Smoke Corner propose aux magasins physiques d’intégrer sur leur façade un distributeur automatique de e-liquides et d’accessoires. De quoi faire pâlir l’OFT.

Du e-liquide 24h/24 et 7j/7

Exemple d'un distributeur Smoke Corner installé à l'extérieur d'un bureau de tabac

Exemple d’un distributeur Smoke Corner installé à l’extérieur d’un bureau de tabac

Essayons de traduire littéralement Smoke Corner : Le coin de la fumée ? Le coin où fumer ? Le magasin de la fumée ? … C’est en tous cas le nom que porte ce distributeur d’e-liquides et d’accessoires proposé par la société française BLEUTEC SYSTEM.

Pourquoi ne pas l’avoir appelé E-liquid Corner ? Ou Vape Corner ? Hein…Pourquoi donc ?

Sur la page d’accueil de leur site, on y découvre effectivement un distributeur automatique, type distributeur de billets ou de DVDs…mis en scène sur le mur d’un… roulements de tambours .. TABAC !

On ne s’étonne pas non plus, puisqu’il s’agit d’un distributeur automatique, des mentions 24h/24 et 7j/7.

Mais comment est-ce possible ? Comment les buralistes vont-ils gérer la vente d’e-liquides et d’accessoires auprès des moins de 18 ans ? Vont-ils se poster à l’entrée de leur tabac, 24h/24 et 7j/7 et réclamer la pièce d’identité des clients Smoke Corner ?

Des pros du distributeur automatique

La réponse à toutes ces questions est là : la société française BLEUTEC SYSTEM est pro… du distributeur automatique.

Le vapoteur choisit son e-liquide avant de régler par carte bleue

« Les distributeurs automatiques Smoke Corner sont les premiers automates de distribution de produits e-liquides pour e-cigarettes en Europe. Développés par une équipe de professionnels de la distribution automatique, les machines Smoke Corner sont conçues pour une utilisation permanente et une rentabilité maximale. »

Ne serait-ce pas là un bel exemple de dérive ? Le marché de l’ecig qui ne doit pas être loin d’une croissance de 200 % par an, favoriserait-il un empressement entrepreneurial maladroit ? Selon les propres termes de Bleutec System : des machines, distribution automatique, utilisation permanente, rentabilité maximale ! … Mais de quoi parle-t-on vraiment ? D’une méthode de réduction des risques pour le fumeur adulte ou de bonbons à la fraise ?

La plupart des entrepreneurs souhaitent conserver et pérenniser leur activité. Or on sait que les autorités regardent d’un très mauvais œil le commerce de la cigarette électronique. Qu’elle soit justifiée ou pas, cette réticence est simple à résumer : incitation ou banalisation du tabagisme, passerelle pour les jeunes, manque d’informations, publicité non responsable, sevrage tabagique non prouvé, etc.

Pourquoi alors se tirer une balle dans le pied en installant des machines qui utilisent des visuels évoquant le tabagisme et qui sont accessibles à tous sans aucun encadrement ?

Mais finalement pourquoi pas un distributeur d’e-liquides ?

L’idée en soi est intéressante. On pourrait imaginer le distributeur à l’intérieur d’une boutique spécialisée, à la vue du vendeur. Du point du vue du client, le distributeur est une solution alternative s’il sait ce qu’il veut et qu’il n’a pas besoin de conseils. Cela pourrait permettre de désengorger les éventuelles files d’attente devant le comptoir d’une boutique où le vapoteur averti se réapprovisionnerait en e-liquide sur la machine tandis que le vendeur s’occuperait de ses nouveaux clients réclamant conseils et explications.

Sur un marché qui suscite de vives réactions politiques, il me parait impératif d’agir de manière responsable et raisonnée. Si l’idée du distributeur d’e-liquides n’est pas à exclure à 100 %, présentée sous ce format elle risque fort de faire du tort à la profession et aux consommateurs.

Dans tous les cas, et cela n’engage que moi, je n’y crois pas.

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