Un récent sondage, réalisé par Harris Interactive pour la Fédération France Vapotage, posait la question aux fumeurs qui ne sont pas encore passés à la vape ce qui les retenait. Un questionnaire riche d’enseignements.

Merci pour votre question

Il faut reconnaître à la Fédération France Vapotage un certain talent pour poser les bonnes questions. Ceci, adossé au budget colossal de l’industrie du tabac qui la parraine, lui permet d’engager l’institut de sondage Harris Interactive pour réaliser des campagnes intéressantes.

Ces questions très générales et parfois plus spécifiques sont ensuite proposées dans un « baromètre ».

La dernière édition en date s’intéresse aux fumeurs qui ne vapent pas, et leur pose la question essentielle : pourquoi ? Qu’est-ce qui les empêche ou les retient de passer au vapotage ?

Le sondage a été réalisé sur un échantillon de 3002 personnes de 18 ans et plus, sur échantillon représentatif. Pour ce chapitre spécifique, les fumeurs pouvaient choisir plusieurs réponses et les classer par ordre de priorité.

Pourquoi ils ne vapent pas

La réponse arrivée en tête ne surprendra personne : 41 % des fumeurs ne veulent pas passer à la vape parce que le tabac leur plaît. Reste à savoir, sur ce nombre-là, combien aiment effectivement ce subtil goût de foin brûlé au coulis de goudron, et combien sont persuadés de l’aimer.

Un peu similaire, la sensation n’est pas la même pour 32 % des fumeurs. Ce qui est absolument exact. Là encore, on peut s’interroger sur le nombre de fumeurs qui trouvent vraiment satisfaction, physiquement, dans l’action de fumer, et combien s’autopersuadent par habitude.

Le grand classique : 36 % des fumeurs ont des doutes sur les effets du vapotage sur la santé. Toute ironie mise de côté sur les effets du tabac sur la santé, il faut reconnaître que ce chiffre est agréablement surprenant : 36 % des fumeurs seulement, contre 82 % de la population à différents niveaux selon le même baromètre, dont 59 % supposent une dangerosité importante à très importante à la vape.

De même, 30 % ont des doutes sur la sécurité ou la fiabilité des produits du vapotage. Manifestement, on peut y voir l’effet des campagnes de désinformation qui affirment, encore aujourd’hui, que on ne sait pas ce qu’il y a dedans.

21 % des fumeurs ont essayé cette solution, mais elle ne leur convenait pas. Le sujet qui fâche : sur quel matériel ? À quel taux de nicotine ? Ont-ils été bien conseillés ?

La désinformation de l’industrie du tabac a encore de beaux restes : 17 % des fumeurs considèrent qu’ils ne fument pas assez pour que cela justifie un passage à la vape. Le problème, c’est que le nombre de cigarettes fumées n’est pas le danger principal. Le danger principal est de fumer des cigarettes. Une étude démontrait que le delta entre un gros et un petit fumeur était moins important qu’entre un fumeur et un non-fumeur.

La cigarette électronique est trop chère pour 16 % des fumeurs. Ce qui peut semble illusoirement vrai si l’on se fonde sur un calcul à court terme, où entre en compte l’achat du kit.

Elle est trop compliquée pour 10 % des personnes. Il est encore vrai que pour un réfractaire à la technologie, cela peut sembler impressionnant, d’où l’intérêt pour les boutiques et les fabricants de proposer des kits simples d’emploi.

Enfin, 2 % des fumeurs interrogés ne savent pas où trouver du e-liquide et 1 % ne savent pas où acheter du matériel. Résultat qui peut sembler de prime abord surprenant, mais peut s’expliquer de plusieurs façons. Par exemple, des personnes vivant dans des secteurs isolés, dépourvus de boutiques de vape, qui préfèrent choisir leur matériel de visu que d’acheter sur internet.

Ce sondage s’avère instructif. Les fumeurs sont encore trop mal informés, même s’ils le sont globalement mieux que la majorité de la population. Il y a encore du chemin à faire pour convaincre la majorité, mais ça ne semble pas aussi inaccessible.

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