Une étude [1] réalisée par une filiale du cigarettier Imperial Tobacco, Fontem Ventures, qui commercialise notamment en France la cigarette électronique JAI, évalue le risque du vapotage passif pour l’entourage comme étant inférieur aux normes de sécurité actuellement en vigueur.
Evaluation de la qualité de l’air intérieur avant, pendant et après une utilisation d’e-cigarettes dans un espace réduit
Les substances chimiques en suspension dans l’air intérieur proviennent de sources très variées comme la combustion de carburants, la cuisson, les matériaux de construction et le mobilier, la fumée de tabac ambiante ainsi que diverses sources extérieures.
Pour comprendre la part des aérosols de cigarettes électroniques exhalés dans l’air ambiant par rapport aux substances chimiques en suspension dans l’air, une étude sur la qualité de l’air intérieur a été conduite pour mesurer les composés organiques volatils (dont la nicotine et les carbonylés de faible poids moléculaire), les hydrocarbures aromatiques polycycliques, les nitrosamines spécifiques du tabac et les traces de métaux dans l’air avant, pendant et après, l’utilisation d’e-cigarettes dans une petite salle de réunion classique.
Les taux furent comparés à des niveaux de sécurité définis pour protéger la santé de l’être humain, comme les directives sur la qualité de l’air intérieur ou les limites d’exposition sur les lieux de travail (si ces limites existent), afin de fournir un contexte sur une éventuelle exposition passive.
Peu de risque pour l’entourage
Dans cette étude, les données suggèrent que toute nouvelle substance chimique présente dans l’air intérieur et provenant d’aérosols d’e-cigarettes comporte peu de chance de poser un risque au niveau de la qualité de l’air pour les tiers par rapport aux normes réglementaires établies pour la qualité de l’air des lieux de travail ou la qualité de l’air intérieur en général.
Cette étude offre une évaluation de la qualité de l’air intérieur conduite par un laboratoire indépendant, accrédité par UKAS (l’accréditeur britannique), après l’utilisation d’une cigarette électronique jetable en condition réelle. Etant donné que cette expérimentation ne s’est pas répétée sur le long terme, les résultats ont été associés aux éventuelles directives sur la qualité de l’air intérieur.
Nos données indiquent que l’exposition des tiers aux substances chimiques contenus dans l’aérosol exhalé par un vapoteur, est inférieure aux normes réglementaires actuellement en vigueur et portant sur les lieux de travail ou sur la qualité de l’air intérieur en général.
Les résultats appuient les conclusions tirées par d’autres chercheurs qui ont affirmé qu’il n’existait aucun risque apparent pour les tiers liées aux aérosols exhalés par les utilisateurs d’e-cigarettes.
De nombreuses informations contradictoires et par moment confuses ont entouré les risques potentiels encourus par les tiers et par les non-utilisateurs de cigarettes électroniques liés aux aérosols exhalés par les vapoteurs.
Les perspectives réglementaires, du point de vue de la santé publique, restent troubles et il existe un besoin évident de nouvelles recherches pour soutenir le développement de normes appropriées sur ce produit et sur d’autres mesures réglementaires reposant sur la science.
(Traduit de l’anglais d’après les extraits de l’introduction et de la conclusion du document [1] publié sur le journal Int. J. Environ. Res. Public Health.)
Notre commentaire : Le sujet du vapotage passif est au coeur des débats réglementaires depuis des années car utilisé en partie pour justifier ou non des mesures de restriction d’usage dans les lieux publics.
Alors que les données s’accumulent les preuves semblent toujours manquer aux yeux du législateur. La présence éventuelle de nicotine dans l’air ambiant, même si jugée relative par certains, sert pour le moment d’argument principal, avec la crainte de re-normalisation de l’acte de fumer, pour l’élaboration de lois interdisant le vapotage dans les lieux à usage collectif.
Pour le moment l’industrie du tabac, de plus en plus présente sur le marché de l’e-cigarette, devance largement les industriels indépendants pour la réalisation d’études de toxicité. Un scénario qu’avait déjà envisagé Konstantinos Farsalinos en 2014 à Vapexpo.
Depuis Lorillard a notamment mené une expérience sur l’analyse de vapeur en notant une absence de toxines. Cet industriel avait également conclut à une réduction des risques significative pour le vapotage passif en comparaison au tabagisme passif. Mais ces études concernent très souvent des produits dont ils sont eux-mêmes les producteurs.
Les enjeux financiers étant importants, se pose naturellement la question de la confiance que l’on pourrait accorder à des études réalisées par des industriels directement concernés et dont le passé manipulateur est avéré. Certains experts comme Jean-François Etter estiment par exemple qu’une taxe sur les produits de la vape permettrait de financer des études gouvernementales.
[1] An Assessment of Indoor Air Quality before, during and after Unrestricted Use of E-Cigarettes in a Small Room – Grant O’Connell, Stéphane Colard, Xavier Cahours and John D. Pritchard – Int. J. Environ. Res. Public Health 2015, 12 (5), 4889-4907; doi:10.3390/ijerph120504889