La fondation du célèbre milliardaire anti-vape aurait versé de l’argent à la FDA des Philippines, en l’échange de la promulgation de certaines lois contre la cigarette électronique.

Des politiques publiques pour défendre des intérêts privés ?

Le lobbying fait partie du quotidien. Procédé consistant à promouvoir et défendre des intérêts publics ou privés, il peut être aussi positif que négatif, selon les intérêts défendus. Dans le monde du tabagisme, il n’est par exemple pas rare de voir certains fabricants de cigarettes tenter « d’acheter » divers hommes politiques, afin de voir la promulgation de lois qui n’entraveront pas, ou le moins possible, leurs activités commerciales. Aujourd’hui, l’une des actions entreprises par la Bloomberg Philanthropies, fondation dont le but est de réduire l’utilisation des produits du tabac dans le monde, pose problème aux Philippines. Celle-ci aurait en effet versé de l’argent à la Food and Drug Administration (FDA) locale, ce que Scott Ballin, qui a précédemment travaillé sur la réglementation du tabac de la FDA américaine, a décrit comme « troublant ».

De son côté, le Dr Joel Nitzkin, médecin américain ayant également reçu une formation en administration publique, appelle également à « faire la lumière » sur cette affaire, démarrée en décembre 2020 par deux représentants philippins. Selon eux, la réception de fonds privés par la FDA est « douteuse ». Pour eux, cette action a été entreprise « en échange de l’émission de politiques spécifiques et prédéfinies contre une industrie légitime en vertu des lois philippines et au mépris total des droits et du bien-être des consommateurs ».

« Nous avons besoin de savoir combien d’argent a été donné, à la fois en dollars et en pourcentage du budget de la FDA. En outre, nous devons obtenir des informations sur l’objectif de ce don, tant du point de vue du donateur que du bénéficiaire. Si cela est aussi illicite que cela semble l’être, la prochaine étape serait de contester cela devant les tribunaux philippins, et éventuellement devant les tribunaux américains », rétorque Joel Nitzkin.

Pour Scott Ballin, ce versement représente une « véritable préoccupation » puisque l’obligation pour un organisme de réglementation est de suivre des lignes directrices pour garantir que les décisions politiques sont prises « sur la base de données scientifiques solides et dans le cadre d’un processus réglementaire transparent ». Il ne manque également pas l’occasion de rappeler que si l’industrie du tabac avait agi de la sorte, « il y aurait eu l’indignation des organismes de santé publique ».

L’enquête est en cours.

 

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