Les buralistes ont mis en ligne il y a quelques jours le site “buraliste de la vape”. L’intention affichée est d’informer tous les membres de la profession qui souhaiteraient se lancer dans cette activité. C’est véritablement un costume neuf pour les bureaux de tabac. Il n’y a pas trop de petites erreurs… Mais il y en a une très grosse.
C’est doux, c’est neuf ?
Les buralistes l’avaient dit, ils vont entrer dans la vape par la grande porte et s’efforcer, en tant qu’impétrants leaders du marché, de ne pas raconter n’importe quoi. Nous verrons un peu plus loin que, sur un point absolument crucial, c’est raté. Ou réussi, selon le point de vue.
Pour cela, le réseau s’est organisé, offrant des formations, des bulletins d’information, et, donc, ce site, “buraliste de la vape“, qui se veut être un pense-bête en ligne de tout ce qu’il faut savoir sur le sujet. Ils ont mis les moyens, et, d’emblée, ça se voit. Sobre, léger, le site est bien fait. Pas exubérant dans sa présentation, mais, c’est le plus important, facile à lire.
Depuis l’accueil, on peut accéder à diverses pages, qui proposent, tout d’abord, un argumentaire intitulé “pourquoi vendre de la vape”. Celui-ci est fermé, et réservé uniquement aux buralistes inscrits à la Maison des Buralistes.
Au pire, les plus curieux, dans la section “tutoriels vidéos” de “vos outils” accessibles à tous, trouveront un petit clip intitulé “pourquoi vendre de la vape” qui saura sans doute répondre à leurs questions.
Ca ne fait pas de bouloches
Honnêtement, nous avons cherché les failles, mais il n’y en a pas. Du moins pas d’énormes, sauf une, donc, mais il faut savoir ménager le suspense et attendre la fin d’article.
Tout est très basique : les différents types de vape sont expliqués, de la cigalike au mod box mécanique (oui), avec pour chacun une fiche technique téléchargeable. Même la sécurité est présente, discrète, mais présente, en prévenant que les accus mal utilisés, en mauvais état, en polarité inversée, dans un mod sans trous de dégazage, ça peut être dangereux.
Ne manque que l’avertissement sur le transport des accus, protégés, et ce serait parfait.
Clairement, les informations suffisent largement à renseigner le vapoteur débutant. Un expert, en revanche, n’aura aucune difficulté à prendre le buraliste en défaut sur des produits très techniques, mais il est peu probable que ces derniers s’aventurent sur du matériel de pointe.
Bon, si l’on veut se moquer un peu : dans la description technique de la vapoteuse, même si ce n’est pas totalement inexact, désigner l’électronique sous le nom de “microprocesseur”, c’est un tantinet exagéré. Bonk, tit-tin-tin-tin, Intel n’est pas inside, inutile de chercher.
Bref, on se croirait revenu sur des sites célèbres à leurs débuts. L’ensemble est pas mal, assez didactique, rappelant les basiques de la vape. Mais…
Ca gratte…
Ce qui gratte le plus, c’est qu’au beau milieu de cette débauche de vape, on trouve le tabac chauffé. Certes, expliqué avec ses spécificités, mais tout de même. Pour les buralistes, si ça contient de la nicotine et qu’on n’a pas besoin d’allumette ou de briquet pour s’en servir, alors, c’est de la vape.
C’est très dommageable, et cela peut entretenir la confusion. C’est sans doute, d’ailleurs, l’objectif de l’industrie du tabac, qui ne renoncera pas si facilement.
Attention, ce n’est que notre avis. Peut-être que des études sérieuses et indépendantes révéleront que le tabac chauffé est aussi peu dangereux que la vape, et nous seront les premiers à faire notre mea culpa. Mais, pour l’instant, au vu des premiers tests, ça semble assez mal parti.
Et là, ça pique !
Venons en maintenant à l’énorme boulette qui s’est glissée sur le site. Qui s’est glissée, ou qui a été glissée, d’ailleurs. Texto : “Un conseil : Ne jamais surdoser en nicotine. Il vaut mieux conseiller un taux plus bas que de surdoser. Le but premier étant de réduire la dépendance à la nicotine.”
Tenez, on vous a même fait une capture d’écran :
Si vous écoutez n’importe quel addictologue, tabacologue, médecin, qui s’y connaît un tout petit peu en matière de nicotine, il vous dira exactement le contraire. Plus précisément, il vous expliquera que l’idéal est de passer du temps avec son client pour déterminer le dosage qu’il lui faut, mais qu’il vaut mieux être un peu au dessus qu’un peu en dessous.
La priorité, ce n’est pas de réduire le dosage de nicotine. La priorité, c’est de faire en sorte que le fumeur lâche la cigarette, et ensuite, une fois cela fait, on peut commencer à penser à réduire la nicotine. Plusieurs semaines après, quand le sevrage aux nombreuses substances contenues dans la cigarette tabac est effectif.
Tout simplement parce qu’un fumeur qui passe à la vape, sous-dosé en nicotine, sera en manque. Si il est en manque, soit il continuera de fumer des cigarettes et deviendra “vapofumeur”, soit il conclura que la vape, ça marche pas et restera fumeur. Vapofumeur, ça peut sembler bien, mais en réalité, non : soit on est fumeur, soit on ne l’est pas. Ce n’est pas nous qui faisons de la quadracapilliculture, ce sont les vapofumeurs qui font de la luthomiction. Nous vous laissons traduire.
Alors, de deux choses l’une. Soit c’est une erreur, et dans ce cas, elle se corrige. Soit c’est intentionnel, et là, c’est plus dommageable, parce que l’intention, derrière, est de faire en sorte que les buralistes continuent à vendre du tabac. Là, par rapport au devoir de conseil et de loyauté vis à vis de son client, dont, il est toujours bon de le rappeler, c’est la vie qui est en jeu, c’est malhonnête.
Que les buralistes se mettent à la vape semble aujourd’hui inéluctable, il faut s’y résoudre. Une fois ceci acté, les vapoteurs militants, si ils veulent rester cohérents, doivent souhaiter que cela se fasse aussi bien que possible. Malheureusement, pour l’instant, si l’intention y est, avec de telles erreurs, on en est encore loin.