Terroir & Vapeur : plus qu’un nom, un programme pour l’entreprise d’Estillac, près d’Agen. Ses fondateurs sont partis d’une idée simple : la science pour se rapprocher de la nature. Et avec l’acquisition de BordO2, la société affirme de nouvelles ambitions.

La vape au labo

Dès 2015, Terroir & Vapeur s’apprêtait à se lancer.

L’histoire de Terroir & Vapeur, TeVap pour ses amis, commence, comme bon nombre d’histoires de la vape, par un fumeur. Et celui-ci travaille dans un laboratoire : Jean-Michel Guibert. “Je suis biochimiste. En 2013, on a vu le marché de la vape arriver, et comme j’étais fumeur, je me suis dit que c’était une belle opportunité d’arrêter. Avec Pierre Offant, qui dirigeait un laboratoire d’analyses agroalimentaires, nous en avons parlé, et nous avons commencé à chercher des moyens d’extraire des fractions aromatiques.”

Les deux hommes deviennent alors associés dans ce qui va devenir TeVap. “À Agen, il y a l’Agropole, un pôle alimentaire national. C’est une grosse zone qui fourmille d’entreprises agroalimentaires. Nous avions littéralement sous la main de quoi faire des produits à base de plantes. En 2015, nous étions prêts.”

L’entreprise commence doucement, avec seulement deux produits. “Le premier magasin à nous avoir suivis est le Vapor Home à Agen, se rappelle Jean-Michel Guibert. Puis le bouche-à-oreille a joué, nos liquides se sont diffusés dans le Lot-et-Garonne, puis en Aquitaine, puis dans la France entière.”

Puis, l’équipe s’étoffe peu à peu. “Nous ont rejoints Marie, notre directrice technique, puis Arsène Bascop, devenu mon bras droit, Margaux sur les pôles marketing et communication, Christelle, directrice de production. L’équipe compte Simon, docteur en biochimie, et un chercheur.”

Jean-Michel Guibert (à gauche), président de TeVap, et Arsène Bascop, son bras droit

Lentement, mais sûrement

La gamme s’étoffe, elle aussi, petit à petit. “Les recherches d’extractions étant chronophages, nous ne faisons un produit que lorsque nous maîtrisons l’extraction, souligne le président de TeVap. Toute notre gamme est à base d’extraction de plantes.”

Une méthode de travail singulière, efficace, mais exigeante. “Je ne vais pas dire, par exemple, tiens, on va faire un produit à la poire. Nous faisons nos produits à l’aide de ce que nous avons appris à extraire, et une partie importante de notre travail consiste à développer des processus d’extraction pour les fruits, les plantes, les légumes même, qui peuvent ajouter des touches aromatiques intéressantes. Au début, nous étions concentrés uniquement sur les tabacs, mais nous nous sommes ouverts à toutes les possibilités.”

Une fois la fraction aromatique extraite, ce n’est pas fini. Au travers de leurs procédés exclusifs, ils purifient. “On mélange, on fait des tests, des essais, jusqu’à arriver à des mélanges souvent complexes. Les temps de step, surtout pour les produits à base de plantes, sont très longs et absolument primordiaux, ce qui fait que cette phase est très longue. D’où notre productivité en termes de nouveaux produits très basse”, explique l’Estillacais.

Les macérats permettent d’obtenir des saveurs plus profondes.

Mais le jeu en vaut la chandelle : “La spécificité de nos liquides, ce sont des saveurs beaucoup plus profondes et plus vastes. Travailler sur des extractions aromatiques assure des sensations bien plus naturelles qu’avec des arômes de synthèse.”

Terroir & Vapeur assume son identité dans son attitude : “Nous travaillons exclusivement français, et de préférence local, en circuit court pour une maîtrise totale de la filière. Je connais personnellement tous nos fournisseurs. Notre valeur forte se renforce par notre proximité et notre capacité à faire vivre le tissu économique local”, souligne Jean-Michel Guibert.

Le rachat de BordO2

L’annonce du rachat de BordO2 par TeVap a pris un peu tout le monde par surprise, et pourtant, ça n’aurait pas dû en être une. “Il y a trois ans, Olivier Médina est venu nous rencontrer, détaille Jean-Michel Guibert. Il souhaitait sous-traiter sa fabrication. Nous avons donc pris en charge la fabrication de ses liquides.”

Mais BordO2 n’est, alors, pas au meilleur de sa forme. “On a senti que ça n’allait pas fort, jusqu’au moment où Olivier nous a annoncé qu’il songeait à déposer le bilan. Nous avons donc proposé de racheter la marque BordO2. Nous fabriquions déjà les produits, nous les avons retravaillés et reformulés.”

Avant même le rachat, les entreprises se connaissaient déjà bien.

À quoi ressemble BordO2 à l’ère TeVap ? “Nous continuons cette gamme, dans l’esprit BordO2. Avec pour premier objectif de regagner la confiance. Les derniers temps, il y avait des problèmes de livraisons. Notre première tâche a été de rationaliser la production afin de redonner confiance aux acheteurs.”

D’ailleurs, BordO2 présentera bientôt des nouveautés. “Il faudra passer les tester au Vapexpo, où nous les dévoilerons.” L’invitation est lancée, et la curiosité est forte.

“La gamme BordO2 est beaucoup plus classique dans son approche de la vape que TeVap, en y ajoutant une fantaisie qui lui permet de se démarquer, explique Jean-Michel Guibert. Nous avons respecté cet esprit, et le client ne sera pas désarçonné, il retrouvera les liquides et cette patte qu’il apprécie. Au niveau des arômes, notre aspect scientifique apporte quelque chose, du fait que nous travaillons avec beaucoup d’aromaticiens.”

La coexistence des deux marques se fait en toute harmonie.

Mais comment les deux sociétés vont-elles cohabiter ? Au sein d’un catalogue commun, ou chacun avec son identité propre ? Arsène Bascop prend la main sur cette question : “Avec BordO2, nous n’avions pas de crainte d’avoir une marque risquant de cannibaliser l’autre, ou d’avoir des problématiques d’autoconcurrence.”

“TeVap est spécialisé en macérats de tabac et produits issus de plantes, avec une gamme largement orientée primo, là où BordO2 va garder une distance, poursuit-il. Nous allons conserver deux marques différentes avec deux identités différentes, parce que ce sont deux clientèles différentes. On n’aura jamais de liquide BordO2 et TeVap ensemble. Mais BordO2 nous permet d’étendre la gamme avec les gourmands, ce qui était impossible avec TeVap.”

Mais la rigueur est la même, “C’est la même qualité, le même contrôle et le même cadre de production pour les deux marques. Avec la gestion de stock et la rapidité de production qui vont avec”, conclut-il.

Les succès de TeVap

Le classic, la signature de TeVap.

Terroir & Vapeur s’est fait remarquer pour ses liquides classics. “Notre Blond de Garonne est le best-seller, détaille Jean-Michel Guibert. Il est suivi de la Fleur de Blond, qui est plus léger. Et à l’autre bout du spectre aromatique, nous avons La Belle Brune, qui est un tabac brun corsé.”

Et l’arrivée des fruités a été conditionnée par… les volumes de bouteilles. “Nous avions énormément de demandes pour les 50 ml, se rappelle Jean-Michel Guibert. Mais il y avait un blocage avec le tabac, nous ne souhaitions pas le faire, parce qu’avec le procédé d’extraction, il y avait forcément un peu de nicotine dans le liquide. Il y a des gens qui ne peuvent pas ou ne souhaitent pas vapoter de la nicotine, et on le stipule pour respecter leur souhait et notre politique de transparence. Les fruités nous ont permis de proposer des 50 ml sans nicotine.”

La gamme Terroir&Vapeur est certifiée Afnor. “C’était important pour nous, explique Jean-Michel Guibert, de certifier nos produits. Pour l’instant, nous n’envisageons pas de le faire pour BordO2, on verra dans le futur.”

Et le futur, justement, c’est le Vapexpo, avec la présentation des nouveautés BordO2. Et, dans le laboratoire TeVap, toujours, se poursuit la recherche de nouvelles saveurs à marier.

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