Dans la vape, l’existence précède-t-elle l’essence ? Le moment est venu en effet de poser la question fatidique du libre-arbitre dans le vapotage, sujet que Jean-Paul Sartre lui-même n’avait pas abordé. Bon, il faut dire que Sartre, c’est surfait.

L’existentialisme est un humanisme

Beaucoup de gens pensent que Jean-Paul Sartre est l’inventeur du concept d’existentialisme. En fait, la paternité en revient à Schelling (1775 – 1854) et Kierkegaard (1813 – 1855), alors que ce brave Jean-Paul est né en 1905. Vous voyez déjà le problème.

Mais qu’est-ce que l’existentialisme, et il s’avère à ce stade qu’un rappel est nécessaire pour tous ceux qui dormaient en philo. L’existentialisme tel qu’il est enseigné dans les universités françaises est celui de Sartre, laïc, alors que la philosophie existentielle de Kierkegaard est ouvertement théologique. Il consiste à dire que l’existence précède l’essence.

Pour faire simple : l’existence, c’est quand vous naissez, et l’essence, c’est qui vous êtes. Et c’est la conduite de votre existence qui définit votre essence, et non pas la nature de votre essence qui conduit votre existence. En fait, pour Sartre, vous êtes tout l’inverse d’une bagnole : c’est vous qui décidez d’à peu près tout ce qui vous arrive et du carburant que vous allez utiliser.

Certes, vous objecterez que, si vous vous faites renverser par un bus en traversant la rue, vous n’êtes en rien responsable, puisque vous ne pouviez pas à la fois conduire le bus et traverser la rue. Pour Sartre, c’est quand même votre faute : c’est vous qui aviez décidé de traverser à ce moment-là. Ce qui ne prouve pas que Sartre avait raison, mais vos parents, si : ils vous ont bien appris à regarder à droite et à gauche avant de traverser, non ?

L’existentialisme est une fumisterie

Mais et la vape, là dedans ? Doucement, on est vendredi. Et bien, on pourra considérer que la vape est existentielle : c’est vous qui avez décidé de vapoter. Bravo Jean-Paul, un autre grand succès pour l’existentialisme.

Attendez… Vous avez décidé de vapoter pour quoi, au juste ? Pour arrêter de fumer. Et c’est vous aussi qui avez décidé de fumer, personne ne vous a collé un flingue sur la temps pour vous y obliger, si ? Le problème n’est pas là. Le problème, c’est qu’au moment de prendre la décision existentielle d’arrêter de fumer, vous n’avez pas pu. Parce que vous étiez dépendant.

Vous avez peut être pris la décision existentielle de demander de l’aide à la pharmacie, et vous avez échoué. Vous avez alors pris la décision existentielle d’arrêter de fumer à la volonté, et ça non plus, ça n’a pas marché. Vous avez ensuite pris par désespoir la décision de faire appel au surnaturel et à la magie, et vous avez foiré, ce qui était un peu prévisible.

C’est donc, toujours existentiel, mais bien déprimé, que vous êtes entré dans une boutique de vape. Mais, et c’est là que le bât blesse : si vous avez commencé le vapotage de façon consciente et réfléchie, existentielle, donc, c’est pour vous libérer du tabagisme, un facteur qui ne dépend pas de vous. C’était ça ou continuer à fumer.

Dès lors, à partir du moment où le choix n’est plus ouvert, mais réduit à une alternative, peut-on considérer que le choix est toujours une décision existentielle ? Sachant que l’objectif est d’atteindre une essence de non-fumeur en faisant la transition par une essence de vapoteur destinée à balayer votre essence de fumeur, essence à laquelle on peut même affirmer que l’industrie du tabac vous a préparé toute votre vie. C’est votre essence de fumeur qui vous a poussé vers l’existence de vapoteur. 

En un mot, la question peut se résumer à : si vous êtes devenus vapoteur pour ne plus être fumeur, peut-on affirmer que vous avez librement fait le choix de la vape ? Vous avez quatre heures.

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