Ainsi, une page se tourne : Alain Delon, dernier géant du cinéma français, s’en est allé. Immense acteur, star parmi les stars, c’était aussi un homme d’affaires avisé. Et il entretenait, avec le tabac, des liens pour le moins étranges…

Avé Delon

De « Quand la femme s’en mêle » d’Yves Allegret, son premier film, jusqu’à sa dernière apparition sur les écrans avec « Toute ressemblance… » de Michel Denisot en 2019 dans son propre rôle (non, « Astérix aux Jeux olympiques » n’a pas été son dernier rôle), Alain Delon s’est imposé comme un géant du cinéma, l’égal d’un Gabin qu’il admirait.

Et il était, comme Brigitte Bardot, une des rares stars françaises véritablement connues à l’international. Au Japon, son parfum est toujours dans le top 5 des ventes, et l’acteur est surnommé « samouraï du printemps ». Aux États-Unis, il est l’image de l’art de vivre à la française. En Chine, c’est une star, comme en Argentine. En Russie, c’est « l’image moderne d’Apollon »… Lors de la réalisation d’un documentaire, le photographe Baptiste Vignol s’est rendu compte avec surprise que l’acteur était connu dans le monde entier, atteignant un niveau de notoriété mondiale qui n’est égalé que par… Michael Jackson.

Jusqu’à Rocco Siffredi, acteur de films pour adultes, qui a choisi son pseudonyme en combinant les noms de deux personnages interprétés par l’acteur français.

Mais au-delà de ses rôles au cinéma, Alain Delon était aussi un homme d’affaires avisé. En 1978, il lance sa société Adid Alain Delon International Distribution. Principalement, il y commercialise des licences pour l’utilisation de son nom et son image, à travers des produits de luxe créés et fabriqués en collaboration avec de grands groupes du secteur. Des produits de luxe… Et du tabac.

Le cercle rouge

En 1992, une nouvelle marque de cigarettes apparaît au Cambodge, en Thaïlande, au Myanmar, au Laos et au Vietnam. D’abord fabriquée par la Seita, elle passe ensuite sous la coupe de British American Tobacco (BAT). Son nom ? Alain Delon.

Et si la Seita, puis Altadis, jouent sur le côté français, avec en guise de publicités des images de Paris, BAT s’en donnera à cœur joie en utilisant l’image de l’acteur. Avec sa bénédiction ? Tout à fait : l’avocat d’Alain Delon le confirmera lors d’un documentaire en 2013, qui révélera le pot aux roses en France.

BAT annoncera en 2018 avoir cessé de commercialiser la marque. Les raisons de cet arrêt n’ont jamais véritablement été précisées. Alain Delon lui-même, qui apparaissait quasiment toujours la cigarette à la bouche dans ses films, arrêtera de fumer en 1989.

Même les plus grands hommes font des erreurs : ainsi, Alain Delon aura bâti une (petite) partie de son immense fortune, estimée à 300 millions d’euros, grâce au tabac, et aura joué dans « Doucement les basses », considéré comme son pire film. Personne, même pas lui, n’est parfait.

Mieux vaut revoir ses films. L’auteur se permettra de vous conseiller « Le clan des Siciliens », où il partage l’affiche avec Lino Ventura et Jean Gabin, ou « Le cercle rouge » où le truand Delon est traqué par le flic Bourvil.

Annonce