A l’occasion d’une journée de débats sur la cigarette électronique (« Tabac, une révolution est en marche » [1]) organisée aujourd’hui à Paris par le Réseau des établissements de santé pour la prévention des addictions (Respadd*), sa présidente Anne Borgne, chef du service d’addictologie du groupe hospitalier des hôpitaux universitaires de la Seine Saint Denis, a répondu aux questions de ma-cigarette.fr
Ma-cigarette – Pourquoi le Respadd a-t-il décidé de consacrer cette journée à la cigarette électronique ?
Anne Borgne – Cette journée est un événement rituel, organisé chaque année par le Respadd en marge de la journée mondiale de lutte contre le tabac. D’habitude, le sujet abordé s’inspire de la thématique retenue par l’Organisation mondiale de la santé pour cette journée. Cette année, nous avons dérogé à la règle tant il nous a semblé évident qu’il fallait traiter du sujet de la cigarette électronique.
AB – La cigarette électronique a bouleversé le comportement des fumeurs et pour la première fois, on voit la consommation de tabac diminuer de façon significative et durable. Selon l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies, les ventes de cigarettes ont reculé de 7,9 % en mars 2014 par rapport à mars 2013.
On n’a jamais vu ça. C’est en effet d’une révolution qu’il s’agit.
Il en va de même pour Les ventes de traitements de sevrage tabagique qui ont chuté de plus de 40% sur la même période. On n’a jamais vu ça. C’est en effet d’une révolution qu’il s’agit. Ce mouvement est d’autant plus inédit qu’il a été initié par les fumeurs qui se sont eux-mêmes emparés de ce nouvel outil bien avant que les professionnels de santé mesurent l’intérêt qu’il présente.
AB – Oui. Les professionnels de santé ont considérablement modifié leurs discours au fil du temps. Moi la première. D’une position très prudente lorsque la cigarette électronique a fait son apparition sur le marché, les professionnels de santé – nombre d’entre eux en tout cas – ont adopté une position beaucoup plus volontariste tant ils ont pu observer dans leurs pratiques à quel point elle constitue un outil très puissant de réduction du risque. Certains confrères préfèrent toutefois rester dans le registre de l’hyper-prudence et continuent d’afficher leur scepticisme.
AB – Cette journée doit permettre aux différents acteurs de la prise en charge du sevrage tabagique (médecins, équipes soignantes, infirmières, etc.) de débattre ensemble et de faire le point sur l’état des connaissances en matière de vapotage. Parmi les intervenants, on compte aussi un représentant des usagers. Ces derniers seront par ailleurs présents dans l’assistance et pourront intervenir dans les échanges. Il est important que le corps médical puisse entendre leur voix.
* Le Respadd est une association à but non lucratif constituée par près de 850 établissements de santé engagés dans la prévention et la prise en charge des addictions, que ce soit des actions à destination des patients, des professionnels ou de la population générale et soucieux de garantir une prise en charge de qualité pour chaque patient.