L’OFT (Office français de prévention du tabagisme) a réuni 10 experts pour proposer une série de recommandations à l’intention des médecins qui souhaiteraient accompagner leurs patients dans une démarche de sevrage tabagique via l’utilisation du vaporisateur.
45 recommandations d’experts sur la cigarette électronique
Le président de l’OFT, Bertrand Dautzenberg, a souhaité que cette démarche soit accueillie par les professionnels de santé comme un premier moyen d’accorder leurs discours auprès des fumeurs intéressés par la cigarette électronique. Le professeur Dautzenberg, devenu monsieur vapote malgrès lui, souligne une fois de plus le potentiel de cette méthode de réduction des risques en rappelant que tout ce qui fait reculer le tabagisme “est bénéfique à la santé publique“.
En combinant les méthodes de sevrage thérapeutique traditionnelles avec ce nouveau dispositif, les experts espèrent pouvoir enfin fournir aux médecins des outils concrets pour maximiser les chances d’arrêt auprès de leurs patients, qu’ils soient fumeurs, vapoteurs en phase de double usage (tabac/ecig) ou vapoteurs exclusifs.
Sous la question “Adaptations de la prise en charge de l’arrêt du tabac avec l’arrivée de la cigarette électronique ?” cet avis d’experts aborde les questions essentielles de l’usage de cigarettes électroniques chez les fumeurs désireux d’entamer un sevrage tabagique avec l’aide de ce dispositif.
L’engouement des professionnels de santé pour l’ecig confirme une fois de plus la volonté du corps médical de maintenir son niveau d’expertise dans le sevrage tabagique, mais cet entrain ne semble pas balayer pour autant certains clichés. La crainte de passerelle vers le tabagisme chez les jeunes ainsi que le risque de normalisation du tabac justifient toujours selon ces professionnels l’interdiction de vente aux mineurs, le bannissement de toute publicité en faveur du produit ainsi que la possibilité de vapoter dans les lieux publics. Le document publié par l’OFT constitue donc à la fois un avis médical et politique.
On notera aujourd’hui la réaction de Jean-Yves Nau, journaliste et docteur en médecine, qui salue le “consensus sur la conduite que devraient dorénavant tenir les professionnels de santé vis-à-vis de la cigarette électronique” mais qui s’inquiète de voir que la Ministre Marisol Touraine continue “à ne pas percevoir la dimension révolutionnaire de l’affaire“.
Marisol Touraine proposera des mesures concrètes dans la prochaine loi de santé publique autour de l’été
Dans une parfaite synchronisation la Ministre de la Santé et des Affaires sociales a indiqué aujourd’hui dans une intervention sur BFM TV-RMC qu’elle était “favorable à ce que des mairies disent que telle plage est sans tabac, que tel jardin public est sans tabac et sans cigarette électronique” et qu’elle souhaitait également des campagnes un peu plus “trash” envers les jeunes pour les dissuader de ne pas fumer.
Concernant la cigarette électronique le discours n’a guère évolué depuis mai 2013 :
Ma position est assez simple : mieux vaut fumer une cigarette électronique que les autres, classiques. Si cela permet d’arrêter c’est quand même mieux et c’est probablement moins nocif. Mais ne pas fumer du tout, c’est mieux et je ne voudrais pas qu’avec la cigarette électronique, on redonne l’envie du geste et du goût du tabac […] Je suis favorable à ce qu’il y ait interdiction [de la cigarette électronique] dans un certain nombre de lieux publics, là où il y a beaucoup de monde, là où il y a des enfants, là où il y a des jeunes. -Marisol Touraine, BFM TV-RMC – 30 avril 2014