Si l’IQOS de Philip Morris International (PMI) est actuellement vendu dans plus de 50 pays, le cigarettier devra encore patienter avant de pouvoir s’attaquer au marché australien. En effet, l’administration vient de bloquer provisoirement l’arrivée du produit du tabac chauffé sur son territoire.
La nicotine, classifiée comme un poison en Australie
Cette situation conduit à une certaine complexité concernant la cigarette électronique. En effet, si la vente de vaporisateur personnel et d’e-liquide est légale, les produits nicotinés pour cigarettes électroniques, eux, sont très réglementés.
Il existe actuellement 3 façons de se procurer un produit nicotiné , et toutes requièrent l’autorisation d’un médecin :
- Un fumeur peut faire importer de l’étranger un stock de produits nicotinés pour 3 mois, dans le cadre du programme d’importation personnel de la Therapeutic Goods Administration,
- Une pharmacie agréée peut préparer un e-liquide nicotiné pour des patients,
- En achetant un produit contenant de la nicotine, qui a été approuvé par la TGA. Mais aujourd’hui, aucun produit de la vape ne l’a été.
La majorité des vapoteurs australiens est ainsi obligée de passer par le marché noir, ou des importations illégales depuis l’étranger, afin de se procurer des e-liquides nicotinés.
Si ces conditions laissent penser que la situation de la cigarette électronique est très mauvaise en Australie, elles ont au moins l’avantage de laisser les vaporisateurs personnels en libre accès. Ce qui ne sera pas le cas concernant l’IQOS de Philip Morris.
Un produit du tabac chauffé refusé
En effet, il y a quelques jours, la Therapeutic Goods Administration a rejeté une demande du cigarettier qui consistait à modifier la classification actuelle de la nicotine dans la loi australienne pour les produits du tabac chauffé. Une demande qui, si elle avait été acceptée, aurait pu permettre au géant de l’industrie du tabac de vendre son produit sur le territoire.
Seulement voilà, pour la TGA, il est hors de question de modifier la classification de la nicotine pour les produits du tabac chauffé.
En effet, l’organisme a indiqué dans sa publication (page 50) qu’après avoir examiné la proposition du demandeur (PMI), il a constaté que les produits du tabac chauffé posent « des problèmes de sécurité importants » et notamment « différents risques liés à l’utilisation de la nicotine dans le tabac lorsqu’il est préparé et conditionné pour être chauffé, sa toxicité et le potentiel d’abus sans bénéfice démontré de son utilisation ».
La TGA note également qu’après observation de la littérature scientifique à ce sujet, elle n’a pas identifié de « preuves convaincantes » permettant d’établir « un avantage pour la santé publique » d’un accès plus large à la nicotine via les produits du tabac chauffé.
Les auteurs indiquent notamment que des chercheurs indépendants ayant analysé les données fournies par le cigarettier n’ont trouvé « aucune différence statistiquement détectable entre les cigarettes IQOS et conventionnelles pour 23 des 24 biomarqueurs non cancéreux de dommages potentiels mesurés aux États-Unis, et 10 des 13 mesurés au Japon ».
La Therapeutic Goods Administration ajoute « ne pas être persuadée » que les produits du tabac chauffé n’attireraient pas les non fumeurs ainsi que les jeunes. En revanche, l’organisme indique être convaincu que ces produits peuvent exposer leurs utilisateurs à « toute une série de substances toxiques connues et inconnues ».
Bien que Philip Morris, lors de sa demande, ait présenté l’IQOS comme un outil de réduction des risques similaire aux thérapies de remplacement de la nicotine, la TGA indique « ne pas avoir trouvé de preuves convaincantes à l’appui de ces affirmations ».
Elle conclue en indiquant ne pas penser que les produits du tabac chauffé contribueraient « de manière significative à la réduction des risques pour la population ».
Simon Breheny, porte-parole de Philip Morris a déclaré que cette décision était décevante pour les « trois millions de fumeurs » australiens à qui l’on avait refusé l’accès à des alternatives « moins nocives ».
La décision finale devrait être rendue en août, et PMI s’est d’ores et déjà engagé à continuer les discussions à ce sujet.
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