Il faut se plier aux règles de sécurité et placer l’article du vendredi en intempéries. Ceci a des conséquences concrètes : si vous vous faites mal en le lisant, votre assurance vous fera payer une franchise. Bon, on vape quoi en cas de tempête ?
Vent et brouillard
Et bien, d’abord, mettons-nous d’accord sur ce qu’on appelle « tempête ». Oui, parce que la perception des tempêtes diffère selon l’endroit où vous vous trouvez. Par exemple, bon, une fois n’est pas coutume, je vais raconter ma vie.
(Comment ça « une fois n’est pas coutume » ? mais tu fais que ça, raconter ta vie dans les articles du vendredi ! Signé : la rédaction).
Montparnasse, morne plaine
J’étais donc à Paris, pour ceux qui connaissent pas c’est la capitale administrative de la France, pour y faire la promotion d’un livre, en compagnie d’un collègue autochtone. Dans la rue, je m’avisais que les locaux étaient fort chaudement vêtus, couverts de capuches et tenaient tous dans leur main un parapluie.
Moi je portais une veste et un tee-shirt, et le contraste m’étonnait. Je m’enquis donc auprès de mon camarade de ce qui se passait, et il rétorqua « Mais c’est à cause de la tempête ! ».
Je m’excusai platement, lui expliquai que je n’avais pas eu le temps de lire la presse, et lui demandai pour quand ladite tempête était prévue. Il me fixa alors avec des yeux exorbités et beugla à plein poumons « mais ça fait deux heures qu’elle est là ! ».
Tout se mis alors en place dans ma tête, comme dans un film de Shyamalan où Bruce Willis est mort à la fin : les autochtones calfeutrés, les parapluies fermés, les sacs de sable sur les quais de Seine, et surtout, l’odeur absente de gaz d’échappements, dissipés par… Par le vent, je suppose, appelons ça comme ça.
Le soir, rentré à l’hôtel, je tombais sur un exemplaire du Figaro qui indiquait, effectivement, qu’une tempête était prévue, avec des pointes de vent en rafale à 70 km/h.
Les portes de la perception
C’est une question de perception : je suis originaire de la côte nord du Finistère, et là-bas, 70 km/h, c’est une brise. En dessous de 45 km/h, on considère qu’il n’y a pas de vent, alors que, dans les mêmes conditions, j’ai déjà entendu des touristes dire « ça souffle ». Comment disent les jeunes, déjà ? Ah, oui : LOL.
Pourtant, à Paris, il y de de nombreux Bretons. Enfin, selon leurs propres dires. Il semblerait que ce soit un motif de fierté de prétendre avoir des ancêtres Trégorois ou Léonards, portant sabots et coiffes et dormant dans des lits clos avec la basse-cour, pour bien faire remarquer que l’on s’est drôlement élevé au-dessus de cette condition sociale.
Certains se disent Bretons juste parce que leur grand-mère s’est faite tripoter dans une grange à Pouldreuzic pendant une classe de mer. Alors que les vrais Bretons se cachent parfois là où on ne les attend pas. Stallone, par exemple.
Oui, oui, Silvester. John Rambo si vous préférez, ou Rocky Balboa. Il a des ancêtres à Brest. Sa mère, qui vient de nous quitter, faisait régulièrement des aller-retours dans la cité du Ponant pour y faire de la généalogie.
Le fléau de la contrefaçon
Il y a un moyen assez simple, à Paris, de distinguer les vrais et les faux Bretons : promenez-vous à Montparnasse quand il y a un avis de tempête : les crêperies qui restent ouvertes, ce sont des vrais Bretons, parce que, bon, les tempêtes à Paris… Ah, et les bars qui restent ouverts, ce sont les vrais Auvergnats, parce que danger ou pas, un sou est un sou.
Bref, où en étais-je, ah, oui, la tempête Alex. Donc : on vape quoi et avec quel set-up en admirant l’océan démonté par la tempête sur le front de mer ? Et bien, la réponse est simple : vous prenez votre mod le plus rare en bois stabilisé, celui que vous avez attendu trois ans sur liste d’attente et payé le prix d’un camping-car de luxe, dessus vous mettez votre atomiseur le plus précieux, et le plus fragile, celui avec un tank en cristal et dont vous pouvez rayer le polissage rien qu’en soufflant dessus, puis, pour compléter le tout, utilisez l’ensemble pour vaper votre liquide le plus fin et le plus subtil.
« Mais, ce n’est pas un peu fragile, pour aller vaper dans la tempête ? ».
Justement, c’est là où je voulais en venir : quand le vent souffle en rafale à 186 kilomètres par heure, on ne va pas vapoter au bord de la mer : on reste bien planqué chez soi. Compris ?
Cet article est dédié à tous les sauveteurs en mer qui risquent leur vie pour aller chercher les crétins incapables d’écouter les consignes.