Le E-liquide avait, comme chaque année, la part belle au salon Vapexpo. Et parmi les fabricants traditionnels se trouvaient également des sociétés spécialisées dans les e-liquides au CBD. Autant le dire de suite : la déception était au rendez-vous, avec de surcroît des débordements, certes marginaux, mais réels.
Opinion
Le CBD : plus dure sera la chute ?
Autant le dire de suite : le Vapexpo lillois était une édition particulièrement réussie et très, très fréquentée. Autant par des exposants que par les visiteurs, d’ailleurs. Tendances, nouveautés, tout y était. Et, donc, forcément, le CBD. Qu’il soit proposé directement par les fabricants ou par des distributeurs, la molécule était bien présente au salon. Dans l’indifférence quasi-générale.
C’est peut être un tantinet exagéré, mais le fait est là : la foule se pressait devant les stands de liquides, mais accéder à un stand de fabricant de CBD était relativement aisé. L’engouement a semblé néanmoins se faire un petit peu sur la fin, mais une chose est incontestable : les visiteurs n’étaient pas venus pour le CBD.
Comme me l’ont confié plusieurs pros, qui travaillent sur le sujet, le produit a un avenir, mais il faut à présent travailler sur la réduction des coûts et sur l’utilisation précise de la molécule. Trop souvent, le client repart avec un flacon sans trop savoir comment l’utiliser, à quelle fréquence le vapoter…
Mais certains étaient prêts à tout pour vendre. Et là, c’est carton rouge.
Tu vas planer, Icare
Le premier carton rouge est pour ce vendeur de CBD auprès de qui je m’étais pourtant clairement identifié. « Bonjour, Guillaume Bailly, le Vaping Post, média sur la vape le plus lu dans les pays francophones ». Loyal, on est d’accord.
Un peu naïf, je lui demande quel dosage de CBD il faudrait que je choisisse pour tester un peu le produit et me rendre compte de ses effets. Et lui, benoîtement : « il faut au moins prendre du 1500, si tu veux bien planer ».
Oui, vous avez bien lu. Des mois que les fabricants de CBD sérieux expliquent à qui veut l’entendre, et à raison, que ce n’est pas une drogue récréative, que la molécule n’est pas psychoactive, que ça n’a rien à voir avec le cannabis vendu en barrettes pour se rouler des joints… Et lui, non, peur de rien.
Ce n’est pas la peine de prendre de tels dosages, je le précise de suite. Vous ne planerez pas. Le pire que vous risquez, c’est de vous endormir profondément le soir, avant la fin de votre film. Mais ce discours manque quand même drôlement de sérieux. Carton rouge.
En imper à la sortie de l’école
Deuxième carton rouge, c’est cette société qui, pour vendre son produit, avait trouvé un moyen original : des hôtesses qui distribuaient des sachets de bonbons dans les allées. A ne pas confondre avec les hôtesses du Vaping Post qui distribuaient des bonbons dans les allées, mais pas au CBD, nous.
Parce que distribuer des bonbons au CBD, comment dire ? Fausse bonne idée ? Imaginons qu’un journaliste plutôt antivape soit là, le magnifique sujet « Dans les allées du salon de la vape, on distribue des bonbons au cannabis en toute impunité ». Je sais, que ce n’est pas du cannabis, mais vous croyez qu’il va se gêner ?
Oui, imaginons la scène, un vapoteur rentre chez lui, pose le sachet sur une table, ses enfants arrivent, voient des bonbons et les gobent. Panique à la maison, le CBD, sur les enfants, on ne sait pas trop, c’est pas très bien, on se précipite aux urgences, et là, l’interne qui examine les bambins décroche sont téléphone pour alerter l’AFP. Chouette publicité pour la vape.
Bravo, bravissimo. Carton rouge aussi, c’est mérité.
Au passage, les équipes du Vapexpo n’avaient pas été prévenues et ne semblaient pas précisément ravies.
Le CBD a un avenir, c’est certain, et plusieurs professionnels vraiment sérieux, dans la vape, y travaillent. Et leur discours est le même : pour l’instant, il faut être extrêmement prudent, on avance à tâtons. Il semble que ce n’est pas le cas de tout le monde, et ça, c’est grave.