigarette en France.
En se vantant d’avoir à leurs côtés l’inventeur de la cigarette électronique industrielle Hon Lik (même si l’inventeur du concept serait en fait plutôt attribué à Herbert Gilbert en 1963), Fontem Ventures clame une certaine légitimité dans la fabrication et le commerce d’e-cigarettes. “Nous avons acheté sa société, nous sommes donc les experts pour ce qui est technologie” explique madame Theys.
Ainsi une cigalike utilisant des cartomiseurs à trois saveurs, soit un modèle de première génération dépassé depuis maintenant quelques années et dont la faible efficacité a été démontrée, serait représentatif de cette nouvelle expertise technologique censée venir équiper d’ici quelques semaines les milliers de bureaux de tabac français.
Quant à l’argumentaire sur les méthodes de fabrication faisant appel aux grades pharmaceutiques et à la culture aromatique de la ville de Grasse, il ne semble apporter aucune nouveauté dans le monde technique de la vape comparativement à des fabricants français bien implantés.
Éduquer les fumeurs
Les bureaux de tabac, enseignes d’un genre bien particulier choisies pour commercialiser ce produit, seront donc le terrain favorable à une nouvelle éducation du consommateur selon Fontem Ventures. “[…] Nous avons délibérément choisi de travailler avec les buralistes. Pour nous aider à éduquer les fumeurs, à éduquer les consommateurs à propos de cette nouvelle catégorie de produit de vape.”
“[…] Vapoter n’est pas fumer, et il est très important que nos fumeurs et nos consommateurs soient conscients de cela” indique la porte-parole de Fontem Ventures, qui ne précise pas en revanche, si le programme pédagogique de son employeur s’inscrit dans une lutte contre la mortalité prématurée des fumeurs ou dans l’acquisition cynique d’un nouveau marché.
Plus cigarette que vapoteuse
Une seconde filiale d’Imperial Tobacco, Altadis, s’est elle aussi exprimée dans la presse pour annoncer le lancement de ce nouveau produit mais ne semble pas faire la même distinction entre e-cigarette et tabac. Cette multinationale du secteur du tabac et de la distribution rachetée en 2008 par Imperial Tobacco explique en effet dans un communiqué que la JAI se rapproche plus du tabac que de la vapoteuse.
[Mise à jour 12 février 2015 : L’agence Aspect nous informe que : “Suite à la confirmation écrite de societe.com, nous signalons que la source utilisée pour ce billet est un article intitulé « La SEITA crée une cigarette électronique », et hébergé à l’adresse http://www.societe.com/actualites/la_seita_cree_une_cigarette_electronique-3528.html, article rédigé par un journaliste de societe.com, en l’occurence publié le 05/02 à 13h sous le nom de Laurent Baquista, et en aucun cas un communiqué officiel de SEITA, Altadis ou d’une quelconque entreprise liée au groupe Imperial Tobacco.“]
“JAI reprend tous les codes de l’univers du tabac : comme une cigarette, elle est fine et se tient à deux doigts. Lorsque l’on tire dessus, une diode s’allume pour rappeler l’incandescence de la cigarette. Elle est vendue au prix de 19 EUR, conditionnée dans un étui de voyage contenant le chargeur et deux recharges (équivalent de trois paquets), et cet étui a la forme d’un briquet. Elle sera en vente sur Internet, mais surtout dans les 14 000 bureaux de tabac les plus importants de France, où se concentrent 80% des ventes.”
Le cigarettier jouerait-il alors sur la confusion des genres ? C’est en tous cas la vision du pneumologue Bertrand Dautzenberg qui, très sensible aux stratégies de l’industrie du tabac, avait déjà qualifié cette semaine la JAI de produit “conçu pour rester fumeur”.
Si l’on pourrait saluer l’effort de l’industriel de proposer des produits à nocivité réduite, rien ne permet de savoir si aujourd’hui le consommateur de tabac est invité ou non à se tourner vers cette méthode. La liberté individuelle, valeur fondamentale protégeant la fabrication de produits à risques, reste ici encore bien conservée. Le consommateur ou le fumeur doit tout simplement être informé qu’il existe désormais de “nouvelles expériences”.